CHRONIQUE DES US ET COUTUMES : La grande sagesse du miroir

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Le célèbre artiste béninois du rythme Zinli du plateau d’Abomey, Alèkpéhanhou a l’habitude d’illustrer les sagesses qui sont cachées dans ses chansons par des anecdotes et des histoires à la fois banales mais très instructives. Un style de la vieille école africaine qui part des histoires imaginaires pour attirer l’attention des uns et des autres sur des vérités immuables.
Ainsi, dans l’une de ses célèbres compositions, Loucou Michel alias Alèkpéhanhou illustre tout ce qui arrive à l’homme sur terre par l’anecdote de l’enfant et le miroir. Selon le philosophe, un enfant se voyant pour la première fois dans un miroir, fut étonné de se retrouver face à une image qu’il prenait pour un autre enfant qui essayait de l’imiter. Notre enfant ignorant tout du système du miroir, renfrogna donc la mine, et l’image du miroir fit aussitôt de même. Courroucé, il fit un coup de poing qu’il montra à l’image du miroir en guise de menace; ce qui lui fut répliqué simultanément par son vis-à-vis qui se trouvait dans la glace.
Déçu, notre jeune gamin alla narrer son histoire à un adulte plus averti qui, comprenant la situation ramena le jeune garçon vers le miroir. L’adulte demanda par la suite à notre gamin naïf de sourire au miroir, ce qu’il fit et fut agréablement surpris de voir que cette fois-ci l’image du miroir avait l’air très gentil avec son joli sourire puis tant qu’il gardait son sourire, l’image aussi ne cessait de lui sourire.
Alors, l’adulte lui dit, ce qui est dans le miroir n’est rien d’autre que ta propre image reflétée dans la glace. Le miroir te retourne exactement ce que tu lui envoies.
Ainsi va donc la vie. Ceux qui sont autour de nous agissent à notre égard selon ce qui est à l’intérieur de nous-mêmes. Chacun reçoit des autres, ce qu’il pense dans son for intérieur. Telle que chacun prend la vie, telle elle se présente pour lui.
Selon cette philosophie de l’Afrique des temps anciens, chacun mérite ce qui lui arrive en bien comme en mal. Car, « la nature est un incorruptible comptable», nous enseigne la sagesse. C’est ce que chacun y met, qu’il reçoit toujours, ni plus ni moins. Qui y met la haine, récolte la haine en retour ; de même celui qui est rempli d’amour ne pourra avoir en retour que l’amour et de la sympathie de la part des autres.
Alors, il est inutile d’accuser les autres sans une réelle introspection sur soi afin de voir si ce dont on accuse les autres, n’est pas également en soi. Puisque ce que nous combattons chez les autres, est souvent le reflet de notre être intérieur. Raison pour laquelle, la sagesse de nos ancêtres nous invite à faire un travail sur nous mêmes au lieu de chercher à changer le monde.
Mais, la sagesse du miroir a aujourd’hui déserté le forum créant ainsi un monde de malheureux. Un monde dans lequel chacun ne fait que condamner les autres d’être les auteurs de son malheur, sans pour autant voir sa part de responsabilité. D’autres n’hésitent même pas à indexer la nature comme le responsable de leur situation.
Il est donc temps que la jeunesse béninoise change d’attitude en revenant à la sagesse du miroir. Ainsi, au lieu d’être tout le temps pessimiste, le mieux serait de prendre la vie du bon côté, tout en se nourrissant d’espoir d’un lendemain meilleur et en prenant soin de corriger ses erreurs du passé.
De même, il ne sert à rien de chercher à nuire à l’autre pour avancer, car tôt ou tard, on finit par récolter les fruits de ses actions.
Telle est donc la sagesse du miroir.

Edouard ADODE

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