RECRUDESCENCE DES DEVIANCES COMPORTEMENTALES EN MILIEU SCOLAIRE AU BENIN : Quelle thérapie pour endiguer le mal ? . Des solutions qui peuvent aider

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RECRUDESCENCE DES DEVIANCES COMPORTEMENTALES EN MILIEU SCOLAIRE AU BENIN

Quelle thérapie pour endiguer le mal ?

. Des solutions qui peuvent aider

Le milieu scolaire est un lieu du savoir où écoliers ou élèves reçoivent des connaissances de leurs enseignants pouvant leur permettre d’être des modèles dans la société. Malheureusement au Bénin depuis quelques années déjà, les établissements secondaires sont descendus de leur piédestal, devenant ainsi des lieux où règnent toutes les formes de déviances comportementales chez les élèves. Alors, l’on est en droit de se demander comment des lieux de savoir ont pu se transformer en un laps de temps, en arène ou jungle où l’humanité a disparu pour laisser place à l’animosité. Quelles peuvent être les raisons de ce changement drastique dont les conséquences interpellent plus d’un ? Il va falloir alors que des solutions idoines soient trouvées pour éradiquer le mal.

Wahabou ISSIFOU

Vol, viol, violence, délinquance, incivisme et autres. Voici ce qui caractérise désormais certains établissements secondaires au Bénin. Sans vergogne, des élèves se donnent le droit de semer la terreur et violence au sein des établissements. Le sexe n’est plus un tabou. Toutes les règles sont foulées au pied. Des élèves, enseignants et membres de l’administration tabassés, des élèves violées. Le plus récent est cet élève de la classe de 6e au Lycée Mathieu Bouké de Parakou appartenant à un groupe nommé « City gang » ; il a réussi à enceinter une élève de la classe de 4e. Des groupes de gangstérisme sont formés avec des noms inimaginables. Des élèves sont devenus des maîtres du terrain faisant recours aux armes blanches de différentes natures, des stupéfiants et autres. Certains vont même jusqu’à ôter la vie à leur camarade ; cette horrible scène s’était produite dans la commune de Bohicon en décembre 2019 où une jeune élève en classe de 3e, la vingtaine environ, a poignardé à mort son camarade de classe âgé de 16 ans à l’aide d’une paire de ciseau. On se croirait dans un épisode chaud de « Spartacus ». Tous les coups sont permis et nul n’est épargné comme sur le ring de « catch ».
Les autres scènes qui sortent de l’entendement sont la diffusion sur les réseaux sociaux des extraits vidéos des élèves du Lycée Mathieu Bouké de Parakou d’une part, et ceux du complexe scolaire et universitaire ‘’Clé de la réussite’’ de Cotonou d’autre part, qui produisaient des spectacles dignes d’une partie de pornographie. Alors on s’interroge sur les raisons de cette métamorphose extraordinaire de la mentalité de certains élèves.

Les motifs de ces scandales

Ils sont nombreux et diffèrent d’un acteur à un autre. Pour le sociologue Dr Tchamtipo Saï Sotima, tous ces vacarmes constatés dans les établissements sont des déviances sociales qui viennent rappeler l’échec des agents de socialisation tels que les familles, l’école, les églises et groupes de pairs et autres,  dans la transmission des valeurs et normes sociales. « C’est aussi le reflet de l’incapacité de l’Etat à subroger à ces institutions de socialisation pour réguler convenablement la société », a-t-il poursuivi. De son côté, célestin Tawéma, enseignant du secondaire pense qu’effectivement, qu’en matière de discipline, le rubicon a été franchi et que l’indiscipline est devenue très notoire et a atteint des niveaux regrettables. Comme autres raisons évoquées par ce dernier, plusieurs paramètres expliquent la situation, « entre autres la démission progressive des parents due pour certains au manque de temps à consacrer aux enfants, au manque de contrôle et suivi, les enfants issus de foyers divorcés et ou de la polygamie, bref le contrôle échappe à une partie des parents. Il y a également la culture de la violence et de la débauche véhiculée par les films et séries de feuilletons, le tout entretenu par la mauvaise camaraderie et compagnie ». En abondant dans le même sens, Eliakim Yarou, élève en 1ère pense que ce sont certains parents qui ont manqué de jouer convenablement leur rôle à l’endroit de leur progéniture, ils n’ont pas su inculquer les bonnes pratiques ; ceci ajouter à l’inconscience de certains enfants et aux mauvaises conditions de vie d’autres. Même son de cloche chez le psychopédagogue Alassane Boni Yarou. Pour lui, les parents ont démissionné. « Deuxièmement, il y a la presse, les réseaux sociaux qui montrent des choses bizarres », a-t-il ajouté.

Les faits sont palpables, les raisons connues, la situation est criante. Conséquences, des élèves exclus, certains derrière les barreaux et d’autres qui attendent leur sentence. Face à ces situations exceptionnelles, il est urgent que des mesures également exceptionnelles soient prises dans les brefs délais afin d’arrêter la saignée.

Que faire donc ?

Pour le sociologue Dr Tchamtipo Saï Sotima, il ne suffit pas de simplement punir ponctuellement, mais de repenser tout le système scolaire. Il faut selon lui, restaurer les agents de socialisation primaires et secondaires cités plus haut. Il faut également organiser les états généraux de l’éducation. Quant à l’enseignant célestin Tawéma, « pour corriger la situation, il faut entre autres restaurer l’éducation civique, établir une liaison parents d’élèves-écoles à l’inscription, revoir les textes et règlement intérieur en vigueur, orienter certains élèves vers les métiers, d’où la nécessité de faire fonctionner les classes sportives et artistiques ». Il appelle aussi les parents au contrôle des changements de comportement de leurs enfants.

Le ministre de l’enseignement secondaire Mahougnon Kakpo, au micro de nos confrères de la télévision nationale pense pour sa part que les sensibilisations doivent se poursuivre même si elles ont montré leur limite. « La sensibilisation doit être poursuivie avec son côté répressif », a-t-il indiqué pour finir

Le milieu scolaire ne doit pas devenir un lieu où règne en permanence la terreur ou la panique avec des comportements peu orthodoxes des élèves. Mais son blason doit être redoré afin qu’il garde son statut de lieu du savoir et d’éducation et non de désobéissance. Autrement, le déclin ne serait pas loin et le pays perdra ainsi son socle.

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