CHRONIQUE LITTÉRAIRE : Voici les cinq parties de la rhétorique selon Éric Ouorou

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L’inventio, la dispotio, l’elocutio, l’actio et la memoria sont les cinq parties de la rhétorique selon Cicéron repris par le consultant formateur Éric Ouorou. Dans sa chronique littéraire de cette semaine, le Directeur de l’académie de rhétorique et de leadership donne les détails sur chaque partie. Suivez son développement ci-dessous. 

Wahabou ISSIFOU

LES CINQ PARTIES DE LA RHÉTORIQUE

Selon Cicéron et Quintilien, l’orateur se propose ordinairement trois objets principaux : instruire, plaire et toucher. Il instruit en montrant la vérité de ce qu’il avance ; il plaît en gagnant la confiance de ses auditeurs ; il touche en leur inspirant des sentiments convenables au sujet. On dit aussi qu’il instruit par les preuves, il plait par les mœurs, il touche par les passions. Mais pour l’un ou l’autre de ces objets, Cicéron établit cinq préceptes indispensables : l’inventio, la dispositio, l’elocutio, l’actio et la memoria.

L’INVENTIO, ou l’invention, c’est la capacité à trouver des idées et des arguments pour ‘’dominer les esprits, les cœurs et les volontés’’ de son auditoire. Quand bien même Cicéron ne l’aurait sans doute pas formulé de cette manière à son époque, le but de l’inventio est tout simplement la capacité de l’orateur à méditer, à discerner pour trouver dans chaque sujet, ‘’ce qu’il y a de propre à persuader.”

LA DISPOSITIO, ou l’organisation, correspond à la manière dont les idées sont assemblées pour créer un discours cohérent. Ce dernier s’articule autour d’une argumentation parfaitement structurée soutenue par des connecteurs logiques comme par exemple : « de plus », « au contraire », « d’autant plus que », « c’est pourquoi », « en admettant que », « c’est-à-dire », « par exemple ».

Par ailleurs, les auteurs ont proposé divers plans types relatifs à la dispositio. Le plus classique, plan antique du discours judiciaire, est celui en quatre parties comprenant l’exorde, la narration, l’argumentation, puis la péroraison.

En effet, l’exorde, est ce par quoi le discours commence et sa fonction est essentiellement de rendre l’auditoire docile, attentif et bienveillant.

La narration est l’exposé des faits concernant, un exposé en apparence objectif et sincère.

Ensuite, vient une partie nettement plus longue, l’argumentation, c’est-à-dire l’ensemble des preuves pour soutenir notre opinion. Cette étape est parfois suivie d’une réfutation, qui anticipe des objections aux arguments adverses. Temps fort du logos, l’argumentation recourt pourtant au pathos en suscitant la pitié ou l’indignation.

Enfin la péroraison vient mettre fin au discours. On notera que la péroraison est le moment par excellence ou l’affectivité se joint à l’argumentation, ce qui est l’âme de la rhétorique.

Après l’inventio et la disposition, la troisième partie de la rhétorique est L’ELOCUTIO. Encore appelé le « style » dans l’acception moderne du terme, cet élément implique l’utilisation d’images, de mots, de tournures de phrases et de figures de styles adaptés. Pour Cicéron, l’elocutio se caractérise par quatre qualités : la correction, la clarté, l’élégance et la pertinence. Le style employé, simple, moyen ou élevé, doit être adapté aux circonstances et au public.

Nous avons ensuite L’ACTIO comme l’avant-dernière partie de la rhétorique. Ici, il est question de la manière de mettre en geste le discours, de l’incarner devant l’auditoire. Par la modulation de la voix, l’intonation et la gestuelle, l’orateur doit ainsi démontrer tout son art à faire vivre l’émotion à son public. Si l’actio fait défaut, l’argumentaire perdra inexorablement en efficacité, d’où l’importance de travailler avec grand soin l’action avant toute prise de parole en public.

La dernière partie est LA MEMORIA, ou la mémorisation. Elle se rapporte à la capacité de l’orateur à retenir son discours, notamment les informations, les étapes, les arguments, sans forcément avoir besoin de s’aider de notes. Cependant pendant les présentations de nos discours, nous devons donner l’impression de nous efforcer à trouver ce que nous avons pourtant pris la peine de mémoriser. C’est à force de réitérer un tel exercice que nous entrainons notre esprit à l’improvisation.

En définitive, nous pouvons retenir l’inventio, la dispositio, l’elocutio, l’actio et la memoria comme les cinq parties de la rhétorique. Pour veuille instruire, plaire, ou toucher, l’on ne saurait ne pas recourir à ces différentes parties.

Eric OUOROU

Consultant-formateur en art oratoire

Directeur de l’ACADEMIE DE RHETORIQUE ET DE LEADERSHIP

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