ENCADREMENT DE L’AVORTEMENT AU BÉNIN : Dans les coulisses de l’Interruption Volontaire de Grossesses à Parakou

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L’avortement a été encadré au Bénin le jeudi 21 octobre 2021, à travers le vote de la loi N°2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. Ainsi, l’Interruption Volontaire de Grossesse (Ivg) requiert une certaine exigence avant son effectivité. A Parakou, certaines filles ont déjà fait l’expérience.

Olivia LIMA (Stg)

L’Ivg a pour objectif de sécuriser et d’encadrer la pratique de l’interruption des grossesses. Elle permet à la femme d’interrompre sa grossesse, par des spécialistes et dans des conditions qui préservent sa vie. Pour que cela soit une réalité il faut certaines conditions.

Une jeune fille interrogée sur la question qui a requis l’anonymat confie, « Je l’ai fait une seule fois et tout s’est bien passé. Grâce à cela, je continue les études et j’ai pris conscience. Car, l’opération fait très mal. On apprend des erreurs commises. Si je n’avais pas interrompu cette grossesse, je ne saurais pas combien les conséquences sont énormes ». Néanmoins, elle se sent coupable vis-à-vis de la société. « Je me sens gêné depuis ce jour surtout lorsqu’on en parle près de moi. Je ne juge pas totalement bien cette pratique. Néanmoins je ne pouvais pas faire autrement. Les sages femmes m’ont dit que je n’avais pas la hanche pour garder une grossesse. De plus, je n’avais pas d’argent pour prendre en charge les soins », a-t-elle témoigné. Une autre jeune fille qui a également requis l’anonymat relate, « J’ai avorté une fois, mais ça n’a pas été vraiment facile. C’était par une interruption chirurgicale. Pour la première fois, le spécialiste m’a dit que l’opération s’était bien passée. Mais, ce n’était pas vrai car, j’étais toujours malade. Je souffrais tellement et il a fallu une deuxième fois avant que ça ne marche. J’ai beaucoup saigné à cet effet ».

Abdoul-Djalilou Tegnami, médecin généraliste et chef de la clinique de Kabor dans la commune de Tchaourou, rappelle les conditions avant une Ivg. « Que la grossesse soit au plus tard dans sa douzième semaine, qu’elle constitue un danger pour la mère et pour l’enfant. La grossesse doit être un fruit d’un inceste ou d’un viol ».

Le taux d’avortement dans certaine localité, est momentanément faible. Abdoul-Djalilou Tegnami, donne quelques précisions sur le nombre de clients qu’il reçoit. « Dans ma pratique quotidienne, je reçois très peu de femme qui décide d’interrompre leur grossesse. Dans l’année, on peut avoir deux à trois cas », a-t-il mentionné. Selon lui, on distingue deux méthodes d’Ivg. Il s’agit de « l’interruption médicale et de l’interruption chirurgicale. L’interruption médicale consiste à interrompre la grossesse par les médicaments et celle chirurgicale est manuel et sous anesthésie ». Les avantages varient en fonction de la méthode, de même le risque augmente en fonction de la méthode. « Les avantages de l’avortement dépendent de la méthode choisie. L’avantage d’une interruption médicale permet d’éviter une interruption chirurgicale et vice-versa », a précisé Abdoul-Djalilou Tégnami.

Des conséquences 

Choisir d’interrompre volontairement une grossesse, est également choisir de subir les conséquences de la méthode utilisée. « En ce qui concerne l’interruption médicale, il convient de retenir comme risque des hémorragies, des infections, des effets secondaires et même l’échec des médicaments utilisés pour l’opération », a expliqué Abdoul-Djalilou Tegnami. Il ajoute que « Quant à l’interruption chirurgicale, elle présente une fiabilité plus accrue que la première, ce qui lui accorde plus de crédit. Il n’en reste pas moins qu’elle pourrait causer une perforation de l’utérus ou des intestins et des hémorragies ». Les risques se manifestent à court, à moyen et à long terme. « Aussi, pourrait-elle impacter la fertilité future de la femme car, elle peut impacter la structure de l’endomètre, ce qui empêcherait une nouvelle grossesse dans l’avenir ou provoquerait des fausses couches répétées. L’Ivg comporte un risque psychologique considérable au niveau de la femme. Comme les périodes de dépressions », a mentionné le médecin.

Malgré l’encadrement de l’avortement au Bénin, il reste un sujet tabou et très sensible même pour les spécialistes.

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