Les professionnels des médias béninois sont confrontés à une situation alarmante. Les arrestations de journalistes dans le cadre de l'exercice de leur fonction n'ont cessé de se multiplier ces dernières années. Diffusion de fausses informations, diffamation, harcèlement par voie électronique sont entre autres, les chefs d'accusation qui reviennent quand un homme de média vient à être interpellé par la justice. Une situation qui amène à se demander si le code du numérique qui est dans la plupart du temps appliqué aux journalistes à la place du code de déontologie et d'éthique propre à la presse, n'est finalement pas un os dans la gorge des professionnels des médias.
Samira ZAKARI
Avec le développement du numérique, les réseaux sociaux se présentent comme l'un des canaux par excellence, de diffusion de contenus par les journalistes. Ainsi, en cas de diffusion d'informations jugées "sensibles" ou "compromettantes" pour une raison ou une autre, le journaliste se retrouve dos au mur, jugé sur la base du code du numérique comme un citoyen lambda ayant fait des publications sur les réseaux sociaux. Pourtant, pour une erreur commise dans l'exercice de son métier, le professionnel des médias est censé être jugé sur la base du code de l'information au Bénin est régi par la loi n° 2015-07 du 20 mars 2015 portant code de l'information et de la communication. Ce qui n’est pas le cas au Bénin.
Voté en 1999 et modifié en février 2025, la loi portant code de l'information et de la communication dans les médias est en effet considéré comme le livre saint des professionnels des médias. Il définit les droits et devoirs des professionnels des médias dans l'exercice de leur fonction. Par ailleurs, les sanctions encourues en cas de dérapage y sont précisées. Mais avec l'avènement du code du numérique, le code de déontologie semble ne plus avoir aucune valeur. D'ailleurs, la dernière arrestation en date est celui du journaliste Djobo Bio de la radio locale Nonsina Fm de Bembéréké gardé dans les nasses de la police pour diffusion de fausses informations sur la page Facebook du média. La peur s'est désormais installée et la question qui taraude les esprits dans cette corporation, c'est quoi écrire pour ne pas tomber sous le coup de cette épée de Damoclès ?
Le code du numérique, un outil de contrôle de la presse ?
Le code du numérique est considéré comme un outil de contrôle de la presse et des médias. Les dispositions de ce code sont jugées trop restrictives. Pour d'aucun, ce code est utilisé pour museler la presse et limiter la diffusion d'informations.
La situation est préoccupante et des voix s'élèvent pour une mobilisation générale des acteurs pour une révision de ce code du numérique. Tout chose qui permettra de garantir la liberté d'expression et la protection des journalistes mais aussi évitera la mort précoce du journalisme au Bénin.