UNE VIE UN MÉTIER : Tout sur le parcours professionnel de Joab Daoudou

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UNE VIE UN MÉTIER

Tout sur le parcours professionnel de Joab Daoudou

L’Agriculture occupe une place de choix dans les politiques de développement et dans l’économie béninoise. Ainsi pour assurer le contrôle des produits agricoles provenant des champs, les agents de conditionnement jouent un rôle très important dans le monde rural. Après 30 ans passé aux côtés de la masse paysanne en tant qu’agent de conditionnement des produits agricoles, Joab Daoudou revient sur les hauts et les bas de sa profession à travers une interview à nous accorder. Lisez plutôt

Daabaaru : Pourquoi avez vous choisi faire carrière dans le domaine de conditionnement ?

Joab Daoudou : Fondamentalement je suis issu d’une famille de paysans. J’ai donc voulu aller vers la masse puisque j’ai senti que j’avais quelque chose à partager avec ce monde. Et moi j’avais promis faire la vulgarisation pure, mais à l’époque pendant notre formation au lycée agricole on avait la possibilité de choisir une option pour se spécialiser à partir de la 2è année et c’est comme ça, le staff des professeurs a choisi la branche de conditionnement pour moi comme spécialité.

Comment avez-vous donc été recruté après la formation ?

Pendant le bon vieux temps, tous les lycéens après l’obtention de leur diplôme avaient la possibilité de se faire engager automatiquement par l’État. C’est alors qu’après l’obtention de mon diplôme le 13 décembre 1976 j’ai été engagé à Cotonou au service de contrôle au port. Après quelques mois passé là-bas, j’ai été affecté pour mon premier poste à Nikki en septembre 1977.

Comment était vos débuts dans cette fonction ?

Généralement le début de toute chose n’est pas aisé. Mais quand on est sur le terrain avec des doyens, on a la chance de s’en sortir facilement car on apprend beaucoup de ceux là. C’était mon cas, j’ai eu la chance d’être avec des aînés qui m’orientaient. Donc ça n’a pas été trop compliqué pour moi.

Quels sont les avantages liés à votre métier ?

Dans tout métier il y a des avantages. Le salaire et surtout les indemnités, la carburation et autres dont on bénéficiait avec le projet Borgou là nous profitait beaucoup. Alors en ce qui concerne mon domaine le premier avantage est que j’ai la chance d’être avec le monde agricole, je pouvais toucher du doigt leurs difficultés. Et j’en ai beaucoup bénéficié car ces derniers me gratifiaient de beaucoup de choses et je ne regrette pas d’avoir servi dans ce monde. Pour bénéficier du paysans, tu ne dois pas jouer au connaisseur, quand tu le vois utiliser une technique dans son champ, cherche à comprendre pourquoi il fait ça et avec habilité tu peux lui conseiller tes méthodes. Si ce dernier utilise tes conseils et que ça marche pour lui, tu as conquis son coeur et il te sollicitera pour ses moindres problèmes.

Qu’en est-t-il des difficultés ?

Les difficultés, il n’en manque pas dans le contrôle des produits agricoles. Si je prend l’exemple du coton, il y a un calendrier cultural à respecter depuis la mise en semi jusqu’à la récolte. Et quand on ne respecte pas le processus qui est recommandé, à la fin on ne peut pas avoir le rendement et la qualité du produit attendu. Et sur ce point on ne s’entend pas avec les paysans lors du contrôle car celui dont le coton est moins bon va vouloir que son produit soit pris dans le premier choix ce qui n’est pas possible car en le faisant on commet de l’injustice. Et les paysans ne comprennent pas cela et nous en veulent quand on retire leur coton pour mauvaise qualité. C’est cela notre grand problème mais cela ne peut pas nous arrêter quand on joue bien notre rôle.

Quel a été le jour le plus heureux de votre carrière?

Comme on le dit souvent, Dieu récompense toujours ceux qui font bien leur travail. Et moi partout où je suis passé j’ai toujours eu cet honneur d’assuré l’intérim de mes Rdr malgré qu’il y avait des ingénieurs là et qui me dépassaient en diplôme. Je ne savais pas ce que les chefs voyaient en moi pour cette confiance qu’ils ont toujours placée en moi. Il faut dire que moi je ne baissais pas la garde devant aucun chef et s’il me demandait quelque chose qui ne répondait pas à mes convictions, je ne me rabaissais devant rien et pour cela je faisais tout possible pour bien faire mon travail de telle sorte qu’on ne me reproche rien sur mon travail. Aussi comme je l’ai dit, je suis Atdr et j’ai eu la chance au cours de ma carrière d’être promu. J’ai quitté la catégorie C pour la catégorie B. Et ça fait parti des moments que je peux classer comme heureux de ma carrière.

Qu’en est-il alors des moments malheureux de votre carrière ?

Comme moment qui m’a marqué négativement, il y a d’abord cette situation là que je ne pourrai jamais oublier. Il s’agit de ma mère qui m’a quitté 45 jours avant ma prise de fonction. Cela m’a toujours touché en ce sens où cette dame qui a beaucoup souffert avec moi n’a pas eu la chance de jouir du fruit de ses efforts. Comme moment malheureux également, il y a que dans notre métier d’agent de conditionnement des produits agricoles, il y a assez de risques. J’ai eu assez de situation avec les paysans pendant ma carrière surtout à Banikoara. Les paysans allaient jusqu’à empoisonner les tas de coton lors du contrôle pour nuire à l’agent contrôleur. Leurs intentions étaient de me causer des problèmes de vision pendant le contrôle pour que leur coton même s’il ne répond pas aux normes, puisse passer sans problème. Mais grâce à Dieu, leur tentative pour me nuire ont été vaines, j’ai toujours exercé mon métier la tête haute.

Quel message avez-vous à l’endroit de la jeune génération?

Tout d’abord c’est avec amertume que je vous dis que les jeunes aujourd’hui n’aiment pas travailler mais veulent gagner. Nous, en notre temps on a exercé notre métier avec honneur mais aujourd’hui les jeunes ne veulent rien faire mais veulent gagner ce qui n’est pas bien. Et ils ne sont même pas motivés à chercher la connaissance. Je les invite donc à véritablement travailler car seul le travail paie, il ne faut pas courir derrière le gain facile. Aussi l’État n’est pas en mesure d’absorbé tous les jeunes qui sortent des écoles et universités, alors il est important que les jeunes s’orientent vers l’entrepreneuriat.

Votre mot de la fin ?

Comme mot de la fin, j’invite une fois encore les jeunes à se mettre résolument au travail. Je vous remercie.

Propos recueillis et transcrits par Samira ZAKARI

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