ORDRE DE SUCCESSION AU TRÔNE DE KOUANDÉ : Moussa Wari apporte sa part de vérité

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Suite à notre manchette du jeudi 7 juillet 2022 portant sur la royauté à Kouandé notamment l’ordre de sucession et les lignées en compétion, des voix s’élèvent pour apporter leur part de vérité sur l’ordre établi depuis des décennies et ayant conduit à l’intronisation des différents rois qui se sont succédé au trône. C’est le cas de Moussa Wari natif de Kouandé qui a apporté un droit de réponse à notre article. Lisez plutôt.

Samira ZAKARI

Halte à la manipulation de l’opinion sur le processus d’intronisation du nouveau roi Bagana

Nulle prétention de répondre aux multiples déclarations qui jalonnent les réseaux sociaux pensant tromper l’opinion publique (surtout celle de la diaspora de Kouandé) ; car la population résidente, elle ne s’en émeut pas, connaissant bien la vérité des faits. Mais s’il y a lieu de rompre le silence, c’est pour satisfaire un besoin exprimé par plusieurs anonymes qui se disent perdus par ce qu’ils entendent et lisent à travers les réseaux sociaux et la presse, et qui semble être un seul son de cloche. Alors, c’est un témoignage, et il doit s’énoncer sincère et véridique. Dans cette épreuve, indulgence sur quelques digressions utiles pour une meilleure compréhension des faits.

En effet, l’histoire des successions au trône chez les peuples africains est parsemée de luttes généralement féroces. Sachant bien la nature frondeuse du Wasangari à la recherche du pouvoir, il n’est pas étonnant d’enregistrer les déclarations tendancieuses de la part des acteurs concernés. Nous comprenons et nous tolérons leurs motivations politiciennes

Néanmoins, il faut regretter les allégations contestables de la famille FICO, car l’expression d’une idéologie propagandiste est certes commode pour des aires médiatiques et des réseaux sociaux dans la quête effrénée du pouvoir, mais elles se révèlent durablement contre-productives pour la réputation dans un contexte d’application des pratiques coutumières qui ont leurs principes et spécificités. Pour l’essentiel, les propos lâchés ici et là confortent un état d’esprit habillé par une intention de toujours considérer qu’en dehors d’eux, plus personne n’a droit. Et, leur mode opératoire trahit leur volonté de dissimuler des tares comportementales depuis la pénétration coloniale. Pour mener de front ce point de notre réflexion, il est rappelé ici au témoignage quelques “cas symboliques”. En effet, à l’occasion de la dernière succession au trône de Bagana en 2005, c’était encore eux les descendants de la lignée de Souanrou qui se disaient ayant droit, au mépris de l’ordre de succession des quatre prétendues dynasties qu’ils brandissent aujourd’hui à tort et dont aucun des dignitaires n’avoue avoir ni su, ni participé aux décisions y afférentes. Si ces quatre lignées étaient autant tangibles, on peut alors se poser la question suivante : qu’est-ce qui était la base des troubles à l’ordre public qui ont occasionné l’arrestation du dernier Roi défunt Bagana SOROU II ? Si l’on reconnaissait que le tour passé était celui des Ouorou Ouari, pourquoi il y a eu des FICO qui n’ont pas reconnu son intronisation et se sont même abstenus de lui faire allégeance jusqu’à sa mort ? Il convient ici de s’interroger sur les motivations de la déclaration du secrétaire du défunt Roi SOROU II, et non du secrétaire à la cour citée par le quotidien Daabaaru, car s’il en était un, il devrait porter les gants et avoir de la retenue sur cette problématique si complexe. Pour information aux auteurs de la délimitation arbitraire des prétendues lignées pour la succession au trône de Bagana, ils doivent intégrer désormais, la lignée de BAAKA (fils de Bagana WONKOUROU, et tuteur de Bagana Orou Fico, avant son envoi aux mains des colons pour l’école), reconnue par son grand frère dont il fut proche bras doit, le feu Bagana SOUANROU, illustre grand guerrier ; contrairement aux autres jeunes frères qui étaient en rébellion contre ce dernier au moment de son règne. Et c’est au nom de cette fidélité de BAAKA à son grand frère feu Bagana SOUANROU qu’il a été le seul à l’avoir accompagné lors de son “périple” jusqu’à Porto-Novo, à la rencontre du gouverneur. Cette reconnaissance de Bagana SOUANROU envers son jeune frère BAAKA, avait été notifiée au Gouverneur d’alors qui avait même diligenté une mission d’intronisation de BAAKA, à l’occasion de la vacance de trône qui s’en était suivi ; mais, à l’époque, ce dernier était alors indisposé et n’a pu répondre présent jusqu’à sa mort quelques années plus tard. Depuis lors sa flamme est restée vivante, puisque, un de ses fils, le plus célèbre d’entre eux, feu BAAKA Séro Tassou va assurer le relais, en postulant à chaque vacance de trône (entre temps relayé 2005 par BAAKA Idrissou KINISSI YEROUMA). Mais, les circonstances avaient souvent joué contre l’accession au trône sous prétexte que son père n’a pas régné. Mais aujourd’hui, les prétextes du genre sont tombés à l’eau à l’aune de l’accession au trône du dernier roi, feu Bagana SOROU II (non issu d’un père Bagana pour être plus simple) au nom de la branche ainée. Ce précédent vient ainsi de rebattre les cartes, en remettant d’office en jeu la famille de BAAKA qui était jusqu’ici en attente conformément aux recommandations du feu Bagana SOUANROU. Etant donné que le tour revient à la branche cadette à laquelle appartient BAAKA, car fils de Bagana WONKOUROU, c’est alors de fait, l’occasion de rétablir les choses au nom du bon sens et surtout de la justice sociale. Car les trois autres familles descendantes de WONKOUROU avaient eu à prendre deux tours chacune.

