PROGRAMME SPÉCIAL D’INSERTION DES JEUNES DANS L’EMPLOI (PSIE) AU BÉNIN : Un circuit de recrutement sur fond de favoritisme ? . Des candidats malheureux dénoncent, le Rco explique

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Dans le but de lutter contre le chômage qui ronge la jeunesse béninoise, le gouvernement à travers son chef Patrice Talon a annoncé le 31 juillet 2019 lors de son discours à la Nation, le lancement d’un Programme Spécial d’Insertion dans l’Emploi (Psie). C’est un programme qui consiste à recruter de jeunes diplômés entièrement pris en charge par l’Etat, au sein des entreprises exprimant le besoin. Ainsi, depuis 2020 jusqu’à ce jour, le Psie a pu arracher plusieurs jeunes des griffes du chômage. Cependant, la question que se posent nombre de béninois est celle de la transparence dans le processus de recrutement. Pour certains, le Psie est un programme pas différent des concours au Bénin où le favoritisme, la corruption sont mis en jeu. Il faut avoir “les bras longs” pour espérer être inséré.

Samira ZAKARI

Chaque année, 2 000 jeunes diplômés béninois sont recrutés dans des sociétés privées et semi-publiques dans le cadre du Psie initié par le Président de la République. Un programme qui a pour but de réduire considérablement le taux de chômage au Bénin et améliorer la qualité de prestation de ces entreprises par la disponibilité de main d’œuvre qualifiée.
Ainsi, les jeunes recrutés à l’issue d’un processus bien défini sont entièrement pris en charge par l’État du point de vue salarial au titre de la première année. « À partir de la deuxième année, c’est un partage de coût, c’est à dire l’Etat prend en charge les charges sociales pendant que l’entreprise bénéficiaire prend en charge le salaire net de l’allocataire », a expliqué le chargé du suivi et d’évaluation du Psie Thomas Kpèna Singbo.

Cependant, nombre de jeunes déplorent le manque de transparence dans le processus.

Un recrutement sur fond de favoritisme ?

Pour eux, la corruption est fortement développée dans le recrutement, il n’y a pas que la compétence qui compte. Il faut également être dans un circuit c’est-à-dire, avoir “les bras longs ” pour espérer passer. « Tout passe par l’entreprise. Certes, c’est le gouvernement qui recrute et assure le salaire des recrutés. Mais pour avoir la chance de passer, il faut connaître quelqu’un dans l’entreprise ou parmi les experts qui se chargent de l’entretien des candidats. Plusieurs jeunes sont passés comme ça », a dit savoir Moïse G. (nom d’emprunt). Plus loin, Isaac G. avoue, « On sait tous, quand tu ne connais pas quelqu’un qui peut négocier avec les recruteurs, il y a de fortes chances que tu ne sois pas pris. Vous vous entendez et tu proposes un pourcentage à l’entreprise dans ton salaire quand tu seras recruté. Moi j’ai pris part à plus de 5 entretiens mais jamais je n’ai été retenu. On te dit de passer pour l’entretien et après ça, vous êtes là seulement vous apprenez que le candidat sélectionné à déjà pris service. Est-ce à dire que nous autres n’avons pas pu convaincre les recruteurs ? ».

Par contre, d’autres candidats soutiennent la transparence et traçabilité du processus de recrutement. Leur avis est renchéri par le responsable chargé des opérations du suivi et d’évaluation du Psie Thomas Kpèna Singbo à travers le rappel du processus de recrutement.

Thomas Kpèna Singbo rassure

À en croire, le responsable chargé des opérations du suivi et d’évaluation, le recrutement au Psie se fait suivant 9 étapes. Tout commence par l’expression de la demande de profils par l’entreprise. Laquelle demande est analysée par le Psie suivi de la publication des offres sur son site. Les candidats répondants aux profils recherchés postulent et l’analyse sur pièces des candidatures est faite. Ils sont ensuite appelés pour la phase d’évaluation écrite. « Notre plateforme nous génère le résultat de l’évaluation par ordre de mérite. Pour une demande qui a un seul poste, nous avons juste qu’à prendre les 10 premiers qu’on envoie à la prochaine étape qui est celle d’interview des candidats par les panels d’experts. Nous convions dans un même espace, les experts métiers à qui on associe un expert en ressources humaines pour voir les aspects émotionnels, motivation et autres. C’est un panel de deux experts auquel on associe l’entreprise à volonté. Cela aide le panel à affirmer ces appréciations sur les candidats », a clarifié le chargé des opérations de suivi et d’évaluation. Ainsi, au terme de l’entretien, le panel se charge d’envoyer le rapport d’interview aux responsables du Psie en énumérant les candidats qui selon eux, ont pu franchir l’étape d’entretien. « A l’aveugle, nous on prend les trois premiers au moins ou les cinq premiers au plus selon le cas qu’on envoie à l’entreprise. Si par coïncidence, il y a un des candidats que l’entreprise connait par le passé et qui n’a pas été sélectionné parmi les 5 premiers après l’interview, il ne sera jamais envoyé à l’entreprise », a rassuré le responsable. Ce qui prouve selon lui, que même en acceptant un quelconque pot de vin, l’entreprise n’a aucun pouvoir de recruter un candidat qui n’est pas passé par le processus depuis la composition jusqu’à l’entretien. À l’en croire, il revient à l’entreprise d’organiser le dernier entretien de sélection au cours duquel il procède à l’élimination des candidats selon les critères d’éligibilité et ceux propres à elle et qui peuvent tenir compte des aspects postures, comportements et autres. Cependant, « avant même que l’entreprise n’accède à la liste des candidats qu’on lui a proposé, elle doit définir les critères objectifs sur la base desquelles elle va évaluer les candidats qu’on lui a envoyé. Au terme des entretiens, l’entreprise nous envoie le rapport de sélection. C’est alors qu’on organise à notre niveau, les formalités de mise en emploi et activation du contrat dès la prise de service effective de l’agent », a clarifié Thomas Kpèna Singbo
À l’en croire, le Psie dispose d’une plateforme dynamique et transparente. La participation d’un candidat à plus de 4 entretiens n’à rien à voir avec un certain favoritisme dit-il. « J’ai été témoin des gens qui sont venus 10 fois pour des entretiens ou même 15 fois. Et c’est à la 15ème fois ils ont été recrutés. Le processus de recrutement au Psie est fortement concurrentiel. De votre niveau de préparation dépend votre réussite, ce n’est que ceux qui s’illustrent positivement qui arrive à tirer leur épingle du jeu », a laissé entendre Thomas Kpèna Singbo pour finir.

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