Le Bénin dispose désormais d’une application mobile pour l’amélioration de la gestion des données communautaires. Il s’agit de l’application Alafiacomm qui a été mise en place par le Ministre de la Santé (Ms) en collaboration avec le partenaire Dimagi avec le soutien de la Direction des Systèmes d’Information (Dsi). Elle a été développée avec une application de santé communautaire interopérable avec les plateformes nationales de données, le District Health Information System 2 (Dhus2) et le Système National d’Information et de Gestion Sanitaires (Sngs). Ainsi, contrairement aux applications qui existaient, l’application Alafiacomm peut être utilisée par tous les partenaires mettant en œuvre des activités de santé communautaire.
Daniel KOUAGOU
Depuis 40 ans, les Relais Communautaires (Rc) sont à l’avant-garde de la stratégie de santé communautaire au Bénin et, avec l’appui du gouvernement, jouent désormais un rôle primordial dans la collecte et la gestion des données en utilisant des registres régulièrement mis à jour. Cependant, les données contenues dans ces registres ne sont souvent pas systématiquement transférées vers une base de données centrale. Elles sont entachées par de fréquentes erreurs de calcul, ce qui entrave l’utilisation appropriée des données communautaires pour la prise de décision dont l’allocation des ressources pour la santé communautaire.
Malgré de nombreuses stratégies pilotes mises en œuvre par le passé pour la numérisation des données communautaires, le succès de ces interventions n’est pas allé au-delà de la vie des projets. En tant que tel, assurer la disponibilité continue de données communautaires de qualité au niveau central reste un défi pour le Bénin.
Ainsi, la demande du Ms, l’Activité des Services de Santé Intégrés de l’Agence des États-Unis pour le Développement International (Usaid), mise en œuvre par Management Sciences for Health (Msh), a développé une application de santé communautaire interopérable avec les plates-formes nationales de données, le District Health Information System 2 (Dhus2) et le Système National d’Information et de Gestion Sanitaires (Sngs), qui peut être utilisée par tous les partenaires mettant en œuvre des activités de santé communautaire. Contrairement à ces applications, la priorité pour le Ministère de la Santé (Ms) est d’avoir une application à la fois efficace et durable pour que les partenaires de mise en œuvre puissent utiliser à long terme pour des interventions de santé communautaire et au niveau national.
En collaboration avec le partenaire Dimagi et avec le soutien de la Direction des Systèmes d’Information (Dsi), l’application AlafiaComm a été développée conformément aux registres existants utilisés par les Rc, et la validation préliminaire par les parties prenantes a été menée avant le pilotage de l’application. Une fois que le test pilote aura prouvé la pertinence de l’application, AlafiaComm, dérivé de Commcare, sera adapté, affiné et mis à l’échelle progressivement pour aider les Rc dans la collecte de données et pour soutenir la fourniture de services intégrés de qualité au niveau communautaire, y compris le diagnostic et le traitement du paludisme. L’application sera également utilisée pour faciliter les activités de sensibilisation dans la communauté grâce à l’utilisation d’images et de messages audio et vidéo disponibles dans les langues locales.
Pour M. Léandre Sohounde, Conseiller Technique Senior Suivi et Evaluation (Se) pour l’activité, certaines des avancées majeures notées ont été l’amélioration de la qualité des données et la fourniture de soins grâce à l’application. Il déclare que « AlafiaComm fournit un processus sécurisé pour le traitement des patients. Lorsqu’un RC saisit l’âge d’un enfant dans l’application, il ne peut fournir que la dose de traitement indiquée dans la demande. D’autre part, l’application vous permet également de remarquer les signes de danger en fonction des symptômes décrits par la personne. Lorsque le RC saisit ces informations, une alerte apparaît à l’écran pour indiquer que le patient doit être référé à un spécialiste si nécessaire. »
Préalablement au déploiement national officiel d’AlafiaComm, l’activité a organisé une phase pilote du 1er novembre 2020 au 28 février 2021 avec 50 RCs dans deux communes: Natitingou et Tchoumi-Tchoumi (Atacora). Formés par les développeurs de l’application, et entièrement équipés d’un étui de protection, d’un chargeur solaire et d’un pack Internet, les RCs sélectionnés ont pu tester l’application pendant cette période et ont pu compléter au moins une soumission sur la plateforme pour confirmer sa fonctionnalité.
Les RCs qui ont participé à la phase pilote ont exprimé leur satisfaction. M. Théophile Kouagou, un RC travaillant dans le village de Koussantikou (Natitingou) a déclaré que « l’application détecte toutes les erreurs que j’aurais commises sans le savoir en utilisant des registres papier. […] Lorsque vous faites des erreurs, l’application le signale en rouge et vous devez le corriger immédiatement pour pouvoir passer à la section suivante. Je peux désormais avoir confiance en la qualité des données saisies. De plus, l’application me fait gagner du temps, notamment pour les rapports mensuels car les données saisies dans l’application sont automatiquement envoyées à nos superviseurs. »
En plus d’améliorer la qualité du travail et de leur faire gagner du temps, les RCs ont été très satisfaits des ressources supplémentaires ainsi que de la manière dont l’application a contribué à renforcer leur confiance dans leur travail.
Clément Teho’Nta, un RC du village de Koutie-Chatido, a déclaré que « ce que nous aimons vraiment chez AlafiaComm, ce sont les messages audio et vidéo. Il est facile d’expliquer à la mère comment le moustique peut piquer et transmettre le paludisme et comment les produits que nous fournissons peuvent aider. Il est beaucoup plus facile de comprendre quelque chose si on peut le voir. »
Grâce à AlafiaComm, les agents de santé communautaires sont habilités à collecter des données précises et opportunes qui assureront une analyse en temps réel et une prise de décision empirique à différents niveaux de gestion. Cela permettra aux professionnels de la santé de mieux comprendre les besoins de la population et de cibler les interventions en conséquence. Quant à l’ensemble de la population, cette application garantira un meilleur accès à des soins de qualité en fonction des besoins.