La population de Kouandé a encore en mémoire cette histoire créée de toutes pièces sur la succession des reines-mères Yonkogui, à l’image des 4 prétendues lignées, où, on avait trouvé que le Bagana Orou Sourou n’avait pas droit d’introniser sa sœur Gariya, et alors, on a vu la famille dont on prophétise allègrement le tour, qui avait unilatéralement décidé, en 1996, de mettre fin aux fonctions de la reine-mère « Yonkogui Gariya» intronisée par le roi Bagana OROU SOUROU II comme il est de coutume, en la remplaçant par la grande sœur du candidat actuel au trône de la famille nommée, contre toutes les règles traditionnelles, sous un prétexte infondé qui va d’ailleurs les rattraper en 2005 dans l’événement successoral ci-dessus mentionné. Ils sont même allés plus loin en demandant désespérément à leur sœur défunte Gnonkogui Souanrou (dont l’enterrement fut, ce que tout le monde connaît à Kouandé) de se démettre de son trône afin qu’ils puissent briguer le trône de Bagana coûte que coûte, car conscients des précédents qu’allait créer l’accession au trône de Bagana SOROU II.

En se penchant sur ces faits, il y a lieu de se demander si cette famille n’agit pas simplement sous les ordres d’une conscience récidiviste. D’autant plus que les deux souverains dont est issue leur lignée, et qui ont régné au trône de Bagana (à savoir Bagana SOUANROU (sauf son respect, car un digne et grand guerrier) et son fils Bagana OROU FICO (malgré que ses oncles et frère ainés soient et qui, à ce sujet, avaient dû être incarcérés pour protestation), ont été toujours, une imposition du colonisateur, transgressant les règles de succession traditionnelles.

Si la preuve d’intangibilité des 4 lignées était si immuable, qu’est-ce qui explique cette attitude solitaire et outrageante manifestée plus tôt, le dimanche 05 juin 2022 au lendemain de la séance de travail tenue à la mairie entre les membres du collège électoral et le maire de Kouandé fixant la date du 16 et les conditions de tenue de la séance d’intronisation dans la paix ? Tout le peuple de Kouandé, à son grand regret, le Fô-Sounon, sans avertir les 4 autres membres du collège électoral, a transgressé les principes retenus ensemble avec l’autorité communale, en tentant de forcer, en catimini, l’intronisation du prétendant au trône au nom de la famille dont on proclame le tour aujourd’hui.

Mais, au regard de cet agissement, la déception du peuple de Kouandé est grande mais la surprise est moindre car les acteurs en question sont coutumiers des faits.

Le souci majeur est qu’on laisse les sages du collège électoral faire leur travail, dans le respect des principes traditionnels jusqu’à la fin du processus. Il leur revient en toute exemplarité, après avoir écouté les différents prétendants, avant de désigner la personne concernée, de procéder à une enquête de moralité en bonne et due forme. Et ce, dans un souci d’éviter que soit intronisée une personne qui, malgré son appartenance à la classe des princes pouvant prétendre au trône du Bagana, par exemple, soit coupable d’actes délictuels commis antérieurement. Car, il s’agit d’une question de moralité et de référence liée à l’éthique qui fonde la tradition.

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