DÉPARTEMENT DE L’ATACORA : La mort se vend à vil prix dans les bistrots

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Malgré les efforts des autorités à divers niveaux pour lutter contre la commercialisation et la consommation des boissons frelatées, le phénomène continue de régner en maître dans le département de l’Atacora. Une enquête réalisée par la journaliste Flore Nombime révèle que le Sodabi chimique consume à petit feu ce département. Comme Simon apprenti mécanicien dans la commune de Natitingou, nombreux sont les jeunes qui achètent à vil prix leur mort dans les bistrots. Pauvreté, chômage, ignorance sont autant de raisons favorisant l’ascension du fléau, énumérées par la journaliste. De son côté, Jacques enseignant à Natitingou interviewé dans le cadre de l’enquête a fait savoir qu’il s’est réfugié dans l’alcool suite à une déception amoureuse. Pourtant, les effets secondaires de ce produit auquel il est devenu accro sont déjà perceptibles : joues bouffies et tombantes, regard hagard, haleine éthylique.

Suite à ses enquêtes, Flore Nombimè a pu découvrir que cet alcool frelaté qualifié de “Sodabi” est produit sur place dans le département de l’Atacora et non importé des pays “Adja” comme le font croire les vendeurs. « L’alcool frelaté est l’alcool d’une production de sources douteuses qui ne provient ni de vin de palme des régions du sud communément appelé “sodabi” ni de la transformation de la boisson locale ‘’Tchakpalo’’ ou ‘’Tchoukoutou’’ des 2Kp ou de Natitingou », renseigne Taté Ouindéyama maire de la commune de Natitingou. Plus loin, un membre d’une famille de producteurs explique le processus de production. À l’en croire, « Avec un litre d’alcool à 90° dont le prix en pharmacie tourne autour de 4000 à 5000 fcfa, on peut obtenir des dizaines de litres d’alcool consommable. Dans une bouteille d’un litre, on met plus de 3/4 de litres d’eau. On y ajoute une petite quantité d’alcool à 90° et on secoue le mélange correctement, pendant plusieurs minutes. Du vrai ‘’Sodabi’’ est ajouté au mélange eau-alcool pour créer la sensation ». De son côté, la docteur Nelly Yotto explique que « des fois, c’était de l’alcool pur dans lequel les gens ajoutaient du tramadol, ce qui est extrêmement nocif pour la santé ».

Si l’enquête révèle que l’alcool servi aux populations de l’Atacora est produit dans des conditions douteuses, les vendeurs quant à eux, soutiennent d’emblée que leurs boissons sont de bonnes qualités. À côté du ‘’Sodabi’’ frelatée qui prend une proportion inquiétante se trouve le ‘’Tchoukoutou’’ qui n’échappe pas non plus à l’effet de frelatage comme l’explique la médecin Nelly Yotto. « Quand on travaillait sur le sujet, on s’était rendu compte que le ‘’Tchoukoutou’’ était aussi frelaté. Les fabricants y ajoutaient du tramadol ou certaines racines pour potentialiser son effet », confie l’agent de santé.

Si l’alcool et autres liqueurs frelatés continuent de gagner le terrain dans le département de l’Atacora, c’est à cause de leurs prix abordables. En effet, pendant que le sachet d’environ 5 cl de whisky, gin ou de rhum est vendu à 125 Fcfa, la bouteille de 65 cl de bière vaut 600 Fcfa voire plus dans les débits de boissons. De même pour attirer la clientèle, les tenanciers des bistrots cèdent la boisson par verre. Ainsi, le verre d’environ 10 cl est cédé à 50 Fcfa et la bouteille d’un litre entre 600 et 800 Fcfa tandis que le vrai ‘’Sodabi’’ du Mono peut coûter 1000f ou plus. Face à la qualité du produit, les consommateurs préfèrent l’accessibilité du prix ignorant qu’ils achètent ainsi leur mort.

Lisez l’intégralité du dossier sur https://www.banouto.bj/article/investigation-reportage/20220120-benin-le-sodabi-frelate-coule-a-flots-dans-l-atacora et https://www.banouto.bj/article/investigation-reportage/20220121-benin-pourquoi-le-sodabi-frelate-regne-dans-l-atacora-2-4

Samira ZAKARI

NB: Cet article a été réalisé dans le cadre du projet “Enquêtes sur les droits sociaux au Bénin en 2021: cas de l’eau et la santé”, financé par la Fondation Friedrich Ebert (FES) au Bénin et piloté par Banouto, dans un partenariat avec Matin Libre, La Météo, Daabaaru et Odd Tv.

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Comments

  • Nous lançons un cri d’alarme , au secours les autorités de l’atacora. même s’il faut agir par force faites le pour sauver nos frères, sœurs et parents de l’atacora. Même si aujourd’hui a vu d’œil les hommes ne vous comprennent pas , ils vous comprendront demain . Et même le ciel vous en serais très reconnaissant

    DASSABOUTE idelphonse 30 janvier 2022 19 h 14 min Répondre

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