À son arrivée au pouvoir en 2016, le Chef du gouvernement de la rupture Patrice Talon s’est donné pour mission de transformer le Bénin en touchant certains problèmes comme la médiocrité, la corruption qui ont pendant longtemps, gangrené les administrations béninoises. Il a d’ailleurs affirmé que le Bénin est « un désert de compétences » et dès lors, pour l’atteinte de ses objectifs, le Président n’hésite pas à confier la gestion de certaines sociétés et structures importantes de l’État à des cadres étrangers. Cependant, cette option devient de plus en plus récurrente qu’on se demande si après près d’une décennie de gestion, le Bénin est toujours resté un « désert de compétences ».
Samira ZAKARI
Le gouvernement a procédé le mercredi 12 février 2025, à la nomination des responsables des médias du service public. Ainsi, la Société de Radio et Télévision du Bénin (Srtb) S.a et la télévision nationale seront désormais dirigées par Angela Aquereburu Rabatel. Togolaise d’origine, elle vient s’ajouter au nombre important d’étrangers portés à la tête des sociétés et institutions du pays sous le régime de la rupture.
En effet, plusieurs structures de l’Etat comme le Port Autonome de Cotonou (Pac), la Société Béninoise d’Energie Électrique (Sbee) et le réseau Gsm Celtis, sont gérés par des non béninois. Entre temps, l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (Anip) n’a pas été aussi du reste. C’est une réalité à laquelle les béninois sont habitués depuis peu et l’on se demande s’il ne s’agit pas là, de la suite logique de la position du Chef de l’État sur le niveau intellectuel de ses compatriotes. Le 26 avril 2016, quelques jours après son investiture, le numéro 1 des béninois a, face à la presse française lâché que «Le Bénin est aujourd’hui comme un désert de compétences». Des propos qui ont pendant longtemps fait objet de polémiques au sein de l’opinion publique béninoise. Même si Patrice Talon n’a pas tenu ces propos dans le contexte où ils sont perçus par plus d’un, cette décision de confier la gestion des patrimoines du Bénin à des étrangers vient les conforter dans leurs positions.
La patrie d’abord
La question que se posent nombre de citoyens est si en près d’une décennie de gestion du pays par la rupture avec des résultats positifs au compteur, le Bénin est toujours un « désert de compétences » ? Le Bénin, ancien quartier latin de l’Afrique manque t-il à ce point de cadres compétents et compétitifs capables d’assurer la gestion de ses institutions et sociétés, représentants l’héritage national acquis au prix de lourds sacrifices ? Pourtant des cadres béninois dotés d’immenses expériences et compétences pour assurer le job, existent partout au pays et même à l’extérieur. Et avec la vague de modernité qui frappe le Bénin depuis plus de 9 ans maintenant, les béninois qui avaient décidé de quitter le pays pour mieux éclore leurs talents, sont de plus en plus près à rentrer pour mettre leurs compétences au service du pays.
Certes le favoritisme ne doit pas avoir droit de cité, quand il s’agit de la gestion des affaires publiques. Priorité doit être donnée aux meilleurs pour l’atteinte des objectifs. Mais dans un contexte de promotion des valeurs républicaines comme le patriotisme, priorité devait être donnée aux fils et filles du pays pour le développement de la Nation commune. La promotion du « Made in Bénin » doit passer par la reconnaissance des talents locaux capables de défendre et de propulser loin les couleurs nationales. Encore qu’il en existe vraiment capable de faire le job.
Samira ZAKARI