ÉDITO
Djogbénou ou le courage de la tortue !
Dans la journée du mardi 7 janvier 2020, trois justiciables très peu ordinaires étaient attendus devant la cour constitutionnelle du Bénin. Il s’agissait des anciens présidents de la République Boni Yayi et Nicéphore Soglo. Cette interpellation fait suite à un recours d’un citoyen béninois devant la cour de Djogbénou pour mieux savoir sur l’implication de ces personnalités dans l’affaire de la fermeture des frontières bénino-nigérianes.
Mais, il était bien prévisible, qu’aucune des deux personnalités ne répondra à cette convocation de la cour.
Alors, cette interpellation historique montre tout simplement combien le béninois est audacieux. Certes, nul ne peut se croire être au-dessus de la loi. Mais qu’on le veuille ou non, compte tenu de la sociologie béninoise, l’interpellation de certaines personnalités, est considérée comme un fait extraordinaire. Cette interpellation démontre davantage le culot de la cour Djogbénou qui a eu même à juger des divinités dans ce pays. Alors, convoquer des anciens chefs d’États dans une affaire face à laquelle la Cedeao a montré ses limites, est de plus un signe de bravoure quelle qu’en soit son issue.
Par ailleurs, que ce soit le requérant ou la juridiction qui interpellent, cette affaire leur procure tout simplement un grain de célébrité tout comme la tortue qui a défié de faire sortir l’hyppopothame de son marigot vers la brousse et de faire pareil pour l’éléphant dans le sens contraire, à l’aide d’une corde. Quel animal prétentieux ! Or, la tortue étant bien consciente de sa faiblesse, voulait indirectement mettre les deux pachydermes en rapport de force pour en tirer sa propre gloire.
L’absence bien prévisible des deux justiciables hors classe est le signe de ce que ces personnalités ont compris la leçon de ce conte populaire. Néanmoins, l’objectif caché de l’initiateur de cette action semble bien être déjà atteint.
Edouard ADODE