Le Président Patrice Talon s’est prononcé sur la tentative du coup d’Etat de son amie intime arrêté dans la nuit du 23 au 24 septembre 2024. Le Chef de l’État parle d’une «tragédie intime ». C’était au détour d’une interview réalisée par le média Jeune Afrique (Ja) fin février 2025 au palais de la Marina, à Cotonou, quelques heures avant qu’il ne s’envole pour une visite de travail en France.
Wassihou GUEGUI MASSIA (Stg)
Le Président de la République Patrice Talon s’est exprimé enfin pour la première fois sur l’affaire Olivier Boko, son ex-bras droit lourdement condamné pour « complot contre l’autorité de l’État », le 30 janvier dernier avec l’ancien ministre Oswald Homéky. Il a déclaré qu’il a vécu cet épisode comme un drame, une tragédie intime puisqu’il lui faisait totalement confiance. «Olivier était un frère, un compagnon de fortune et d’infortune avec qui j’ai vécu l’exil, la conquête puis l’exercice du pouvoir. Je lui ai fait confiance, au point de lui déléguer nombre de prérogatives dont il me déchargeait pour me permettre de me consacrer entièrement aux multiples dossiers techniques, dans leurs plus petits détails», a-t-il fait savoir. À l’en croire, il rencontrait pour lui, les acteurs politiques et sociaux, les représentants de la société civile, les dignitaires religieux, et répondait à sa place à de multiples sollicitations. «Ma confiance envers lui était totale au point que je lui avais délégué le contrôle des services de renseignement et de ma propre sécurité», a-t-il poursuivi.
À la question de savoir ce qui s’est passé pour que son bras droit se retrouve derrière les barreaux Patrice Talon a reconnu qu’il n’avait jamais pensé qu’Olivier Boko convoitait la fonction qu’il occupe. «Lorsqu’on est venu m’annoncer qu’Olivier Boko complotait contre moi, j’ai d’abord cru à des sornettes. J’étais dans le déni. Puis, les preuves de cet activisme commençant à s’accumuler, je me suis dit : Quand viendra-t-il me voir pour crever l’abcès et m’en parler ? Comme il ne donnait aucun signe en ce sens, j’ai fini par l’interroger. Il m’a répondu que tout cela se faisait à l’insu de son plein gré, mais qu’il fallait bien laisser les gens s’exprimer. Je l’ai écouté, à demi rassuré », a-t-il renchérit. Selon le Chef de l’État, Olivier Boko n’a pas voulu suivre un processus démocratique. Il a préféré l’usage de la force pour aller jusqu’au bout de son rêve.
Patrice Talon a, par ailleurs, exprimé son mécontentement vis-à-vis de son ex-bras droit. «Sans m’en rendre compte, j’ai créé un monstre qui, telle une araignée, avait méthodiquement tissé sa toile dans tous les milieux de la vie publique : politiciens, magistrats, services de sécurité, hommes d’affaires», a-t-il regretté. Pour lui, il s’était entouré d’une cour de flatteurs qui l’encourageait dans son ambition. Et c’est cela qui l’a perdu.