UNE VIE UN METIER : Jean Tchoba revient sur les temps forts de sa carrière

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Pour ce deuxième numéro de votre rubrique une vie un métier, votre journal est allé à la rencontre de Jean Tchoba, fonctionnaire dans l’administration publique à la retraite et ancien agent de l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Bénin (Ortb). Pendant 30 ans de carrière, il a beaucoup contribué au fonctionnement de l’administration publique béninoise et de la maison Ortb où il a passé les derniers moments de sa carrière professionnelle. Ce dernier nous plonge ainsi, dans les méandres de sa profession. Lisez plutôt. 

Daabaaru : Parlez-nous de votre fonction dans l’administration publique et par la suite à l’Ortb ? 

J’ai été recruté en 1978, au ministère du travail et de la fonction publique. J’étais chargé de la gestion des fournitures de bureau et par la suite, j’ai été muté au service concours. J’étais chargé de l’organisation des concours comme la douane, le trésor, les eaux et forêts etc… J’ai fait un temps dans le service et c’est après ça que, le ministre Adolphe Biaou, a souhaité que je sois à ses côtés. C’est alors que j’ai été envoyé à son cabinet en tant qu’attaché de presse. Et dans le même temps, je le représentais au Comité National des Fêtes Réception et Manifestations Officielles (Conafermo). On était chargé d’organiser les manifestations nationales et de recevoir les grandes visites comme celles des présidents des pays voisins, quand ils viennent au Bénin. J’étais là, quand en 1983, j’ai perdu mon papa. C’était une épreuve douloureuse pour moi. C’est ainsi que j’ai demandé à être muté au Nord, pour m’occuper de ma vielle et du reste de la famille. Ça n’a pas été facile, parce que pour le ministre, ce n’était pas possible que je le laisse tout seul. Difficilement, il a accepté ma requête. Il ne savait pas trop dans quel service m’envoyer au Nord et heureusement, cette période a coïncidé avec la création de la station de l’Ortb à Parakou. C’est comme ça, je me suis retrouvé au sein de l’administration de cette maison, en avril 1983. J’étais chargé dans un premier temps, du personnel et des fournitures de bureau. À mon arrivée, j’ai trouvé qu’au niveau des disques compact utilisés par les journalistes, tout était en vasque. Je me suis donc organisé et j’ai regroupé tous les disques qui traînaient. C’est ainsi que j’ai tout fait, pour qu’on ait aujourd’hui une discothèque à l’Ortb. J’en ai fait de même pour les journaux. On était abonné à des journaux tels qu’Ehouzou, Jeune Afrique. Mais, j’ai constaté qu’ils disparaissaient, les gens ne les retournaient plus à leur place après lecture. J’ai donc proposé à mon chef d’alors, Jacques Damata, de faire la reliure de tous ces journaux. Quand vous allez à la bibliothèque de l’Ortb aujourd’hui, vous allez trouver ce condensé des anciens journaux qui peuvent même servir pour des recherches.

Parlez-nous des avantages liés à vos fonctions respectives

Assez d’avantages. C’est vrai qu’en notre temps, on ne gagnait rien de bon sur le plan matériel mais, cette chance d’être au ministère m’a offert d’autres opportunités. Je côtoyais de grandes personnes, je me suis fait pas mal de relations. C’était un grand avantage de mon séjour dans ce domaine. A l’Ortb, je fais partie des premiers agents de l’administration de cette maison. Nous sommes donc en quelques sortes, ceux qui ont contribué à ce que cette maison est devenue aujourd’hui. Aussi, faut-il dire que j’étais à tous les fronts à la fois à l’Ortb. J’étais moi seul, chef personnel, chef service financier, chef matériel, et autre chose encore. C’était pour moi, un vrai plaisir de me rendre disponible, de servir tous ceux qui étaient sous ma responsabilité. Il faut dire aussi que, je me suis beaucoup fait connaître par la radio surtout grâce aux rapports d’écoute. En effet, en ce temps, les autres pays qui nous écoutaient, voulaient savoir, c’est qu’elle radio ils suivent. Donc c’est moi qui répondais à tous ces correspondants que se soit de la Ferland, des Etats-Unies d’Amérique, de la Hollande. Je les rassurais de ce que la station qu’ils ont écouté, est du Bénin. C’est aussi un avantage. Et il y en a plusieurs d’autres, que j’ai pu avoir grâce à mes fonctions.

Qu’en est-il des difficultés alors ? 

Comme difficultés, il y en a eu aussi surtout à l’Ortb. Comme je l’ai dit plus haut, j’occupais plusieurs postes à la fois. Ce n’était pas chose facile. En tant que chef qui était chargé de payer les salaires du personnel, j’ai fait pratiquement trois ans sans recevoir de primes. C’est après, que mon patron a plaidé au niveau de la hiérarchie, pour qu’on m’octroie une prime de 3 milles Fcfa le mois. Il faut dire aussi que j’ai travaillé sans moyen de déplacement, je me déplaçais avec mes propres moyens. Au niveau des matériels de travail aussi, au fil du temps, les pièces qu’on utilise pour l’émetteur ont commencé par nous lâcher. Ce qui a fait qu’on arrivait plus à émettre loin, et les auditeurs même se plaignaient. Donc, ça fait partie des difficultés, mais avec le temps, les choses se sont améliorées.

Racontez-nous le moment le plus heureux de votre carrière ? 

Je n’ai vraiment pas d’histoire particulière à raconter. Mais il faut dire que moi, ce qui me faisait plus plaisir, c’est rendre service. Je me sentais bien en le faisant. C’est d’ailleurs, ce qui m’a permis d’avoir la confiance de mon chef qui n’a pas hésité à me placer dans différents services au ministère. Et même le jour de mon départ, les collègues ne voulaient vraiment pas que je quitte.

Quels sont les moments qui vous ont marqué négativement ? 

Vous savez en Afrique, une fois que vous êtes placé à un poste, de loin, les gens pensent que tout va bien chez vous, que vous gagnez bien. Quand j’étais à l’Ortb, les gens se disent, c’est le chef matériel, c’est le chef service financier, il est bien, alors qu’on vivait la même situation. Les critiques étaient de trop et les gens allaient même jusqu’à contrôler mes plats à la cantine pour voir la qualité de mes mets. Les gens me mettaient les bâtons dans les roues alors que je n’étais pas vraiment bien qu’eux, comme ils le pensent. J’essayais d’être bon et simple avec tout le monde, mais certains traduisaient ça autrement. C’était de trop au point où, j’ai été obligé de demander pour la première fois, une demande d’explication à un agent. Chose que je m’étais juré ne jamais faire. Donc, ça fait partie des passages négatifs de ma carrière.

Quel message avez-vous à partager avec la jeunesse ? 

Je vais leur demander d’être bon dans tout ce qu’ils font et de ne pas toujours chercher la facilité. Le travail, quand vous le faite bien, il va payer forcément. Les petits avantages, ce n’est pas toujours ce qui arrange. Et je leur demande d’être le plus transparent possible dans ce qu’ils font. C’est le chemin du bonheur.

Votre mot de la fin 

Je vous remercie beaucoup pour cette occasion que vous m’avez offerte de parler de ma vie professionnelle.

Propos recueillis et transcrits par Samira ZAKARI

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