VIE D’UN CHASSEUR D’IMAGES : Jean N’dah N’kouéi parle de métier de photographe

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VIE D’UN CHASSEUR D’IMAGES

Jean N’dah N’kouéi parle de son métier de photographe

Ils sont souvent sollicités pour certains évènements, faits marquant la vie d’une personne, d’une nation. Les photographes puisque c’est d’eux qu’il s’agit sont spécialisés dans la prise d’images pour des références futures ou pour immortaliser un moment de la vie. Ainsi dans la cité des Koburu, Jean N’dah se présente comme une référence dans le métier de photographe. Passionné de tout ce qui est image et dessein depuis très jeune il a rapidement su exploiter son talent et son professionnalisme pour se faire une place dans ce métier qu’il considère comme toute sa vie. Pour en savoir plus sur la vie de ce dernier, votre quotidien s’est rapproché de lui qui parle ici de sa carrière et de ses débuts dans le monde de la photographie. Lisez plutôt.

Daabaaru : pourquoi avez-vous choisi faire carrière dans le domaine de la photographie

Jean N’dah : il faut dire que la photographie et moi c’est une question de passion. Depuis que j’étais tout jeune, j’étais passionné par tout ce qui est technique, dessein. J’ai constaté que j’avais la passion pour ce métier depuis le CE2 puisqu’à l’époque j’avais l’habitude de reproduire des desseins à l’école sur des cartons, et les gens étaient épatés par ce que j’arrivais à reproduire étant jeune. Aussi quand je voyais quelqu’un avec un appareil photo, j’étais très content et quand je vois les merveilles que produit cet appareil j’ai tout de suite envie d’être à la place de celui qui prend ces photos. C’est comme ça tout doucement cette passion a grandi en moi tout étant sur les bancs. J’ai eu la chance d’avoir un ami qui avait un appareil photo avec qui j’étais souvent. Au début il n’était pas trop d’accord quand je prenais son appareil mais avec le temps il s’est rendu compte que j’avais vraiment envie de faire ce métier à travers la qualité des photos que je prenais. Ce qui a fait qu’au fil du temps, je ne me faisais plus de souci à prendre son appareil et il me laissait faire. J’avais même à cette période là déjà des clients qui me sollicitaient parce qu’ils me voyaient faire la chose. J’ai donc pu à travers ces petits jobs là m’acheter un appareil photo Yashikan moi-même.

Parlez-nous de votre formation ? 

C’est donc comme ça j’ai pensé à me faire former puisqu’à l’époque j’ai dû abandonner les études pour certaines raisons. J’ai donc suivi une première formation en photographie et en prise de vidéo, donc la caméra. J’ai donc suivi une formation dans ces deux discipline là au près de quelqu’un qui était déjà dans le métier à Natitingou. J’ai fini ma formation en 1996, mais j’ai toujours continué à travailler pour mon patron là et c’est pratiquement en 2 000 j’ai pu avoir un premier diplôme au près de lui. Donc j’ai commencé par travailler véritablement en 1996 après ma formation. Après Nati où j’ai commencé, j’ai fait N’dali avant de rallier vers Cotonou où je me suis perfectionné.

Quels sont les avantages liés à votre métier ?

Oui des avantages il y en a dans le métier de photographe. Tout d’abord il faut dire que quand on se fait former pour un métier c’est parce qu’on se dit qu’on peut avoir notre gagne-pain dans ce métier. Et moi je peux dire que je ne vis que de la photographie. Aussi quand on fait bien son job, on arrive à se faire facilement une place dans la société et on se créé facilement des relations du fait de côtoyer certaines personnalités à travers notre métier. Facilement, on fréquente certains endroits avec certaines autorités qu’on aurait peut être pas la chance de connaitre si on n’exerçait pas se métier. Moi j’ai pu facilement m’ouvrir des portes que jamais je n’aurais imaginées, je me suis fait assez de relations.

Qu’en est-il des difficultés ?

