PRISE EN CHARGE DES PERSONNES DU TROISIEME AGE AU BENIN : Quelle est la responsabilité du gouvernement ?

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PRISE EN CHARGE DES PERSONNES DU TROISIEME AGE AU BENIN
Quelle est la responsabilité du gouvernement ?

Elles sont nombreuses ces sexagénaires qui, après de loyaux services rendus à la patrie semblent ne plus être considérés dans la société. Ces personnes qui vont à la retraite avec un pincement au cœur. Classées parmi les personnes du troisième âge, ils sont parfois obligés au soir de leur vie de se confier à la providence. Même pour avoir accès à leur pension de retraite, cela devient un parcours de combattant. Les dossiers font plus de 12 mois avant d’être pris en compte par le gouvernement. Et le comble, c’est quand ces personnes sont obligées de se déplacer à chaque fin du mois pour aller chercher leurs maigres pensions. Un tour au niveau du trésor public et le spectacle laisse à désirer. Exposées aux intempéries de la nature, elles passent des heures et des heures avant d’entrer en possession de leur droit. Face à la situation de cette catégorie de personnes, l’on est tenté de se demander quelle est la part de responsabilité de l’Etat dans leur prise en charge? Pour répondre à cette question votre quotidien a eu un entretien avec Alice Avodagbè Guidigbohoun chef service de la protection et de la promotion des personnes de troisième âge à la direction générale de la famille des affaires sociales à Cotonou. Lisez plutôt…
Wahabou ISSIFOU

Daabaaru : Alors l’état des lieux n’est pas reluisant lorsqu’on parle de la prise en charge des personnes de troisième âge. Dites nous quelle appréciation faites-vous de cet état de chose ?
Alice Avodagbè Guidigbohoun : Vous avez parfaitement raison quand vous dites que l’état des lieux n’est pas reluisant en ce qui concerne les personnes âgées, on a comme l’impression qu’elles sont négligées, abandonnées et personnes ne pensent à elles. C’est l’impression générale qu’on se fait lorsqu’on veut analyser un peu la situation des aînés, de nos seniors au Bénin. Mais l’État est entrain de faire beaucoup de choses en ce qui concerne les cibles du ministère de la famille en général et des personnes du troisième âge en particulier.

Quelles sont ces actions que le ministère est entrain de développer à l’endroit de ces personnes âgées ?

Actuellement nous disposons d’un document de politique du vieillissement actif en bonne santé qui est un document qui oriente les actions de l’État en matière de prise en charge des personnes de troisième âge. Ce document est suivi d’un plan d’action quinquennale et qui trace la ligne droite des actions à mener en faveur des personnes âgées dans notre pays. En dehors de ces documents de base, des outils de travail que l’État a mis en place, il y a un instrument juridique qui est en vue et qui concerne la prise en charge juridique des personnes âgées. C’est une loi qui a été élaborée mais qui est en cours d’adoption. Ce sont des actions qui ont déjà été prise en compte et qui montre que l’État pense à toutes les personnes vulnérables comme les personnes âgées.

Jusque là on a du mal à comprendre de façon spécifique ce que fait l’Etat sur le terrain. Qu’en dites-vous ?

Sur le terrain spécifiquement de façon visible, c’est la santé physique des personnes de troisième âge qui importe. Parce que si on atteint un âge donné on a besoin des soins spécifiques parce que l’organisme s’affaiblit. Donc il y a la santé, les maladies, les troubles sensorielles qui dérangent beaucoup les personnes âgées, ils ont besoin de se faire soigner rapidement. La prise en charge n’est pas uni sectorielle. Elle prend encore beaucoup de secteurs : le ministère de la santé, le ministère des affaires sociales, le ministère de la justice, le ministère des loisirs et des cultures dans notre pays. Tous ces ministères sont concernés pour la prise en charge des personnes âgées.

Qu’est-ce que le ministère de la santé fait?

C’est le volet sanitaire qu’il prend en compte. Récemment, on a élaboré des normes et standard en matière de prestations de soins à l’endroit des personnes âgées. Ce que nous faisons spécifiquement dans ce domaine est que les personnes âgées n’ont pas accès aux soins à cause de l’insuffisance des moyens. Donc de façon régulière on descend sur le terrain pour faire des consultations foraines, nous diagnostiquons des cas de cataracte, les personnes âgées ont souvent des problèmes d’yeux et on essaye de faire des interventions, on opère des cataractes et de cette façon, la personne âgée est en mesure de se déplacer sans guide et sans être un poids pour la famille, pour ces petits fils ou pour sa femme. Donc c’est comme ça on procède sur le terrain, on fait des consultations sur divers plans, cardiologie, ophtalmologie, en tout cas la médecine de façon générale pour détecter les maux dont souffrent les personnes âgées et les aider à les prendre en charge gratuitement.

Il y a ces personnes âgées qui ne sont pas informées de vos descentes sur le terrain, pourquoi ne prenez-vous pas en compte tout le monde ?

Ils ne sont pas informer parce qu’on ne peut pas prendre tout le monde ensemble.

Et au minimum de ces fonctionnaires qui sont à la retraite et qui ont du mal à prendre leur pension, que faites-vous ?

Je crois que beaucoup de choses se font à ce niveau. Aujourd’hui il y a un système qui facilite la tâche aux personnes âgées admises à la retraite. Elles n’ont pas besoin de se déplacer pour voir à quel niveau se trouve leur dossier. Parce que effectivement ça traîne, ça peux faire un an, six mois sa dépend de l’évolution dans le circuit.

Et par rapport à cette lenteur, qu’est-ce qui se fait ?

C’est pourquoi avec le système numérique, je crois que les choses vont s’accélérer le processus va s’accélérer et on ne va plus trainer pour la pension.

C’est toujours à l’étape de promesse, pourquoi ?

Nous sommes dans un pays en voie de développement les choses ne marchent pas comme on l’aurait souhaité. Mais nous sommes là et nous ne pouvons faire que ce que nous pouvons pour le moment.

Voulez-vous dire que d’ici à là les personnes de troisième âge pourront pousser un ouf de soulagement ?

Les personnes de troisième âge pourront pousser un ouf de soulagement parce qu’il y a beaucoup de choses dans ce secteur qui les dérangent surtout quand je prends le certificat de vie et de charge, on doit fournir ça mensuellement. Avant on voyait nos personnes âgées s’aligner faire des rangs, il y en a qui font des crises, qui tombaient, tout ceci n’était pas un spectacle à voir. Au niveau du budget on a pris certaines dispositions pour qu’on prenne en compte ce certificat de vie et de charge afin qu’elles ne se déplacent pas.

Quel appel avez-vous à lancer à ces personnes de troisième âge pour leur donner espoir d’un repos plus apaisé ?

Nos parents, nos grand parents, elles sont là et s’organisent en association au niveau national. Personne ne peut défendre leurs causes sans elles. Donc elles doivent nous soutenir par leur militantisme, leur mouvement associatif, là on forme un groupe d’ensemble pour faire la pression, c’est ça qui compte. Moi seule en tant que chef service, je ne peux rien faire. Il faut la pression des Organisations de la Société Civile nécessairement pour accompagner le mouvement. Ça doit venir d’elles. Avec la pression le ministère, le gouvernement et toutes les structures sauront quoi faire pour les sortir de l’ornière.

Propos recueillis et transcrits par Wahabou ISSIFOU

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Société

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