Malgré les démarches entreprises par les autorités béninoises pour apaiser les tensions, les frontières entre le Bénin et le Niger restent toujours fermées depuis juillet 2023 du côté nigérien. Bientôt deux ans de détérioration des relations entre ces deux pays avec, entre autres corollaires, la paralysie du système économique. Les populations dans l’attente d’un retour à la raison des autorités nigériennes doivent-elles continuer à garder espoir, même dans l’incertitude ?
Samira ZAKARI
En réponse à la décision du gouvernement béninois qui a décidé de se conformer aux sanctions infligées par la Cedeao au Niger après le coup d’État perpétré contre le président Mouhamed Bazoum, la junte militaire a décidé en juillet 2023, de fermer à son tour ses frontières terrestres avec le Bénin. Une décision dont les impacts surtout sur le plan économique n’ont pas tardé à se faire sentir du côté béninois.
Une paralysie du système économique
Il n’y a aucun doute que les activités au port de Cotonou ont chuté depuis la fermeture des frontières. Et pour cause, le Niger reste depuis des décennies, l’un des principaux partenaires du port de Cotonou.
En effet, la majeure partie des marchandises en provenance de l’extérieur par voie maritime et en partance pour le Niger, sont déchargés au port de Cotonou avant d’être transité par voie terrestre, par les transporteurs béninois. Des échanges qui engendraient assez d’entrées pour le port et créaient des emplois pour les populations. Du coup, le port de Cotonou fait partie des plus touchés par cette fermeture des frontières. Au cours d’une émission sur Bip Radio en juillet 2024, le directeur du port de Cotonou Bart Van Eenoo dont les propos sont relayés par ‘’Le Matinal’’, a fait savoir que 83% des importations du Niger passaient par le port de Cotonou. Mais avec la crise, le volume du transit a diminué entre 20 et 30%. Plus loin, il indique qu’avec la fermeture des frontières, 12 000 conteneurs à destination du Niger étaient bloqués au port et ne pouvaient pas passer.
De l’autre côté, les transporteurs qui s’occupaient du transport des marchandises du port vers le Niger, ont vu leurs activités bloquées. Les voyages sur le Niger de plus en plus diffciles.
Des négociations infructueuses ?
Depuis la décision de la fermeture des frontières, des négociations ont été entreprises par la partie béninoise pour un retour à la normale. Plus d’une fois, le Chef de l’État Patrice Talon a envoyé ses émissaires à la rencontre des autorités militaires pour trouver des solutions de sortie de crise. De même, les anciens Chefs d’État béninois Nicéphore Soglo et Boni Yayi, très préoccupés par la situation entre ses deux pays frères ont mené des démarches de réconciliation. Ces différentes démarches ont d’ailleurs conduit à la nomination de nouveaux ambassadeurs des deux côtés. Toute chose qui semblait rassurer d’une sortie de crise. Mais jusque-là, c’est toujours le statu-quo. Pas de passage de personnes et de biens, au niveau de la frontière bénino-nigérienne.
Bientôt deux ans que la crise dure et l’on se demande à quand la fin ? Face au silence actuel des autorités nigériennes et béninoises sur la situation qui prévaut, faut-il toujours garder espoir d’une réconciliation entre ces deux pays qui partagent des similitudes sur bien de plans ou accepter le divorce et vivre avec ? La question reste posée.