Les difficultés, elles s’observent plus aujourd’hui. Avec l’avènement du numérique on rencontre des difficultés à exercer facilement notre métier que par le passé. L’arrivée des Smartphones font qu’aujourd’hui on est plus sollicité comme par le passé. Les gens pensent que les portables peuvent remplacer les appareils photo professionnels. Ce qui fait que les photographes ne sont plus beaucoup sollicités pour des évènements, donc le métier a pris un coup à ce niveau alors que le téléphone portable ne peut en aucun cas avoir la même qualité que les appareils photo professionnels.

Quels ont été les moments les plus heureux de votre carrière ?

Comme moment heureux je parlerai de cette période ou ma détermination et mon endurance dans le travail m’ont récompensé. En effet, j’ai été invité pour la couverture d’une tournée du chef de l’Etat ici au nord. J’ai donc pris mes dispositions pour la réussite de cet évènement mais il s’est fait que le jour-J on m’a fait savoir à la dernière que je n’avais plus accès à la salle pour faire mon travail ainsi que d’autres collègues comme moi. J’ai dû donc m’imposer pour en tout cas ne pas partir sans pouvoir atteindre mes objectifs. Malgré le fait qu’on me repoussait ce jour là je suis resté ferme, je me suis battu comme je peux pour m’en sortir. Il n’y a pas celui là que je n’ai pas vu ce jour là pour expliquer ma situation en espérant qu’une solution me soit apportée. Je cherchais à me rapprocher mais la garde rapprochée du chef de l’Etat me repoussait à chaque fois et il a fallu que quelqu’un de loin que je ne soupçonnais même pas me remarque. Il a constaté la détermination avec laquelle je me battais. Il s’est donc rapproché de moi et m’a demandé qui j’étais et ce que je voulais. C’est ainsi que je lui ai expliqué le cas et c’est ce dernier qui a intimé l’ordre à la garde rapproché du président de me laisser faire mon travail. Ce jour m’a beaucoup marqué.

Qu’en est-il des moments malheureux ?

Comme moment malheureux, j’étais ami à une personnalité politique qui un jour a perdu un membre de sa famille de façon prématurée. Ainsi le jour des funérailles je me suis rendu au lieu des obsèques avec mon appareil photo. J’ai pris des photos que j’ai par la suite remises à cet ami en guise de soutien. Malheureusement les choses ont mal tournée car quelques temps après que j’ai rendu les photos, la police est venue m’embarquer pour me conduire au commissariat. Vous savez que chez nous en Afrique quand une personne meurt encore quand il s’agit d’une mort prématurée on dit que cette mort n’est pas naturelle et on cherche par tous les moyens à attribuer la mort de ce dernier à quelqu’un. La famille menait donc des investigations pour retrouver l’auteur de la mort du défunt. C’est ainsi que j’ai été considéré comme suspect car pour eux j’ai été envoyé par les auteurs pour prendre les photos des funérailles. J’ai été questionné au poste de police et moi je leur ai expliqué les raisons de ma présence sur les lieux. J’ai subi un interrogatoire mais ma version des faits est restée la même car je ne me rapprochais rien. Après tout ce processus j’ai été relacé au bénéfice de doute mais j’ai été suivi par les policiers jusqu’à mon service pour supprimer devant eux toutes les photos que j’avais prises pendant l’évènement.

Quel message avez-vous à l’endroit de la jeunesse qui aimerait faire comme vous ?

A tous les jeunes qui veulent exercer ce métier je leur dirai tout simplement de persévérer car c’est un métier noble qui malgré tout a d’avenir. C’est vrai qu’il y a des gens qui n’ont pas reçu une formation dans le domaine et ternissent l’image du métier, c’est pour cela j’invite les jeunes à se donner à fond et à apprendre tout les contours du métier qu’ils apprennent car c’est ça qui fera parler d’eux.

Votre mot de la fin

Je vous remercie pour la chance que vous m’accordiez de m’exprimer et plein succès à vous.

Propos recueillis et transcrits par Samiratou ZAKARI

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