SUICIDE : Les causes profondes d’un acte abominable

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SUICIDE
Les causes profondes d’un acte abominable

Un cas de suicide au quartier Wansirou gare à Parakou

Un cas de tentative de suicide au carrefour de l’aérodrome à Parakou

La chose la plus précieuse qu’instinctivement tout être humain cherche à préserver est la vie. Cependant, il arrive des situations qui poussent certaines personnes à se donner la mort pour une raison ou pour une autre. La fréquence des cas de suicide dans la cité des Koburu devient de plus en plus inquiétante ces derniers. Cette situation déplorable fait plus de ravage au sein de la jeunesse qui est considérée comme le fer de lance de tout développement. Pour une prise de conscience des éventuels candidats à cet ignoble et abominable acte, il est important d’analyser les réelles causes qui peuvent pousser un individu à s’ôter la vie surtout à la fleur de l’âge, et la part de responsabilité de la société dans ce fléau.
Barnabas OROU KOUMAN

Corps suspendu en l’air, retenu par une corde au cou et attachée à une branche d’un arbre. C’est la découverte à laquelle sont habituées les populations de Parakou depuis un certains temps. A la première vue, on pourrait penser à des cas d’assassinat, mais loin de là, il s’agit des situations où des individus choisissent de se donner délibérément la mort en se pendant. Ce phénomène prend une proportion inquiétante compte tenu de sa recrudescence dans le rang des jeunes. Les derniers cas enregistrés à Parakou concernent particulièrement des jeunes gens âgés entre 25 et 30 ans. Une tranche d’âge à laquelle l’homme est rempli a priori de vie et d’envie de vivre. Ces situations ne viennent pas ex nihilo. Plusieurs facteurs peuvent expliquer le fait que certaines personnes pensent recourir au suicide à fleur de l’âge.

Les éventuelles causes de cette situation

 
Les raisons qui peuvent pousser un être humain à penser à se suicider peuvent être de deux ordres. D’une part on peut distinguer les raisons humaines et d’autre part les raisons surnaturelles.
En ce qui concerne les raisons humaines qui peuvent motiver un homme à opter pour le suicide, il est à noter au premier rang, les vicissitudes de la vie. Parfois certaines personnes se voient accablées par des problèmes de la vie qu’elles estiment insupportables. Le plus souvent, ces personnes se sentent seules dans la vie face à des situations difficiles qu’elles traversent. « Il y a deux ans en arrière, peu s’en est fallu que je me donne la mort. Il avait tellement de problèmes qui m’accablaient jusqu’au point où je ne savais plus ce que je faisais sur terre », confie Stéphane Ayimèvo vendeur de bois à Parakou. Il ajoute par la suite, « cette nuit là j’ai déjà tout préparé pour m’achever. J’étais entrain d’écrire la note à laisser à mes parents quand de la radio du voisin, un pasteur prêchait et disait ‘’ne pense jamais à te suicider à cause de tes problèmes, c’est parce que tu es à un jour de la solution que cette idée te hante…’’. Ce message m’a traversé comme s’il me voyait. J’ai pleuré toute la nuit ». Le témoignage de Stéphane n’est qu’un parmi tant d’autres. Comme tente d’expliquer ici le sociologue Sotima Saï Tchamtipo enseignant-chercheur à l’université de Parakou, « Selon les classiques sociologiques, un individu peut-être amené à se suicider lorsqu’il s’individualise, lorsqu’il ne se sent plus insérer dans les liens sociétales, les relations familiales ou professionnelles, il se sent seul au sein de la société, il n’a plus à qui se confier, à qui poser ses problèmes, il n’a pas d’autres choix, il se sent dos au mur alors selon Émile Durkheim l’individu se fragilise et s’individualise davantage et n’a pas beaucoup de choix que de se donner la mort puisqu’il ne sent pas une solidarité autour de lui ». Pour le sociologue, d’autres facteurs liés à certaines conceptions propres à certains peuples peuvent justifier le fait que certaines personnes se donnent volontairement la mort. Il évoque le cas des peuples Baatoonu qui préfèrent mourir plutôt que de subir certaines hontes. Ces peuples parlent même de la ‘’mort d’honneur’’. Ces genres de conception se retrouvent également chez d’autres peuples africains.
En dehors de ces causes plausibles, d’autres causes sous tendent ce fléau en Afrique.
Par des forces surnaturelles, un homme peut être poussé à penser s’ôter la vie. Il y a en Afrique cette puissante maléfique qui existe toujours dont certains individus mal intentionnés utilisent pour détruire leurs prochains par jalousie ou par méchanceté, a laissé entendre le sociologue.

Les conséquences de cet acte

« Le suicide est un péché grave et mortel mais l’église réserve des funérailles religieuses aux suicidés », constate le prête catholique Simon Tankloufouè curé de la paroisse sainte Thérèse de Titirou. Ainsi, dans toutes les religions au monde le suicide est formellement désapprouvé. L’islam condamne avec véhémence cette attitude d’autodestruction, c’est ce qu’a laissé entendre Issa Mouhamed prêcheur à la mosquée Al Houda à Parakou.
Sur le plan social, le suicide est un acte horrible qui fait peur, surtout aux enfants. Ces genres de scènes traumatisent les populations. Les membres de la famille d’un suicidé gardent les séquelles morales de cet acte toute leur vie durant. Père Simon Tankloufouè renchérit, « la vie humaine est un don de Dieu et nul n’a le droit de se l’ôter. La tradition chrétienne de manière unanime condamne même si elle a évolué sur l’attitude vis à vis des suicidés qui est aujourd’hui très accueillante. Il est donc dit que l’homme ne s’appartient pas ».
Plus loin en citant le pape Pie XII, il ajoute, « c’est un des principes fondamentaux de la moralité naturelle et chrétienne que l’homme n’est pas maître et possesseur, mais seulement un usufruitier de son corps et de son existence ».

Approches de solution

Pour éradiquer au sein de la jeunesse, ce désir de s’ôter la vie, un accent particulier doit être mis sur le sens de la vie dans l’éducation des enfants depuis leur bas âge. Le rôle des confections religieuses est primordial dans cette situation. Les leaders religieux doivent inculquer aux fidèles une attitude positive devant toute situation de la vie en comptant sur l’aide du Très Haut. Comme essaie de le dire le prête Simon Tankloufouè, « il faut donc que tout homme ait foi et espère en Dieu le créateur, se dire que tout ce qui arrive de bon ou de mauvais est Sa volonté. Et savoir que la prière est la plus puissante des solutions à tout problème ». Cet avis est d’ailleurs partagé par l’islamologue qui pense que c’est le manque de foi qui peut pousser un homme à cet extrême. Par ailleurs, en toute situation les parents doivent veiller sur les faits et les gestes de leurs progénitures surtout au cas où ceux-ci traverseraient des moments de dépression.
Au demeurant, il est important que chaque homme sache que « rien ne vaut la vie et la vie ne vaut rien ». Dans la vie chaque problème a sa date d’expiration et comme le disait un célèbre auteur, « l’homme est un apprenti dont la souffrance est le maître ; et nul ne peut se connaître tant qu’il n’a pas souffert ».

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