Le Bénin s’apprête à commémorer le lundi 1er août prochain, le 62ème anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Contrairement aux deux dernières années où l’évènement s’est déroulé dans la sobriété en raison de la crise sanitaire due à la pandémie de la Covid-19, plusieurs activités sont prévues pour le compte de cette année. À Parakou comme dans bien d’autres grandes villes du Bénin, les grandes artères sont déjà aux couleurs de la fête de l’indépendance. De son côté, le gouvernement met les petits plats dans les grands pour offrir au peuple béninois une fête d’indépendance apothéotique.
L’indépendance qui veut dire liberté a été octroyée au Dahomey après plusieurs luttes farouches menées par des vaillants et intrépides combattants comme Bio Guerra, Kaba, Béhanzin, Hubert Maga et bien d’autres. Si le Bénin peut se targuer aujourd’hui d’être une Nation indépendante, il le doit à ses ancêtres qui n’ont pas fléchi devant le colon. Mais 62 ans après, l’on de demande si le Bénin est toujours sous le joug colonial. Ainsi, à l’orée de cette commémoration, il importe donc de faire une rétrospection et faire le bilan du chemin parcouru ainsi que des projections pour sauvegarder ces acquis.
Même si sur le plan politique, le Bénin échappe au contrôle de son pays mère qu’est la France, il n’en demeure pas moins que le pays peine encore à prendre son indépendance dans bien de domaines. Il n’est un secret pour personne que les puissances occidentales ont toujours la main mise sur l’économie nationale et dans bien d’autres secteurs. Une grande partie du coton et beaucoup d’autres produits agricoles qui constituent un facteur déterminant de la vivacité du Produit Intérieur Brut (Pib) du Bénin est exportée dans les pays d’outre-mer. Au lieu que ces produits soient transformés dans le pays afin de contribuer à l’économie nationale, ils sont plutôt exploités par les pays colonisateurs. Ce qui fait des manques à gagner à l’État et par conséquent, les retombées du dur labeur des vaillants cultivateurs ne sont pas perceptibles.
De même, dans le domaine linguistique, le Bénin pratique encore la langue du colonisateur. Du coup, la langue de Molière demeure toujours la langue principale dans l’administration publique. Malheureusement, des études ont montré qu’un peuple instruit dans sa propre langue est mieux outillé pour trouver des solutions à ses problèmes et ceux de sa communauté. Ainsi, le Bénin qui revendique être un pays indépendant semble encore sous le joug colonial.
Certes, des actions ont été menées par les différents présidents qui se sont succédé à la tête du pays afin de lui permettre d’être vraiment indépendant. Mais des efforts restent encore à fournir dans bien de domaines. À l’occasion de ce 62ème anniversaire, les gouvernants doivent faire des analyses profondes afin de prendre des résolutions idoines pour que d’ici quelques années, le peuple béninois puisse se sentir fier d’avoir coupé le cordon ombilical qui le lie avec son ancien maître.
Daniel KOUAGOU