Un peuple sans culture, est un peuple sans racine, dit-on. Le peuple Otammari est indubitablement un véritable havre des valeurs africaines et de surcroît, endogènes. La culture des Bètammaribè, c’est l’identité de l’Afrique, la vraie qui se démarque du reste du monde. Dikegnan, chef coutumier, est l’une de ces rares personnes qui perpétuent la culture des Bètammaribè malgré la prédominance de la modernisation que dis-je, de la religion exportée.
Une petite anecdote de Dikegnan
Alors qu’il s’est rendu à Dapango au Togo, il entreprit de visiter le marché qui s’animait. Avec son accoutrement exceptionnel de chef coutumier pour lequel il n’a pas de rival, il pénétra le marché. A sa vue, une femme vendant des articles les abandonna prise de stupéfaction à la vue de Dikegnan et sema la panique dans le marché. Comme si les personnes présentes n’attendaient que cela, l’immense foule du marché se vida subitement sans la moindre idée de la raison. Dikegnan n’était inquiet de rien. Au contraire, il poursuivait sereinement sa marche quand il fut stoppé par un policier au moment d’emprunter un taxi. L’arme pointée sur lui, le policier intima l’ordre de ne faire aucun geste. Il obtempéra sans peur puisque, dit-il, il n’a « ni volé, ni dérangé personne ». Pourtant le policier avait alerté ses collègues de la présence d’un «phénomène » qui trouble la quiétude de la population. Informés, ils arrivent au lieu indiqué illico presto les mains lourdement chargés d’armes. Deux options se présentèrent : abattre le « phénomène » ou le conduire manu militari au commissariat de police. Fort heureusement, dans le personnel armé dépêché se trouvait une personne qui connaissait bien Dikegnan, le fameux phénomène. Il expliqua de ce fait qu’il s’agit d’un chef traditionnel et pas un phénomène à exterminer. Les policiers ayant compris leur collègue le laissa partir.
Mais qui est réellement Dikegnan, le gardien des valeurs traditionnelles de Koutammaku ?
De nationalité béninoise, Dikegnan est un fils de Boukombé. Appelé dans sa jeunesse à se mettre à la cause des divinités quand il tentait de s’y échapper, il exerce aujourd’hui avec honneur, fierté et dignité la fonction de chef coutumier. Par son art vestimentaire qui n’a rien à envier à celui moderne, il ne passe pas inaperçu. Il convient de le mentionner, Dikegnan est plutôt la cible de bien de visiteurs qui effectuent le déplacement vers Boukombé. Ainsi, malgré les obstacles de formes diverses qu’il rencontre au cours de ses voyages en raison de son accoutrement, il dit n’être pas prêt à enterrer sa fierté et son authenticité pour plaire. C’est un digne fils de Koutammaku à visiter à tout prix.
Alors, si vous souhaitez le voir également de visu, en savoir davantage sur son ministère ainsi que les raisons de son art vestimentaire de type particulier à l’ère de costumes, rendez-vous à Boukombé, la cité des Tata.
Daniel KOUAGOU