PORT DE SANDALETTES : Une habitude vestimentaire en voie de disparition

6 ans ago | Written by
15 864 vues
0 0

PORT DE SANDALETTES
Une habitude vestimentaire en voie de disparition

L’être humain doit se vêtir, se nourrir, s’instruire, se soigner. Le besoin d’habillement inclue également celui de se chausser. A ce propos, il existe maintes gammes de différentes chaussures au choix et au goût de chaque personne. Ainsi, à une période donnée les sandalettes étaient en vogue au Bénin. C’était à une époque où la tendance était autour du port des sandalettes sur toute tenue surtout dans le rang des jeunes. Ce temps où les jeunes prenaient tous leurs temps pour laver ces sandalettes à semelle blanche et aux cordes bleues, est aujourd’hui révolu. La civilisation et la modernisation ont eu raison de cette habitude du port des sandalettes.

Maroufatou Oladjidé KAKPO

Communément appelées “djimankplon”, ” manpo”, “awobesansan”, toute personne s’offrait les moyens de l’avoir. C’était la mode à cette époque où pour une sortie quelconque “être bien habillé” n’était pas possible sans leur port. Une époque où avant de se laver soi-même on prend plus de dix minutes pour les laver car le propriétaire peut ne pas se laver mais elles doivent être propres elles. Les sandalettes puisque c’est d’elles qu’il s’agit, étaient incontournables au début des années 2000. A l’entrée de toute maison on pouvait les remarquer de différentes couleurs bien alignées et propres. Cependant avec la modernisation tout a changé, les habitudes ne sont plus les mêmes.

Trésor d’hier, futilité d’aujourd’hui

Aujourd’hui, rare est-il de trouver des béninois portés les sandalettes pire pour sortir, à la rigueur la majorité les portent pour les toilettes. Pour diverses raisons, les sandalettes sortent de plus en plus des habitudes vestimentaires des béninois. « En notre temps, tu n’es pas à la mode quand tu n’as pas ces chaussures. Tu laves ça bien propre pour ta sortie et c’est ça la mode. C’était une fierté de porter ça », affirme Alao Sophianou vendeur de sandalettes au marché Arzèkè de Parakou. « Bon aujourd’hui tout a changé, il y a d’autres chaussures bien jolies qui les ont remplacées et que les gens préfèrent plus que les sandalettes et nous on ne vend plus», ajoute-t-il. « Moi je ne porte les sandalettes que pour la douche, ce n’est plus à la mode. Il y a d’autres chaussures plus jolies et adéquates», renchérit Alexendrine Bako élève en Tle. « Ce n’est pas que c’est cher mais ça ne me plaît pas », dixit Raniath Odoukoi.

Le chiffre d’affaires des vendeurs de sandalettes à la baisse

Depuis lors que la modernisation bat son plein, les vendeurs de sandalettes autrefois qui réalisaient d’importants chiffres d’affaires, aujourd’hui ont du mal à joindre les deux bouts pour ce qui continuent toujours d’en vendre. « Avant les sandalettes étaient trop consommées mais ce n’est plus le cas, et nous qui vivions de ça on est obligé de faire autre chose pour combiner», se plaint dame Affissatou du marché Arzèkè de Parakou. A en croire leurs dires, le port des sandalettes a complètement diminué de nos jours. Cependant, il est à reconnaître que dans certaines localités, les populations sont toujours restées accrochées à leur pratique du port des sandalettes. « Par exemple dans les petits villages reculés les gens continuent de porter ça, donc c’est là on va souvent vendre, comme Sonmori, Boko, Tchatchou, Gah-Baka, Tokosari…», affirme Alao Sophianou. Seuls dans les coins reculés ces vendeurs arrivent à réaliser un chiffre d’affaire acceptable à défaut d’exercer une autre activité.

Evolution des sandalettes

De 125 f dans les années 90, à 300 dans les années 2000, le prix des sandalettes varie aujourd’hui entre 400 f et 500 f. Cependant, ce n’est pas seulement le prix des sandalettes que la modernisation a influencé, même les types, formes et modèles ont connu d’évolution. Vu que son utilisation est en disparition, certains jeunes redonnent vie aux sandalettes en améliorant la conception de ces dernières. Désormais les sandalettes sont autrement rhabillées au truchement de certains artisans locaux. Car, l’apparence n’est plus la même qu’autrefois. Ces jeunes artisans à l’aide des perles et autres refont des sandalettes adaptées à la mode dont le prix varie entre 1000f et 2.500f. « Ces sandalettes sont plus esthétiques, je les préfère car tu peux sortir avec sans problème et même pour des occasions exceptionnelles », a laissé entendre Sidonie A. étudiante à l’Université de Parakou. Pour Adélaïde, « c’est des sandalettes modernisées et c’est normal, il faut évoluer avec son temps». Comme le remarque Abdoul Chabi Rachoud enseignant, la modernisation a influencé tout, y compris les habitudes vestimentaires des béninois. Ce n’est pas mal en ce sens que les choses évoluent et il faut s’y faire, il faut s’y adapter. En ce sens, cette brillante idée qu’ont eue ces jeunes de redonner vie au port des sandalettes est à encourager.
Voici une mutation au sein de la société qui montre combien les béninois sont en plein pied dans la globalisation qui fait asseoir d’autres comportements dans les habitudes. La touche béninoise reste donc à valoriser.

Article Categories:
Société

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Daabaaru