PRATIQUE DE LA TONTINE AU BÉNIN : Les risques d’une épargne très bénéfique

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Les associations d’épargne et de crédit, connues également sous le nom de « tontine » au Bénin et dans bien d’autres pays de l’Afrique, constituent une des formes d’organisation les plus fréquentes pour financer des projets dans les pays où l’accès au crédit est restreint. Explicitement, la tontine est une association constituée par un groupe d’individus qui décident, d’un commun accord, de contribuer périodiquement à une caisse commune. Ainsi, les fonds de la cagnotte, sont alloués à tour de rôle à chacun des membres du groupe. Et, lorsque tous les participants ont reçu la cagnotte, l’association recommence la collection des sous. Bien que bénéfique pour chaque acteur, la tontine présente assez de risques pour chacune des parties prenantes.

Pour André M’po, conducteur de taxi-moto communément appelé « Zémidjan » dans la ville de Parakou et participant d’un groupe d’épargne, « la tontine permet de faire des économies afin de pouvoir réaliser les projets ». Il ajoute qu’elle est très bénéfique, surtout pour ceux ou celles qui n’arrivent pas à garder l’argent en soi sans les dépenser. D’ailleurs, une commerçante des accessoires rencontrée dans un marché de Parakou qui a requis l’anonymat, a fait savoir les réalisations qu’elle a pu faire grâce aux groupes de tontines. « Franchement, la tontine m’a permis de réaliser beaucoup de choses que je n’ai jamais imaginé. J’ai pu acheter, grâce à la tontine, beaucoup d’assiettes de grandes qualités. Outre ça, la tontine m’a permis d’avoir une autonomie financière puisque quand je ramasse en gros, cela me permet de régler mes petits problèmes financiers et d’en avoir encore quelques sous sur moi » raconte-t-elle. Par contre, Émilienne O. vendeuse des denrées alimentaires et originaire de la Côté d’Ivoire, est contrainte par une situation d’intégrer dans les groupes de tontines. « Au début, je voulais déposer mon argent à la poste et comme ma carte d’identité était expirée, ils ont refusé que je crée un compte à la poste. C’est ainsi que j’ai été obligée de commencer par épargner dans un groupe de tontine » explique-t-elle.

Au-delà de ses avantages non négligeables, la tontine constitue un oasis de risques pour les participants. Le témoignage d’une octogénaire commerçante des marmites artisanales, fait frémir et à même temps froid au dos. Elle a été victime d’une escroquerie, d’une tierce personne qui s’est déguisée en un responsable de groupe de tontine. « Un jour, quelqu’un est venu me voir au niveau de mon étalage, et m’a dit qu’il est responsable d’un groupe de tontine. D’abord, il a décidé de faire la prière avec moi et je me suis dit que là où il y a Dieu, il y a du sérieux dedans. Je lui ai donc remis 14 mille francs ce jour-là. Mais jusqu’à présent, il y a déjà environ deux mois, je ne l’ai pas encore revu » raconte-t-elle, avec une voix assourdissante et clouée de détresse. Cette situation est la plus funeste à laquelle sont souvent victimes les épargnants. Outre ces cas d’anarques, il y a d’autres situations qui peuvent également décourager l’épargnant ou le mettre en faillite. C’est le cas de cette jeune dame, qui raconte son cas. « J’étais dans un groupe d’épargne et la cagnotte était 5 mille francs par chaque dimanche. Nous étions 6 personnes dans le groupe et j’occupais la quatrième place. Et quand c’était mon tour de ramasser l’argent, deux personnes d’entre nous ont dit, qu’ils ne pouvaient pas payer leurs cotisations. Parce qu’ils étaient, disent-elles, dans une situation. Cela m’a conduit dans une faillite, puisque je devrais acheter des céréales. C’étaient moins chers pendant la saison des récoltes et revendre après, pour faire un peu de bénéfice. Mais, je n’ai pas pu acheter à cause de l’argent qui manquait » tente-t-elle de démontrer un pan désagréable des groupes de tontines.
Par ailleurs, Euloge D. salarié dans une entreprise privée, est plutôt vigilant. « Moi, avant de déposer mon argent quelque part, je dois connaître la personne, et si possible tous les membres, pour m’assurer qu’elle ne va pas disparaître avec mon argent. C’est ce que je demande aux autres épargnants de faire », recommande-t-il.

Ainsi, face à ces situations, il est recommandé aux épargnants d’être très vigilants et attentifs. Ils doivent à cet effet, mener des enquêtes sur la personne qui collecte les sous. Les participants doivent s’assurer qu’ils sont honnêtes afin de ne pas se faire escroquer. La vigilance est mère de sûreté, dit-on.

 

Daniel KOUAGOU

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