RETOUR SUR LA VIE D’UN ANCIEN FONCTIONNAIRE D’ETAT : Lawson Laté Obubé retrace son parcours au trésor public

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RETOUR SUR LA VIE D’UN ANCIEN FONCTIONNAIRE D’ETAT

Lawson Laté Obubé retrace son parcours au trésor public

Le trésor public occupe une place importante dans le fonctionnement de tout Etat. Car étant la caisse de l’Etat, le trésor assure les entrées et les sorties des deniers publics. Après trente ans de service dans les arcanes d’un service aussi sensible qu’important, le parcours doit être aussi passionnant que rocambolesque. Pour en savoir plus un ancien receveur-percepteur s’inspire de son parcours pour édifier les jeunes qui rêvent de faire carrière dans ce service. Lawson Laté Obubé est donc l’invité de ce numéro de votre rubrique ”Une vie, un métier” de votre quotidien Daabaaru. Lisez plutôt.

Samiratou ZAKARI (Stg)

Daabaaru : Pourquoi avez- vous choisi faire carrière dans le trésor public ?

Lawson Laté Obubé : Il faut dire que je suis entré dans le trésor public par pur hasard, je n’ai jamais pensé me retrouver dans ce secteur. L’Etat béninois était dans le besoin d’agent pour certaines administrations dont la douane, le trésor, les impôts, mais l’Etat avait plus besoin d’agent du trésor. Comme j’étais aussi à la recherche d’un emploi, je me suis lancé comme ça et puis ça a marché. Donc c’est par là je suis parti.

Comment êtes-vous devenu agent du trésor ?

J’ai postulé à cet avis de l’Etat béninois. Après les formalités j’ai été retenu ainsi que d’autres collègues. C’était en 1984 au temps du général feu Mathieu Kérékou.

Parlez-nous de vos débuts

Comme dans tout domaine, le début de toute chose est toujours difficile. On avait en son temps des patrons très rigoureux qui étaient toujours derrière nous car pour eux ce qui comptait c’est les résultats. On avait la pression derrière. J’ai commencé en 1984 à la direction générale du trésor à Cotonou. Après service rendu là-bas pendant 10 ans, j’ai été affecté à Banikoara comme caissier à la recette perception de cette localité pendant 10 mois. Ensuite j’ai été envoyé à Bembéréké comme receveur percepteur suite à un concours professionnel puis à Savalou pour le même poste où d’ailleurs j’ai fini ma carrière en 2014.

Quels sont les avantages liés à ce métier ?

Bon comme avantage, je dirai que ce métier permet tout d’abord de maîtriser ce qu’on appel les finances publics, ce que c’est que l’argent, comment les faire entrer, les faire sortir, comment les dépenser. Aussi à travers ce métier, on arrive à se faire des connaissances, des relations et à connaître d’autres horizons parce que ça ne sert à rien de rester sur place. A travers ce métier j’ai pu découvrir au moins 60 communes sur les 77 que compte le Bénin. C’est un métier pas mal qui a quand même assez d’avantages.

Parlez-nous des difficultés

Les difficultés et risques, il y en a assez car gérer l’argent, en plus de l’Etat, ce n’est pas du tout aisé. On avait surtout le problème de communication, pour envoyer les informations à nos chefs hiérarchiques ce n’était pas du tout chose facile. Aussi en notre temps, il n’y avait pas de matériels adéquats. Pour des gens qui manipulent les deniers publics, il fallait être nous même bien protégés, et protéger les fonds qui sont placés sous notre responsabilité. C’était compliqué car la sécurité n’était pas trop renforcé et on peut être victime des hors-la-loi. Un receveur percepteur qui est dans une commune a une lourde tâche à lui confiée, car il gère à la fois l’argent de l’Etat et de la commune ou il travaille et les deux dans une même caisse donc c’est à lui de savoir gérer et repartir pour chacun. Comme risque également il faut dire que dans notre secteur on peut être facilement la cible des mauvais esprits et quand on n’est pas trop vigilent on peut tomber facilement dans leurs mailles. Comme mauvais esprit, je veux parler de ses individus qui propose des moyens de multiplication de l’argent au gens, ils te diront qu’ils ont des moyens, genre par la magie ou je ne sais quoi pour t’aider à multiplier ton argent et à devenir riche. Ces cas sont souvent fréquents dans notre domaine et si tu n’es pas vigilent tu peux facilement passer de l’autre côté mais aussi on est beaucoup exposer à des maladies pour le fait de toujours toucher à l’argent. Il faut donc régulièrement visiter les agents de santé et prendre du lait pique après contacte avec l’argent car c’est souvent de grosse somme on est appelé à compter.

Racontez-nous le moment le plus heureux de votre carrière

Comme moment heureux, je parlerai de ma nomination au poste de receveur percepteur d’abord à Bembéréké puis à Savalou. C’est des moments que je ne pourrai pas oublié, car le travail bien fait paye toujours. Je ne sais pas si c’est à cause de la confiance que mes patrons avaient en moi ou je ne sais quoi. Mais après mes 5 ans de service à Bembéréké, je devais céder la place à quelqu’un d’autre, mais celui qui devrait prendre ma place a décliné l’offre. Mes patrons m’ont donc proposé d’entamé l’année qui suivait là-bas, donc au lieu de 5 ans j’ai passé 6 ans à ce poste. Après ce temps passé là, j’ai été affecté à Savalou et contre tout hasard, j’ai encore maintenu le même poste de Bembéréké à Savalou. Ce qui est bizarre j’ai été nommé deux fois pour un même poste par deux ministre différents avec qui je n’avais aucune relation particulière. J’étais vraiment fier de moi-même.

Qu’en est-il du moment le plus malheureux ?

Comme moment malheureux. Il arrive qu’on nous envoie en mission et on nous demande d’exécuter certaines tâches mais les moyens n’accompagnaient pas toujours. Cela rendaient triste et ça démotive. Quand la situation se présente, je me pose la question de savoir qu’est ce qu’il y a lieu de faire, s’il faut arrêter ou continuer toujours. Il arrive qu’on soit invité à trois différentes réunions le même jour et il fallait qu’on réponde à tout, car dans le temps il n’y avait pas d’agent spécial pour aller agir en lieu et place du patron. J’étais obligé de me plier en quatre pour répondre partout où j’étais sollicité malgré moi. Je cherchais à avoir une petite idée sur les différentes réunions et en fonction de l’importance je choisissais où aller en premier. Vraiment j’ai mal vécu cela.

Un message à l’endroit des jeunes qui veulent emboiter vos pas

Je leur dirai d’avoir l’amour du travail. Le travail d’abord et le reste viendra après, il ne faut pas être pressé. Aussi être beaucoup à l’écoute des autres et surtout respecter les aînés, sa hiérarchie car cela joue beaucoup. Si vous êtes du genre inconscient, quelqu’un qui nargue les patrons, facilement vous allez échouer et vous retrouver de l’autre côté car ce secteur est vraiment très sensible et facilement on peut tomber. Je leur demande alors d’avoir beaucoup de patience.

Votre mot de la fin

Je remercie votre journal pour la confiance placée en ma personne, et je vous souhaite plein succès. Et aussi aux collègues qui sont encore en poste, je leur souhaite beaucoup de courage et de sagesse.

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