Utilisation du compost et du biochar dans le maraîchage: une pratique agroécologique pour une agriculture durable, saine et résiliente  

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Compost et biochar dans le maraîchage: une agriculture durable  
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Le phénomène du changement climatique devient de plus en plus inquiétant avec ses lots de conséquences et manifestations qui perturbent les conditions de vie et de travail des populations. Face à ces dérèglements climatiques, des actions résilientes sont mises en place dans plusieurs domaines. Ainsi, dans le secteur agricole et principalement en maraîchage, des pratiques agroécologiques et biologiques sont adoptées par les maraîchers. Il s’agit de la valorisation des déchets en compost et la fabrication du biochar qui constituent des solutions efficaces face aux effets du changement climatique et pour une agriculture durable, saine et résiliente.

Wilfried AGNINNIN

Les problèmes de la baisse de la qualité des sols due à la fois aux aléas climatiques et l’utilisation excessive des engrais chimiques ; à la baisse du rendement agricole et bien d’autres deviennent récurrents. Le Bénin subit ainsi de forte pression sur ses ressources naturelles. Dans la pratique de l’activité de maraîchage, le biochar et le compost constituent des solutions innovantes et résilientes pour freiner considérablement ces fléaux.

Pour Stanislas Hounguè, technicien du Centre de Formation et de Valorisation des Déchets (Cf-Vd) de l’Université de Parakou (Up), le compost est un amendement organique obtenu par la décomposition des matières biodégradables suivant un processus. Quant au biochar, il est un produit riche en carbone fabriqué à partir des résidus d’origine végétale grâce à un procédé naturel. Ces méthodes jouent un rôle important à plusieurs niveaux. «L’utilisation du compost permet l’amélioration de la structure du sol par l’augmentation des agrégats, meilleure perméabilité à l’eau et à l’air, meilleure rétention d’eau. Nous avons aussi la réduction importante de l’effet du gel et la diminution de la dessication par ventilation. Le compost fournit des substances nutritives progressivement assimilable par les plantes, corrige l’acidité d’un sol par l’effet tampon, augmente l’activité microbiologique du sol qui fixe par exemple l’azote de l’air pour rendre assimilable par les plantes du phosphore et bien d’autres», a-t-il expliqué. Cet engrais biologique assure la croissance rapide des plants. «Pour le développement de nos cultures maraîchères, c’est le biochar qu’on utilise maintenant, avant c’était l’engrais chimique. On a commencé par adopter cette méthode après avoir suivi des formations sur l’importance de l’utilisation des pratiques agroécologiques dans le maraîchage», a fait savoir Thérèse Bio, étudiante et maraîchère au jardin de Wansirou à Parakou et membre de l’association des maraichers Sourou de Wansirou. A l’en croire, des changements remarquables ont été observés après l’adoption de cette méthode. «Nous avons remarqué beaucoup de changement, car nos plantes n’absorbent plus beaucoup d’eau et nous n’utilisons plus d’engrais chimiques. De même, nos planche garde toujours de l’eau, et nos plantes se développent normalement», a-t-elle témoigné.  Stanislas Hounguè a rassuré que le Centre de Formation et de Valorisation des Déchets (Cf-Vd) de l’Université de Parakou (Up) utilise exclusivement le compot et le biochar dans la production des fruits et légumes avec à l’arrivée des résultats satisfaisants. «J’ai fait une expérience. J’ai pris deux tomates une produite à base de l’engrais chimique et la seconde produite à base du compost. Après environ 10 jours, j’ai constaté que la tomate produite à base de l’engrais chimique a commencé par pourrir tandis que l’autre est restée intacte pendant environ un mois. C’est pour dire que les engrais chimiques nous tuent à petit feu», a fait savoir une femme maraîchère à Parakou. Bio Thérèse, n’a pas manqué d’appeler les autres maraîchers à utiliser les pratiques biologiques dans leurs activités agricoles.

Des limites à prendre en compte

Plusieurs raisons peuvent expliquer la réticence ou la non adoption des méthodes agroécologiques dans les production agricole au Bénin. L’ingénieur agronome et acteur engagé du secteur agricole, Malick Dougbe a mentionné le mode d’action lente du biochar et du compost, le manque de matériels et la contrainte dans la fabrication de ces produits sans oublier l’aspect de la cherté. A tout ceci, on peut mentionner la faible volonté des gouvernants à promouvoir véritablement le compost et le biochar dans les cultures agricoles.

Des actions à encourager et à pérenniser

Face aux effets pervers des changements climatiques, plusieurs pratiques écologiques peu onéreuses et efficientes peuvent être adoptées par les maraîchères. L’ingénieur agronome Malick Dougbe pense que les maraîchers doivent s’informer régulièrement sur les conditions méthodologiques afin de mieux planifier leur calendrier culturale. Il a insisté aussi sur le renforcement des synergies d’action entre les maraîchers et les structures intervenant dans la lutte contre les changements climatiques. Pour relever le double défi de la satisfaction des besoins alimentaires et de la protection de l’environnement Stanislas Hounguè a fait de son côté, de pertinentes propositions. «Promouvoir une culture de bonne gestion des déchets à travers l’information et la communication, former des jeunes, agriculteurs, maraîchers sur la gestion et la valorisation des déchets, promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes dans le domaine de la valorisation des déchets et la protection des sols», propose-t-il. Les pouvoirs publics peuvent également prendre des décisions en faveur de la valorisation et de la promotion des méthodes écologiques. Ils peuvent par exemple imposer l’utilisation du biochar et du compost dans le maraîchage.

L’adoption des pratiques biologiques notamment l’utilisation du compost et du biochar dans le maraîchage est une solution innovante prometteuse pour améliorer la qualité des sols en dégradation continue en raison des aléas climatiques et l’utilisation abusive des engrais et pesticides chimiques. C’est également une manière de promouvoir l’agriculture biologique et durable contribuant ainsi à la résilience des effets du changement climatique et valorisant la diversité biologique et les processus naturels. Par ailleurs, la technique du paillage des planches, l’adoption des variétés résistantes aux conditions climatiques, la mise en terre des arbustes/arbres au niveau des sites maraîchers, l’utilisation du terrapreta, la forte réduction de l’utilisant des engrais chimique de synthèses,  sont entre autres bonnes pratiques respectueuse de l’environnement à mettre aussi en application.

 

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