ORGANISATION DES FUNERAILLES AU BENIN : De la célébration du cadavre à ruine

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ORGANISATION DES FUNERAILLES AU BENIN
De la célébration du cadavre à ruine

Au Bénin, notamment chez les peuples de la partie méridionale et centrale du pays, le décès d’un proche retient assez d’attention. Pour les funérailles d’un parent, on secoue monts et vallées pour honorer la mémoire de ce dernier. Cette situation qui date des lustres n’est pas sans impacts socio-économiques sur les peuples qui s’y adonnent. Ces impacts en grande partie sont néfastes à plusieurs égards.

Édouard ADODE (Stg)

Tous les week-ends, un tour dans les villages et villes du Sud et du Centre Bénin, et on se rend compte combien les défunts rassemblent du monde dans un faste inédit. Dans ces régions du pays, il ne passe un seul week-end où on n’assiste pas à des réjouissances autour d’un mort. Surtout lorsqu’il s’agit du décès d’une personne d’un certain âge. Des funérailles pompeuses sont organisées pour rendre un dernier hommage au défunt avant de le conduire dans sa dernière demeure. Ainsi, les filles et fils du défunt se plient en quatre pour sacrifier à cette tradition qui subsiste malgré la morosité économique. On s’endette, on emprunte, on loue pour juste paraître. Pire, si le défunt est le parent d’un homme politique ou d’un homme d’affaire. Dans ce cas, on assiste à des jours voire des semaines de réjouissances. La famille éplorée donne à manger et à boire à des multitudes de personnes notamment des amis et des sympathisants. Le paradoxe dans ces funérailles, est que dans plusieurs de ces cas souvent ces défunts manquent de tout pour se soigner dans leurs dernières maladies. Pire, certains ne trouvent même pas à manger ou vivent dans des maisons délabrées avant leurs morts. Cependant, à leurs décès, on sort la grande artillerie pour honorer la mémoire des défunts.

Des moments de bonnes affaires et de ruines

L’impact de ces funérailles sur l’économie n’est plus à démontrer. La prolifération des morgues dans la partie méridionale du Bénin montre combien de fois cette activité est florissante. La durée du corps à la morgue est désormais considérée comme une démonstration de force. Plus on maintient la dépouille à la morgue, plus on est célèbre. Or le séjour du corps dans ces établissements produit une incidence financière sur la famille. « Nous avons payé 340.000f pour la morgue lors du décès de mon père. Le corps a fait 11 mois à la morgue», affirme Félicien Djègo un cotonois. D’autres familles prolongent ce séjour sur des années.
Après cette étape, les artisans du bois et de vitre sont fortement sollicités. On commende des cercueils les plus ordinaires aux plus complexes toujours pour montrer combien la famille aime le défunt. Le coût d’un cercueil peut varier entre 30.000f et un demi-million selon la matière et les enjoliveurs qui ont été utilisés pour sa réalisation. La pompe funèbre a également son coût selon la classe. Le comble se situe au niveau des dépenses des différentes uniformes qu’on choisit pour ces occasions. On prépare de multiples mets pour restaurer les invités. C’est à de véritables fêtes foraines qu’on assiste. Ces parties de fêtes sont des occasions par lesquelles les artistes tirent énormément de profits. Les parents de défunts n’hésitent pas à inviter des artistes pour égayer les invités. Bien que certains des invités apportent de l’argent aux éplorés, les funérailles au Bénin constituent de véritables moments de gaspillages.
En ces instants une totale confusion s’installe dans la cité. On n’arrive plus à distinguer le riche du pauvre. Tout le monde s’efforce pour paraître. Ces moments de deuil au Bénin loin d’être des moments de tristesse, se présentent comme des moments d’euphorie où on se livre à toutes sortes d’excès.
L’intervention de l’Etat pour réguler cette situation est souhaitée. Car plusieurs personnes se ruinent rien que pour honorer la mémoire d’un parent. C’est aussi une cause de bradage des terres ou d’autres biens.

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