SUPPOSEE ORIGINE ‘’BOO’’ DU TRÔNE DE NIKKI : Des membres du groupe de réflexion Gradscb contredisent l’historien Oumarou Bani Guene . La réaction de quelques sachants

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Les membres du Groupe de Réflexion et d’Action pour la Défense et la Sauvegarde de la Culture Baatonu (Gradscb) ont eu le 16 janvier 2022, une rencontre d’échange. Une sortie qui fait suite à l’intervention sur une chaîne de radio, de l’historien et archéologue Oumarou Bani Guene au cours de laquelle il a affirmé que l’ancêtre Kissira dont les descendants ont créé le trône de Nikki serait d’origine ‘’Boo’’. De cette affirmation, l’historien estime que le trône de Nikki appartient aux peuples ‘’Boo’’. Des propos que ne soutiennent pas les membres du Gradscb qui ont décidé d’apporter des démentis formels. Voici ci-dessous la réaction de quelques membres transcrits par Michel Bio Olou Sabi Baraga, enseignant des lycées et collèges à la retraite et écrivain, en qualité de secrétaire de séance. 

Samira ZAKARI

Salifou Daran, ancien fonctionnaire de la Bceao de Parakou, amoureux de la culture Baatonou

« La réaction de l’historien et archéologue Bani Guene est normale parce que participant d’un peuple minoritaire selon les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitation (Rgph 3) de l’année 2002, soit 9,2% pour le groupe Bariba dont 8,3% au Baatonou, 0,8% au Boo et 0,1% au Boko barou ( Cf population en % selon les groupes socio-linguistiques et leurs composantes en 2002). Le sous-groupe boo est moins important que le baatonou avec lequel il partage une certaine partie du territoire tout comme certains rites. L’historien et les siens cherchent à saisir l’opportunité de la décision gouvernementale de la réécriture de l’histoire nationale. Leur seule manière de saisir cette opportunité est d’alerter l’opinion nationale en s’appropriant l’histoire de Nikki, a conclu l’ancien fonctionnaire de la Bceao de Parakou ».

Yarou Méré Clément Gounou Biri alias Agbea Baka

«  Mon jeune frère Bani Guene Sarè Oumarou est en train de donner un coup d’épée dans l’eau. La première grosse erreur de notre historien et archéologue est de nous faire entendre et croire que l’ancêtre Kissira est boo et qu’en milieu boo, on ne distingue un boo d’un Wassangari, et que par ricochet, tous les boo sont Wasangari. Or, nos recherches nous ont permis de comprendre que Kissira n’est ni Boo ni Baatonou. On ne saurait appartenir à un groupe linguistique mandé venu de l’ouest et affirmer que son ancêtre éponyme est celui qui est venu de l’Est (Kissira) avec une origine ‘’mecquoise’’. Par contre, les Baatombou reconnaissent et admettent que le trône de Nikki est Wasangari, donc n’est nullement baatonou quand bien même aujourd’hui, comme on peut le constater, 95%, de ces Wasangaris ne parlent que Baatonum, jusqu’à la Cour Impériale de Nikki. Mieux, le trône de Nikki est patriarcal même si les dénominations des dynasties, les cinq sur six, sont d’essence matriarcale. On sait que les Boos constituent un peuple accueilli par les maîtres du terrain qui sont appelés Tchenga. Ils sont ainsi une variante du peuple Malinké, qui vient donc de l’Ouest. Ils font partie des conquêtes de Sony et des Askia et ont demandé asile aux Tchenga. Ainsi, les Boos sont d’origine bissa et sont appelés boussanké dans la zone septentrionale du Borgou. En clair, Kissira dont les descendants ont créé les trônes de Nikki, Boussa et Ilo ne saurait être Baatonou, encore moins Boo. Il est Wasangari, un vocable haoussa signifiant ‘’d’où vient-il’’ par référence à l’étranger dont l’origine n’est pas connue. Et si ce vocable qui caractérise le groupe migrant de Kissira n’est pas connu en milieu boo, alors qu’il l’est en milieu baatonou, il y a lieu de se poser des questions. Au niveau du peuple boo, s’agit-il vraiment du même Kissira ? Alors que celui évoqué en milieu Baatoonu a séjourné d’abord ou du moins a traversé le pays haoussa où son groupe a reçu le surnom de Wasangari avant d’atterrir à Boussa pendant environ un siècle.

