PRES 26 ANS PASSE DANS LE TRANSPORT : Illiasou Mama Djougou retrace son parcours de transporteur

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PRES 26 ANS PASSE DANS LE TRANSPORT

Illiasou Mama Djougou retrace son parcours de transporteur

Le secteur du transport est un moteur crucial du développement économique et social de toute nation. Et pour un pays comme le Bénin dont l’économie est basée sur le port, ce secteur semble jouer un rôle prépondérant pour la stabilité économique. Ainsi, l’acheminement des marchandises du port vers les commerçants propriétaires de ces produits est assuré par les transporteurs à l’aide des camions poids lourds. Sous la pluie comme dans le soleil, loin des familles et exposer aux intempéries de la route, ces hommes ont pour mission de servir partout où besoin sera dans le secteur des transports. Pour ce numéro de votre rubrique une vie un métier, votre quotidien vous plonge dans l’univers du métier de transporteur à travers Illiasou Mama Djougou. Lisez plutôt.

Samiratou ZAKARI

Daabaaru : Pourquoi avez-vous choisi faire carrière dans le domaine du transport ?

Iliassou Mama Djougou : je suis allé dans le transport par nécessité. A l’époque, on avait de difficulté à acheminer nos marchandises depuis Cotonou pour Parakou, donc comme j’étais là, j’ai très tôt décidé me lancer dans le transport. Aussi j’avais des amis qui étaient déjà dans le secteur et ce qu’ils gagnaient étant dedans n’est pas petit cela m’a aussi plus motivé à me faire une place.

Parler nous de vos débuts dans le domaine

Je me suis engagé réellement dans le transport dans les années 1994 avec au début un camion et petit à petit j’en ai pris d’autres. Le début, c’était vraiment très intéressant. On gagnait bien, le travail marchait très bien. Avec nos devanciers, il y avait une bonne entente.

Quels sont les avantages liés à ce métier ?

Tout d’abord le métier de transporteur est un métier noble et très florissant même si maintenant les choses ne sont plus comme avant. Un transporteur en notre temps n’a rien à envier à un fonctionnaire. Charger un camion depuis Cotonou pour une destination comme le Niger, ce que tu gagnes est évalué à des centaines de milles et même quand on enlève les frais de carburations, les faux frais et autres, ce qui restera encore n’est pas négligeable et on ne se plaint pas. Aussi avant, pour les campagnes cotonnières le transporteur gagne beaucoup. Au cours de la campagne, avec un seul camion tu peux te retrouver avec des millions à la fin de la campagne. Même les chauffeurs qui travail pour d’autres personnes, quand ont voit leurs vies, on ne dirait même pas qu’ils sont employé car à part le salaire il y a de petits autres job qu’il fait sur la route comme le chargement de mais, et autres et cela entrait dans son propre compte, le patron n’est jamais au courant. Il y a assez d’avantages à ce métier en notre temps.

Qu’en est t-il alors des risques ?

Le transporteur rencontre assez de difficultés dans l’exécution de son travail, car le métier lui-même est un métier à risque. Le transporteur voyage beaucoup et peut faire même des mois loin de sa famille à cause du travail. Au cours de la route ont est souvent victimes des accidents de circulations, des braquages qui vont jusqu’à nous coûter souvent la vie. Les pannes du camion, il n’en manque jamais et parfois même dans des zones reculées où ont restent pendant des jours sans nourriture et exposer à tout danger. Aussi, le transport maintenant c’est la merde. Le transporteur souffre beaucoup mais ne gagne rien. Quand vous achetez, aujourd’hui même une semi-remorque, avec la douane, vous faites la carrosserie pas moins de 20 à 25 millions pour la mettre à l’état neuve et quand vous mettez ce camion là sur la route, je vous assure qu’au bout du rouleau même en deux ans vous ne pouvez pas récupérer réellement votre investissement. Aussi l’état de nos voies reste à désirer. Les gouverneurs ne nous facilitent pas le travail aujourd’hui, avec les réformes que connait ce secteur, quand tu comptabilises tout, tu te rends compte qu’au fait tu ne gagnes rien. Les fraites, ceux là qui se chargent de trouver des marchandises aux transporteurs au près des commerçants quant à eux également ne facilite pas le travail, assez de tracasserie à leur niveau. Même si aujourd’hui les chauffeurs ne font pas objet de rançonnement par les policiers sur la voie, les postes de péages érigés nous taxent trop. Assez, assez de difficultés aujourd’hui à n’en point finir.

On dit souvent que les transporteurs draguent assez de femmes, n’ont pas souvent une seule femme, qu’avez-vous à dire sur ce point ?

Bon c’est peut être vérifié ce qui se dit, mais ça doit être plus à cause de son instabilité. Et cela n’est pas remarqué seulement chez les transporteurs, si vous cherchez aussi dans le rang des ministres, les directeurs et d’autres fonctionnaires vous constaterez la même chose. Mais je dirai que tout est question de responsabilité et d’organisation. Car moi j’ai connu des transporteurs qui ont passés toute leur carrière avec une seule femme. Et même moi qui vous parle, je suis dans ma vingt-neuvième année de mariage et je n’ai qu’une seule épouse.

Conter nous le jour le plus heureux de votre carrière

Les évènements qui m’ont marqués positivement au cours de ma carrière, c’est plus les moments où j’ai pu m’acheter d’autres camions. J’en ai pris en 2001, en 2004-2005 et en 2014 et surtout celui de 2004-2005, c’était vraiment la joie.

Quel a été alors le moment qui vous a marqué négativement ?

Les moments malheureux, j’en ai connu bien évidement. Je parlerai d’abord du jour où l’un de mes camions a été endommagé sur la route du Niger par l’un des mes chauffeurs, ça ma fait mal car ce chauffeur je l’aimais particulièrement et je ne me suis jamais rendu compte qu’il buvait de l’alcool mais aussi du tramol avant de prendre le volant. Le deuxième évènement est celui de mon chauffeur qui a vendu la marchandise d’autrui et j’ai été pénalisé pour ça. Et c’est grâce aux relations de mon feu père avec l’ancien président Ali Sheibou du Niger, j’ai pu récupérer mon camion mais j’ai du payer une partie de l’argent parce que les nigériens ont voulu me donner un coup de marteau mais heureusement leur président à cette époque était promotionnaire à mon feu père, ce qui a un peu facilité les choses.

Un message à l’endroit des jeunes qui désirent emboiter vos pas

Bon si je pouvais leur dire de ne pas embrasser ce corps de métier aujourd’hui, je le ferai car le transport ne donne plus rien aujourd’hui. Je leur conseil de chercher à avoir d’autres sources de revenues tous en étant dans ce secteur parce que ce n’es pas du tout rentable comme avant, quand on fait le point des dépenses. Aussi je leur demande d’avoir beaucoup de patience et d’aimer leur travail.

Votre mot de la fin ?

Comme mot de la fin je lance un appel à nos autorités surtout le ministre du transport, et le Président de la République afin qu’ils jettent un coup d’œil sur nos routes car cela ne facilite pas le transport au Bénin et par ricochet le développement du pays. Je vous remercie.

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Daabaaru