Si l’on peut se permettre de féliciter le gouvernement de la rupture pour ses nombreuses réformes encourageantes dans la plupart des secteurs d’activités depuis 2016, c’est à l’exception du domaine de la presse où les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Le 22 avril dernier, l’Ong Reporter Sans Frontière (Rsf) a rendu public le classement 2020 de la liberté de la presse dans les pays du monde entier. Un troisième classement dans lequel le Bénin a dégringolé de la 78e place en 2016 à la 113e place.
Pourtant lors des campagnes pour les présidentielles de 2016, Patrice Talon à l’époque candidat avait dans son projet de société promis après son élection de faire la promotion de la presse, œuvrer pour une presse libre qui s’intéresse à tous les sujets touchant le quotidien des béninois. Une fois élu, le chef de l’État est encore revenu avec insistance sur sa volonté de rendre libre la presse de son pays. Mais de 2016 à 2020, on constate avec désolation que le Bénin s’est de plus en plus affiché par une mauvaise note dans le classement mondial de la liberté de la presse. Le journaliste qui par le passé était le détenteur de toutes les informations même les plus secrètes du pays s’est vu aujourd’hui limiter à quelques brèves courantes ne mettant pas en valeur son rôle d’éveilleur de consciences. L’information est limitée pour les journalistes, ce qui fait que l’investigation qui est le genre qui révèle plus les hommes des médias a déserté le forum. Les journalistes n’ont plus la liberté de s’exprimer et d’apporter leur opinion sur tel ou tel sujet ayant trait à la gestion de l’État. Les quelques uns qui osent s’afficher par leur intervention en contradiction avec la volonté des gouvernants se voient très rapidement contraints à se taire à jamais. La presse n’est pas totalement libre au Bénin depuis quelques temps et les cas des organes de presse comme Soleil Fm, la Nouvelle Tribune, Sikka TV fermés avec plusieurs journalistes au chômage sans oublier Ignace Sossou qui séjourne depuis plus de 5 mois déjà à la prison pour avoir mal interprété et exploité les propos d’un magistrat en fonction en disent long. Et même la chaîne nationale qui est censée être pour tous les béninois peu importe leur appartenance politique est malheureusement acquise à la cause du gouvernement. Ainsi des reportages et autres rubrique de critique des actions gouvernementales n’y sont pas autorisés depuis quelques temps.
Seuls les personnes et organes de presses proclamant les bonnes actions de la rupture ont le privilège d’évoluer librement pendant qu’on chante liberté de la presse. Vu ce tableau très amère qui n’honore pas du tout le pays qui par le passé s’est vu classé parmi les premiers au monde dans le classement de Rsf, il y a de quoi s’inquiéter et regarder dans le rétroviseur. Patrice Talon qui s’est lui même engagé lors de sa prise de fonction doit prendre ses responsabilités en honorant à ses engagements pour une presse libre à la portée de tous.
Samira ZAKARI