On comprend donc que ce séjour prolongé en milieu bissa leur a fait perdre complètement leur langue d’origine pour ne parler que le bissa, laquelle à son tour sera délaissée pour s’intégrer dans la culture baatonou.

S’agissant du concept Zoana=petit esclave chez les Boos, aux dires de l’historien et archéologue Bani Guene Oumarou, les concepts suivants n’existent pas du tout chez les Boos. Il s’agit de Nɛn bwãabu, nɛn bɔrɔba, bè ba man yɔ̃sirima, qui signifient ‘’ mes fidèles compagnons, mes disciples, mes apôtres ’’ que les Boos assimilent au concept de Zoana= petit esclave.

C’est heureux de savoir que le concept Zoana a évolué et l’historien qui, hier soutenait depuis des décennies, que le souverain de Nikki (Zokia) est le roi des esclaves assimilés aux Baatombou, professe que ce souverain est appelé Kia : celui à qui Dieu a donné le pouvoir de commander un espace, un peuple et donc d’avoir des esclaves à son service.

Ceux qui soutenaient hier que le Baatonou est l’esclave du Boo, reconnaissent implicitement que les esclaves ne sont rien d’autres que ceux qui sont à son service.

Et un groupe minoritaire ne saurait par ailleurs occuper 30% d’un territoire laissant les 70% à plus de cinq ethnies dont le Baatonou. Le partage de la même culture entre les deux peuples reste cependant à aborder avec prudence. Et si le Baatonou est reconnu comme un être hospitalier par excellence, il semble que ce n’est pas le cas chez les Boos, a conclu Gounou Biri Yarou Clément.

En 1999, Mr Sacca Désiré en tant que chef de la circonscription urbaine de Parakou, reconnu aujourd’hui sous le titre nobiliaire de SABI Oyo alias sa Majesté Sounon Teeku, chef de la communauté baatonou de la Zone méridionale de notre pays et le Professeur d’Université, archéologue de son état Jérôme Obarê Bagodo, sont allés à Ségbana pour la restitution des travaux du Colloque Borgou 98 de Parakou. Ils ont cherché à savoir les circonstances dans lesquelles il y a eu une ou des guerres entre Baatombou et Boo pour en arriver au concept de Zoana=petit esclave et Zokia= Sinaboko, roi des esclaves Baatombou.

Curieusement, aucune explication n’a pu être apportée ni donnée à cette occasion. Et aussi curieux que cela puisse paraître, est-il concevable qu’un Seigneur partage le trône avec son esclave ?

Et pourtant, c’est dans le milieu baatonou que le pouvoir wasangari a atteint son apogée, avec à la clé, des ramifications dignes de l’héritage du trône wasangari de Nikki. Est-ce cela qui agace ceux qui aujourd’hui donnent des coups de boutoir à l’histoire ?

D’ailleurs, à la cour impériale de Nikki, les premières personnalités qui font allégeance au souverain sont toutes des têtes couronnées autochtones baatombou. Et mieux, le débat baatonou-boo n’existe pas du tout au niveau de cette cour. Seul le Wasangari accède au trône : parle-t-il baatonou, boo ou autres langues du fait de son lien matriarcal, cela importe peu. 

Et si tel est que le trône de Nikki est boo, pourquoi la langue boo n’est-elle pas devenue une langue principale qu’aurait prescrite le père fondateur des dynasties et du trône de Nikki ? Dans tous les cas, aussi bien le débat tout comme les recherches, se poursuivent, a conclu enfin sa majesté Sounon Teekou, cet ancien Administrateur du Trésor à la retraite ».

