SANTÉ FÉMININE : Tout sur l’endométriose

2 ans ago | Written by
17 128 vues
0 0

L’endométriose, une maladie longtemps ignorée, est parfois très difficile à vivre au quotidien. Elle est responsable de douleurs pelviennes invalidantes et aussi, dans certains cas, d’infertilité. Docteur Tairou, epouse Kaki Adama, gynécologue au Centre Hospitalier Universitaire (Chu) Zone sanitaire de Calavi, apporte des réponses aux interrogations sur l’endométriose. 

Grâce ADJE (Stagiaire depuis la Russie)  

Daabaaru : Bonjour Docteur. L’endométriose est une maladie féminine, encore très mal connue. Pouvez-vous nous dire, de façon simple, ce que c’est exactement ?

Docteur Tairou : Effectivement, l’endométriose est une pathologie, encore mal connue qui touche entre 11 et 20% de la population féminine. Elle peut se définir comme une greffe de cellules endométriomes en dehors de l’utérus qui est leur siège habituel. Cette couche qui tapisse la cavité utérine migre et peut se retrouver dans le péritoine, dans le muscle utérin et là on parle d’adénomiose. Elle peut également se retrouver dans la vessie, dans le rectum, … En fait, ces cellules endométriomes peuvent se retrouver dans n’importe quelle partie du corps humain, parfois même dans les narines. Il faut souligner que ces tissus qui ont migré d’autres organes, gardent leur fonctionnalité pendant les menstrues.

Comme toute maladie, l’endométriose a certainement aussi des symptômes. Quels sont-ils ? 

Il faut dire que quand les tissus migrent et se retrouvent sur d’autres organes, il va se passer une inflammation tout autour de ces tissus là, puisqu’ils sont des corps étrangers loin de leur milieu habituel. Et c’est de ces inflammations que découle la douleur, premier symptôme de l’endométriose. Un autre symptôme, les saignements au niveau des zones d’implantation des cellules endométriales.  Nous constatons donc que les femmes touchées par l’endométriose, pendant les règles, souffrent par exemple d’épistaxis quand la cellule se retrouve dans les narines, d’hématurie quand c’est dans la vessie et de rectorragie si la cellule se retrouve dans le rectum. Les saignements dans la cavité abdominale, malheureusement, ne peuvent être évacués et de ce fait, augmentent la douleur. On peut également avoir comme symptôme, la dyspareunie profonde qui désigne la douleur ressentie par la femme pendant les rapports sexuels lors de la pénétration.  Tous ces différents renseignements, on les a pendant l’interrogatoire de la patiente et lorsqu’on l’examine, au moment de la palpation, elle peut ressentir une douleur dans la partie pelvienne, c’est-à-dire au bas ventre. Quand on pose le speculum, lors de l’inspection on peut découvrir des nodules dans la paroi vaginale, au niveau du col et du cul de sac de Douglas. Habituellement, pour poser un diagnostic définitif, nous demandons des examens complémentaires tels que : un test sanguin, le Ca125 qui peut être très élevé comme dans le cas d’un cancer des ovaires, une échographie qui permettra de retrouver des signes au niveau de l’utérus et une hystérosalpingographie. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de pratiquer l’imagerie par résonance magnétique (Irm) qui est également d’un grand recours pour poser le diagnostic mais l’examen de référence est la cœlioscopie qui donne à la fois la possibilité d’évoquer le diagnostic et de traiter le mal.

Quelles sont les causes de ce mal, et dites nous, quel impact sur le pronostic vital ?

Les causes de l’endométriose, à ce jour, ne sont pas vraiment connues. Néanmoins plusieurs hypothèses ont été émises. La première et la plus importante étant le flux menstruel rétrograde. C’est-à-dire, qu’au lieu que le sang des règles coule vers le bas, il remonte par les trompes pour se retrouver dans la cavité abdominale, emportant ainsi avec lui des cellules endométriales. Ces cellules se multiplieront et vont ensuite migrer, tout en conservant leur fonctionnalité. La deuxième hypothèse porte sur les facteurs immunitaire et génétique. Parfois quand une mère a souffert d’endométriose, sa ou ses filles en souffrent également.

Tout cela peut être extrêmement douloureux mais la femme atteinte d’endométriose n’en meurt pas. Les symptômes de l’endométriose ont plutôt un impact majeur sur la qualité de vie des personnes atteintes avec une répercussion importante sur leur vie personnelle et conjugale mais également professionnelle et sociale.

Quels traitements pour les personnes souffrant de cette maladie ?

Il existe deux types de traitements de l’endométriose. Le traitement médical, basé principalement sur les analogues de la Lh-Rh, le Decapeptyl que nous utilisons fréquemment et les macroprogestatifs comme la Surgestone. Et le traitement chirurgical, la cœlioscopie, que je pense être la meilleure option, permet de détruire les différentes lésions endométriosiques. Toutefois, si la patiente n’a pas les moyens de faire la cœlioscopie, il existe la laparotomie, qui est aussi un moyen chirurgical permettant de coaguler les lésions.

Quels conseils avez-vous à donner aux femmes, mais surtout aux femmes ayant des règles douloureuses ?

Toute femme en âge de procréer doit consulter un gynécologue. Il ne faut pas toujours attendre d’avoir les symptômes avant d’aller en consultation. Dès que la jeune fille commence ses premières menstrues, la mère se doit de l’emmener voir un gynécologue afin de s’assurer que tout va bien. Et en cas de dysménorrhée c’est-à-dire de règles douloureuses, il faut forcément aller consulter son médecin.

Votre mot de la fin docteur

L’endométriose est une pathologie, malheureusement encore mal connue car son diagnostic est parfois difficile. Elle est source de divers maux allant de la dysménorrhée à l’infertilité. Il urge donc de consulter son gynécologue.

 

Article Categories:
A la une · Santé

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Daabaaru