L’interdiction faite aux avocats de l’opposante Reckya Madougou de voir leur cliente à la prison civile de Missérété et la condition de détention des prisonniers politiques dans les maisons d’arrêt du Bénin continuent de susciter des réactions dans l’opinion publique. Cette fois ci, c’est l’ancien président de la République Boni Yayi qui a donné de la voix en interpellant les autorités judiciaires et pénitentiaire du Bénin sur le respect des droits des prisonniers regis par la constitution et des traités internationaux de protection des droits de l’homme. C’est à travers une publication sur sa page Facebook. Lisez plutôt.
Samira ZAKARI
La situation Pénitentiaire des détenus Politiques dans notre Pays le Bénin.
Du rapport que m’a transmis Me Renaud AGBODJO, Avocat de Madame la Ministre Reckya MADOUGOU et de certains membres du Parti les Démocrates arbitrairement détenus depuis près de deux ans à la prison de Missérété du Bénin, il ressort les points suivants :
• Depuis plusieurs semaines, l’administration pénitentiaire de la prison civile d’Akpro-Missereté inflige une série de mesures punitives à l’encontre de l’ancienne Ministre de la Justice Reckya MADOUGOU et membre du parti LES DÉMOCRATES, arbitrairement détenue.
• Cette série de mesures punitives s’est vue aggravée depuis quelques heures par l’interdiction pour elle d’accéder à son conseil et de discuter librement avec lui.
• L’isolement d’un détenu, privé de toute possibilité de communiquer, de toute possibilité de s’informer, de toute possibilité d’appeler sa famille et de surcroît d’accéder à son avocat est constitutif d’acte de torture.
• Le Bénin est partie à la convention contre les tortures et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et a d’ailleurs à ce titre internalisé dans son dispositif pénal, le crime de torture.
• Le Comité contre la torture des Nations-Unies a rappelé avec insistance lors de son dernier rapport sur le Bénin que la désobéissance à l’ordre donné est un devoir lorsque cet ordre tend à la violation d’un droit fondamental.
J’en appelle donc en ma qualité d’Ancien Président du Bénin au sens de la responsabilité des autorités judiciaires et pénitentiaires de mon pays afin que Madame Reckya MADOUGOU, le Professeur Joël AÏVO et tous les autres détenus retrouvent automatiquement l’ensemble de leurs droits fondamentaux qui leur sont garantis par la constitution et les traités internationaux de protection des droits humains.
J’invite urgemment le Ministre de la Justice et de la législation à instruire le directeur de l’agence pénitentiaire du Bénin pour que les mesures punitives exercées contre les intéressés, constitutives d’actes de torture, cessent immédiatement au nom de la dignité humaine et les victimes puissent de nouveau accéder librement à leurs conseils.
J’invite également le Ministre de la Justice à s’approprier les conclusions de l’avis numéro 51/2022 du Groupe de Travail des Nations Unies sur la détention arbitraire et à les mettre à exécution pour faire cesser la détention arbitraire de Madame Reckya MADOUGOU et consorts.
Enfin, je lance un appel au Président Patrice Talon à répondre aux aspirations du Peuple béninois de bien vouloir libérer sans conditions les intéressés, dans le cadre d’une loi d’amnistie, y compris le Professeur AÏVO et tous les autres détenus et exilés politiques afin que notre patrie recouvre sa Paix sans laquelle elle ne saurait réussir son émergence économique et sociale.
Dès mon retour au pays, je ne manquerai pas de poursuivre avec le Président Talon, à sa convenance, le dialogue sur la question du respect des libertés fondamentales indispensables à la bonne gouvernance des affaires de notre Patrie commune pour le bonheur de tous.
Que Dieu bénisse notre pays et exauce nos prières en ce mois béni du Ramadan et à l’approche de la fête de Pâques où notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ressuscité nous a réconciliés avec notre Créateur.
Dr Boni YAYI