Lafia Hussein

« Cet éminent économiste Gestionnaire et chercheur du Barutem local Government de Konsubosu au Nigéria, n’a pas eu sa langue dans la poche pour faire ressortir les erreurs et insuffisances grossières contenues dans l’intervention radio-diffusée de l’historien et archéologue Bani Guene Oumarou. Il donne des précisons suivantes compilées dans un article intitulé ‘‘Qui a sa terre ’’ ? ‘’Qui sont venus retrouver qui’’ ? (Article écrit en Anglais). Les premiers occupants furent les Baatombou et les Boos. Les autochtones boos sont appelés les Zouins. Ceux des Baatombou sont des baaton geobu ou roturiers. Sur le territoire boo, il existe donc les Zoins dits autochtones avec des tombes rondes, et les Maïbi dits étrangers ou wasangari avec des tombes longues ou rectangulaires. Idem qu’en milieu baatonou. Les Maïbi sont arrivés et ont retrouvé les autochtones boo « les Zoins ». De leur union sont nés des wasangari chez eux. Il en est de même chez les Baatombou autochtones avec le wasangari. En clair, le wasangari n’est pas boo en territoire boo. Idem pour le pays baatonou.

En effet, le premier village où les boos autochtones « Zouins » ont installé les « Maïbi », s’appelle Gaosi. Les Zouins avaient leurs Sinaboko appelé Gbaoki. Il partageait le trône avec les Rois Kimesi de Kaïyama, Kisama gbasaoki etc. Kissira n’est pas arrivé en Afrique, encore moins au Borgou. Ce fut le roi de Boussa qui sema la confusion avec l’arrivée du Blanc colonisateur anglais au Nigeria en affirmant que sa royauté vient de Kissira, ce roi persan. Erreur grossière. Il voulait avoir de la hauteur aux yeux du colonisateur. Les recherches scientifiques sont très bien avancées à ce sujet, a conclu Lafia Hussein aux fins de finir un jour avec ce sempiternel débat d’ailleurs suranné.

Sariki Bachirou, enseignant de collège et fils de l’Emir Sabi Kpassi II de Yashikirou au Nigeria

« L’intervention de l’historien et archéologue Bani Guene contient des vérités et contre-vérités à relever pour éviter des confusions terribles. Les premiers occupants du BORGOU historique sont des Baatombou, Boo et certains peuples de l’Atacora (les Somba, les Takpôbou). Ce sont eux les peuples autochtones que les étrangers dits « wasangari » sont venus trouver sur leur territoire. Il y a eu union entre ces wasangaris notamment entre Simè Dobidia et des femmes boo (3) et des femmes Haoussa (1) et Baatombou (1). Les enfants issus de ces unions sont des fils wasangari qui accèdent au trône de Nikki qui n’est cependant ni boo, ni baatonou, ni haoussa. Le concept Wasangari est en langue Haoussa qui signifie d’où vient-il ? En clair, Kissira et ses descendants ne sont ni boo, ni baatonou.

Michel Bio Alou Sabi Baraga, Enseignant de Lycées et Collèges à la retraite, chercheur et écrivain, défenseur de la culture baatonou 

« Au-delà de ce que les uns et les autres ont dit de ces deux peuples qui ont vécu des siècles durant dans la paix totale, il y a lieu de se demander ce que nous veulent nos frères intellectuels boo ? Par ce débat infructueux, incestueux, dit –il, les Boo aspirent-ils à un vouloir vivre ensemble ? Veulent-ils ou recherchent-ils la dislocation de cette union sacrée, de cette expérience séculaire et exceptionnelle vécue par ces deux peuples de façon merveilleuse comme le dit lui- même Bani Guene ? C’est à croire qu’ils ont toujours été en mission. Le groupe estime que le retour perpétuel du débat sur la même histoire est sans issue. L’historien et les siens défoncent une porte ouverte en ramenant de façon récurrente ce débat entamé depuis 1989 et pour lequel, ils n’ont jamais trouvé d’éléments pour convaincre l’opinion nationale et internationale ».

Pour le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Défense et la Sauvegarde de la culture Baatonou (Gradscb)

 

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