TRAVAIL DES ENFANTS AU BÉNIN : Quand des âmes innocentes servent de fonds de commerce

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Au Bénin, à l’instar des autres pays de l’Afrique, le travail des enfants est de plus en plus préoccupant en dépit des sensibilisations faites par le gouvernement et les Ong. Exploitées à des fins économiques dans différents secteurs, ces âmes innocentes payent le prix fort de la précarité de leurs parents. Privés de leur épanouissement, ils grandissent traînant des séquelles douloureuses de leur enfance peu ordinaire.
Samira ZAKARI

Regard triste visiblement assombri par la fatigue, pieds recouverts de poussières dans des sandales amorties, Rama A. âgée de 9 ans, est une vendeuse de beignets (atchomon) dans la commune d’Abomey-Calavi. La petite fille qui, depuis 6 mois, vit loin de ses parents basés à Copargo dans le département de la Donga, est placée auprès d’une tutrice qui l’emploie comme domestique. Chaque jour, elle passe ses journées dans les rues de la cité dortoir où elle vend sa marchandise.

En effet, le travail des enfants est une réalité au Bénin et le cas de Rama A. n’en est qu’un sur mille. Selon Hélène Lokonhoundé, responsable du Centre de Promotion Sociale (Cps) Parakou 2, «on entend par travail des enfants, toutes formes de force auxquelles les enfants sont soumis ou toutes tâches qu’on amène les enfants à effectuer à un but lucratif et qui leur demande une dépense d’énergie supérieure à leur âge». Le travail des enfants s’observe de plus en plus dans les ménages, les carrières, les marchés, les chantiers où ils sont exploités pour différentes tâches. Pourtant le code de l’enfant, en son article 5 est clair. «L’utilisation de la main-d’œuvre infantine est interdite en République du Bénin sauf dans les cas prévus par la loi et les conventions internationales».

Quand les enfants servent de fonds de commerce

À la place de la protection qu’ils devaient recevoir de leurs parents, certains enfants comme la petite Rama sont plutôt utilisés comme fonds de commerce par leurs responsables. A en croire Hélène Lokonhoundé, la pauvreté est l’une des premières raisons qui poussent les parents à envoyer leurs enfants travailler au lieu d’aller à l’école. «Les parents qui ont beaucoup d’enfants mais n’ont pas les moyens pour s’en occuper trouvent la voie facile pour envoyer ses enfants auprès d’autres personnes pour travailler afin de leur faire gagner de l’argent», a expliqué la responsable du Cps Parakou 2.
C’est ce que confirme d’ailleurs Rama A. qui avoue que «chaque fin du mois, ma patronne envoie l’argent de mon travail à mon père pour nourrir mes 8 frères et sœurs au village. Ma mère va utiliser une partie pour acheter mes bols qu’elle va garder pour mon mariage quand je vais rentrer. Grâce à ce travail, j’aide ma famille».
Jacob 11 ans, apprenti vulcanisateur à Abomey-Calavi dit avoir quitté l’école face à l’incapacité de ses parents à lui acheter les fournitures scolaires. Outre la pauvreté, l’on note l’irresponsabilité de certains parents qui n’accordent aucune attention à leurs enfants. Après la naissance, les enfants sont livrés à eux-mêmes.

Quid des conséquences ?

Le travail des enfants est une pratique qui prive l’enfant de son enfance et de l’amour maternel. À cela s’ajoutent, «le retard de croissance. On a pour preuve, des enfants qui, sans même avoir l’âge d’être soumis à une formation professionnelle, sont souvent sur des chantiers surtout dans le domaine de la maçonnerie. Ces enfants sont exposés à des problèmes de santé et surtout les cancers, les accidents de travail qui laissent des séquelles sur les enfants», a présenté Hélène Lokonhoundé. Le travail des enfants entraîne aussi des traumatismes psychologiques qui suivent les enfants durant toute leur vie. «Il y a des enfants qui se replient sur eux-mêmes parce que ayant subi des violences. Ils deviennent introverti, difficilement sociable », croit savoir la responsable du Cps Parakou 2.
Dans le cas des enfants travaillant comme vendeuses dans les marchés, ils sont sujets aux accidents de la route, les enlèvements et même les viols. Soumettre les enfants à des travaux avant 14 ans, âge réglementaire pour apprendre un métier au Bénin est une violation de leurs droits. De même, selon un adage populaire, «un enfant bien éduqué constitue la retraite de ses parents». Pour la responsable du Cps Parakou 2, «il urge que les parents œuvrent pour mieux s’occuper de leurs enfants. En cas de difficultés, ils peuvent solliciter l’aide de l’État à travers les Cps. On peut les aider en essayant d’élaborer avec eux, des projets de vie, des alternatives pour pouvoir mieux s’occuper de leurs enfants ».

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