UNE VIE UN METIER : Retour sur le brillant parcours professionnel d’Euphrasie Mensah

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Elle se présente comme une référence au Bénin et surtout dans la région septentrionale, dans le domaine de l’enseignement. Elle, c’est Euphrasie Mensah professeur des Sciences de la Vie et de la Terre (Svt) à la retraite et actuelle directrice du Complexe Scolaire Privé (Csp) Roger Lafia de Parakou. Pendant 30 ans, cette brave dame s’est donné corps et âme pour redorer le blason de l’école béninoise et assurer la formation de nombres de cadre de ce pays. Votre quotidien s’est alors dans le cadre de sa rubrique Une vie un métier, rapproché d’Euphrasie Mensah qui livre tout sur sa brillante carrière professionnelle. Lisez plutôt.
Samira ZAKARI

 

Daabaaru : Pourquoi avoir choisi faire carrière dans le domaine de l’enseignement ?

Euphrasie Mensah : Je dirai que l’enseignement a été une passion d’enfance. Encore enfant quand on jouait au docteur, à papa, à maman, je me vois toujours en train de jouer à l’enseignante. Donc c’est comme ci c’était une voie tracée.

Comment avez-vous donc intégré ce corps de métier ?

Alors, il faut dire que dans les années 1980, le pays était en manque d’enseignant. Je m’étais inscrite à l’Université, à l’école de médecine, en première année, c’était le tronc commun. Donc la médecine, l’agronomie et la Cbg était tous ensemble en première année. À la fin de la première année, on devait passer un test de passage en deuxième année mais malheureusement je n’étais pas admise à ce test. C’est ainsi que j’ai été orienté en Cbg et j’ai choisi la branche enseignement pour réaliser mon rêve vu que le pays était aussi en manque. Je suis donc allée à l’école normale supérieure qui formait des enseignants du supérieur et de l’enseignement général. Après ma formation dans cette école, je suis sortie professeur certifié et j’ai été ensuite envoyé au Lycée Mathieu Bouké pour mon premier poste.

Quels sont les avantages de votre métier ?

Les avantages que j’ai trouvé là, c’est d’être entouré de la jeunesse puisqu’à chaque année, il y a toujours un renouvellement des élèves que vous devez former, éduquer. En dehors des notions de cours que vous devez leur donner, vous avez l’obligation de leur inculquer des valeurs qui leur permettront plus tard, de bien se comporter dans la société. Alors moi, ça me fait plaisir de jouer ce rôle là. En dehors de ça, lorsque vous allez dans un milieu où vous rencontrez vos anciens élèves qui occupent des postes importants et que c’est ceux-ci qui vous reconnaissent et viennent vers vous, ça fait vraiment plaisir. Je me sens fier d’avoir contribué à ce qu’ils sont. La joie est encore plus grande quand ces élèves emboîtent vos pas dans le domaine de l’enseignement et vont à un niveau supérieur au vôtre. Ça veut dire que l’élève a dépassé le maître et c’est très bien.

Qu’en est-il des difficultés ?

Des difficultés, c’est quand au moment de l’exercice vous vous trouvez face à une notion dont la compréhension n’est pas bien passée au niveau des apprenants. Vous faites tout pour accomplir votre mission mais vous sentez que vous n’y êtes pas arrivé puisque le message n’est pas passé. L’autre difficulté c’est de ne pas pouvoir relier ce qui se fait à l’école par rapport à ce qui se passe dans la vie quotidienne familiale de ces âmes.

Parlez-nous du moment qui vous a marqué négativement au cours de votre carrière ?

Comme moment qui m’a marqué négativement, il faut dire qu’à un moment donné de ma carrière, j’ai été affecté à Kandi où j’ai passé un an. J’ai trouvé cela injuste puisqu’en réalité, ma présence là-bas en tant qu’enseignante n’était pas vraiment utile. J’ai été envoyé là-bas en tant que professeur des Svt alors qu’il y en avait suffisamment dans la commune à l’époque, donc ma présence là-bas n’était pas nécessaire. C’est un moment qui m’a vraiment marqué.

Racontez-nous le moment qui vous a marqué positivement

Après les un an passé à Kandi, j’ai été réaffectée à Parakou au Ceg Albarika en 2001. Et là, j’ai été agréablement surprise lorsque les élèves que je tenais et qui me trouvaient quand même rigoureuse, ont pu identifier mon jour d’anniversaire. Et chaque année toutes les promotions qui sont passées depuis ce temps jusqu’en 2006 avant que je ne sois nommée directrice de ce collège, s’arrangeaient toujours pour me souhaiter un joyeux anniversaire. Je garde de très bons souvenirs de ce moment passé dans ce collège en leur compagnie. Et il faut dire que cela m’a permis de me renforcer dans mon désir d’être un bon enseignant.

Quel regard portez-vous sur la qualité de l’enseignement aujourd’hui ?

Bon, on remarque de nos jours que la conscience professionnelle n’est pas tout à fait ce qu’elle devait être chez la plupart. On pense plus à ce qu’on a, à gagner financièrement. L’enseignement est un métier formidable et moi si j’avais à reprendre dans une autre vie comme on le dit, je dis toujours que je demeurerai enseignante. Parce que, ça me permet non seulement d’éduquer les élèves que j’ai avec moi mais ça me permet en même temps d’être avec mes enfants en tant que mère. Alors, je dirai qu’un grand travail reste encore à faire sur la qualité de l’enseignement.

Un message à partager avec la jeunesse ?

J’invite la jeunesse à aimer ce qu’elle fait. Puisque si on se retrouve à exercer un métier qu’on n’aime pas, c’est le désastre et cela a des répercussions sur toute la Nation. Ne pensez pas qu’étant isolé, ce que vous faite n’a pas de répercussions, non. Et surtout dans le domaine de l’enseignement, on ne devient pas enseignant parce qu’on n’a pas trouvé mieux. C’est ce que nous remarquons malheureusement, on fait ça en attendant, ce qui est une grave erreur. On ne vient pas à l’enseignement après l’université, sans une formation professionnelle. On a des difficultés. Il est donc important de tenir compte de ce paramètre pour choisir ceux qui vont dans ce secteur. Et ceux-là, qu’ils prennent la chose à cœur lorsqu’ils y sont, ils doivent se dire que les élèves qui sont devant eux, ont besoin d’eux pour préparer leur avenir. Ils ont donc une grande responsabilité dans la vie de ces enfants qu’ils sont appelés à enseigner. Et ils auront les fruits de leurs efforts plus tard.

Votre mot de fin

Je vous remercie pour cette interview. Et s’il y a des oreilles qui entendent et qui peuvent réfléchir à remodeler ce qu’ils sont en train de faire, se sera tant mieux.

 

Propos recueillis et transcrits par Samira ZAKARI

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