Le monde célèbre chaque 3 mai, la journée de la liberté de la presse. Le thème retenu cette année pour cette célébration est « Informer dans un monde nouveau – L’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias ». Un thème évocateur qui intervient dans un contexte de développement technologique où l’Intelligence Artificielle (Ia) s’invite dans presque tous les secteurs. Le monde des médias devrait-il se soustraire de cette tendance ? Quelques professionnels des médias apprécient.
Samira ZAKARI
Venance Tonongbe, Pdg ‘’La Météo’’
«Je dirais que l’usage de l’Intelligence Artificielle (Ia) dans la presse béninoise doit être stratégique, éthique et encadré, afin de maximiser ses avantages tout en préservant la liberté de la presse. L’Ia peut être mobilisée pour automatiser certaines tâches, comme la transcription d’interviews, ce qui permet de libérer du temps pour des activités à plus forte valeur ajoutée, notamment le journalisme d’investigation. Elle peut également faciliter la traduction automatique d’articles dans les langues nationales (fon, yoruba, bariba, etc.), favorisant ainsi un meilleur accès à l’information pour tous. Cependant, pour que l’Ia soit un outil de renforcement et non de remplacement du travail journalistique, il est essentiel de former les professionnels des médias à son usage critique. De plus, la mise en place d’une charte éthique encadrant l’usage de l’Ia dans les rédactions est indispensable. Sans garde-fous, certains organes de presse pourraient être tentés d’utiliser l’Ia pour produire des contenus sensationnalistes, biaisés ou trompeurs, au détriment de l’éthique et de la qualité de l’information».
Samuel Houndjo, journaliste
«Je crois que c’est un thème en lien avec l’actualité du moment. Le « monde nouveau » dont il est question dans le thème est bien évocateur de la nouvelle dynamique induite par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, ainsi que des innovations, notamment l’intelligence artificielle dans ce cas précis. Je pense qu’il serait judicieux de parler de l’effet de l’Ia sur la liberté de la presse et les médias, car l’impact se mesure généralement sur une longue période, après l’achèvement ou l’usage répété de l’outil ici, sans doute de l’Ia. En ce qui concerne les effets de l’Ia sur la liberté de la presse et les médias, je ne décèle pas clairement d’effet direct sur la liberté de la presse. Par contre, sur les médias, j’identifie des aspects. L’effet positif de l’Ia est qu’elle aide à la collecte, au traitement et à la diffusion de contenus adaptés à une cible donnée. Comme effet négatif, ’Ia peut conduire à la diffusion de fausses informations, si les données saisies à la base sont erronées, car elle ne fait que générer ce qui est disponible dans sa base de données».
Édouard Adodé, Promoteur ‘’Le Grand Regard’’
«C’est un thème très pertinent puisque nous sommes à la croisée des chemins entre les médias classiques et les nouveaux médias. Avec l’Intelligence Artificielle, le journalisme est en quelque sorte menacé puisque l’intervention humaine dans la recherche de l’information et la diffusion devient de moins en moins importante. Du coup, la responsabilité sociale du journaliste n’est plus forcément engagée lorsqu’il y aura des déviances parce que la machine n’est pas à 100% fiable. Mais l’Intelligence Artificielle, c’est également un atout si on en fait un bon usage. Elle peut nous aider à mieux accomplir et vite ce qu’on avait l’habitude de faire. Ça ne vient pas remplacer l’homme mais un accompagnateur. Sachons donc l’utiliser en tant que journaliste car le journalisme c’est de l’art. Le journaliste produit des œuvres de l’esprit, ce que la machine ne pourra pas totalement réaliser».
