RÉSULTATS DES EXAMENS DE FIN D’ANNEE AU BENIN : L’Alibori toujours fidèle à son rang! . Diagnostic d’un mal très profond

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RÉSULTATS DES EXAMENS DE FIN D’ANNEE AU BENIN

L’Alibori toujours fidèle à son rang!

. Diagnostic d’un mal très profond

Depuis quelques années, le département de l’Alibori garde la lanterne rouge de la plupart des examens scolaires au Bénin. Cette situation persiste malgré les différentes réformes qui sont en cours dans le sous secteur de l’enseignement. Après les résultats des derniers examens scolaires, ce département a tristement réédité son exploit traditionnel, au moment où les autres départements ont effectué de gros efforts pour améliorer leurs performances. Un état des lieux prenant en compte plusieurs pesanteurs permet d’identifier les maux qui minent l’éducation dans cette partie du Bénin. Des maux auxquels il faudra trouver de remèdes pour espérer voir ce département gravir les échelons aux différents examens.

Edouard ADODE

Avec un taux de réussite de 67,41% au Cep, 39,23% au Bepc et 35,11% pour le Baccalauréat, le département de l’Alibori sort des trois examens nationaux de cette année au rang de 12e sur les douze départements que compte le Bénin. Ce tableau n’est pas différent de ceux des autres années puisqu’en 2018, ce département a occupé le dixième rang au Cep avec 52,57%, onzième avec 20,69% au Bepc, et onzième avec 21,92% au Bac. En 2017, l’Alibori a été onzième au Bepc pour taux de réussite de 38,89%, même rang au Cep avec 58,84% et douzième au Bac avec 32,31%. Cette situation loin d’être une volonté affichée par les acteurs en charge de l’éducation de rester fidèle à ce rang, est le signe d’un mal dont la racine est profonde qu’on ne puisse l’imaginer.
L’Alibori est un département qui regroupe les communes de Banikoara, de Kandi, de Gogounou, de Malanville, de Ségbana et de Karimama. De la position géographique de ce département, ses communes sont pour la plupart enclavées et difficiles d’accès en général. Ce qui n’attire pas forcément les enseignants qui d’ailleurs aussitôt affectés dans cette partie du pays commencent par mener des démarches pour ne pas faire plus que deux ans dans ces localités. Ce qui fait que l’Alibori souffre plus de manque d’enseignants qualifiés et compétents. Au même moment, la plupart du peu d’enseignants qui accepte y rester, très tôt se laisse entraîner dans les vices non compatibles avec le métier de formateur, tels que l’alcoolisme et le harcèlement sexuel qui tend même à être la mode dans certaines communes de ce département. Pire encore, même certains membres du corps de contrôle se laissent malheureusement entraîner dans ces comportements, ce qui rend d’ailleurs la dénonciation difficile. A cause de l’inaccessibilité de certaines communes de l’Alibori, il arrive même que des enseignants fassent des années sans recevoir une seule visite d’un inspecteur ou d’un conseiller pédagogique.
Dans le rang des apprenants, le mariage précoce et forcé empêche plusieurs de se concentrer sur les études dans ce département. Peu de filles arrivent à franchir le cap du Bepc. Car très tôt, elles sont envoyées en mariage par leurs parents qui peinent à comprendre l’utilité de la scolarisation des filles. Dans certaines villes du département, la forte présence des écoles coraniques ne facilite pas souvent le maintien des enfants dans le système éducatif formel, ce qui favorise le phénomène d’enfants talibés qui flânent à longueur de jour à la recherche de leur pitance par la mendicité. Du fait de l’accessibilité des enfants à la terre, très tôt ces apprenants de l’Alibori prennent goût à l’argent et abandonnent l’école pour se livrer aux travaux champêtres. A Banikoara par exemple, la plupart des enfants s’intéresse très tôt à la culture du coton et commence par y gagner de l’argent, de même à Malanville, la production de l’oignon détourne facilement les enfants des études. Surtout dans cette ville, la proximité de la commune avec le Nigeria développe très tôt le sens du commerce chez les enfants qui très vite développent un dégoût pour l’école.
A ces différentes situations, s’ajoutent l’inexistence de certains outils qui facilitent les études. Au nombre de ces outils, on peut citer les bibliothèques avec ouvrages au programme, les laboratoires dignes du nom pour les collèges à second cycle de même que l’accès à l’internet.
Au demeurant, les apprenants de l’Alibori ne sont pas moins intelligents que ceux des autres départements, il suffit juste qu’autorités locales, tous les acteurs du système éducatif de cette partie du Bénin et l’Etat prennent des mesures spéciales face à ces maux pour que ce département soit cité parmi les meilleurs du Bénin.

Quotidien Daabaaru, leader de la presse écrite dans le septentrion

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