ENTERREMENT DU PLACENTA AU BENIN
Un rituel à fort impact sur le nouveau-né
. La particularité des peuples Nagot du Bénin
La naissance d’un enfant fait toujours la fierté et la joie de toute une famille. Et pour que cette joie soit parfaite et pérennisée dans le temps, plusieurs paramètres s’avèrent indispensable pour le devenir heureux de cet enfant. Parmi ceux-ci, se trouve le processus d’enterrement du placenta du nouveau-né. Un organe vital d’échange entre la mère et le fœtus que certains parents semblent négliger et qui, par la suite a des répercutions négatives sur la vie de l’enfant. Ainsi, l’enterrement de cet organe après chaque naissance est entouré de soins et de rituels qui varient d’un peuple à un autre. Chez les peuples Nagot du Bénin maintes particularités sont notées.
Wilfried AGNINNIN & Francisca Mondoukpè ATCHADE (Stgs)
Organe d’échange entre la mère et le fœtus, le placenta est une pièce vitale unique qui connecte physiquement et biologiquement l’embryon en développement à la paroi utérine. Durant toute la grossesse, il apporte à l’embryon puis au fœtus l’eau, les nutriments et le dioxygène dont il a besoin. Après l’accouchement, le placenta est expulsé pour être enterré. Cet acte diffère d’une ethnie à une autre. En milieu Nagot, il est un symbole de l’accouchement, et appelé «Ibi Omo». A la naissance du nouveau-né, il est recueilli et confié à la famille du père. Il est le début de la vie de tout enfant.
Processus d’enterrement du placenta chez les Nagot
Après la délivrance de la mère, le placenta est remis à la famille du père de l’enfant parce que cette responsabilité lui incombe. De plus, c’est à lui qu’appartient l’enfant car il porte son nom.
En cas de son absence, c’est au frère du père ou à la famille de celui-ci qu’il est remis et c’est ce dernier qui procède à l’enterrement. Pour le faire, il faut d’abord trouver un endroit humide. Cependant, les endroits sécurisés sont aussi conseillés. Généralement, beaucoup le font aux alentours des douches. Pour le sage Eleuthère Okpara, il faut creuser un trou assez profond et verser le placenta à l’intérieur. Par la suite, faire des prières de bénédictions. «On prie pour que cet enfant ne soit pas le seul de la famille, pour qu’il ait une longue vie», a-t-il confié. Il a, par la suite, fait savoir qu’il faut recouvrir avec un canari cassé et fermer le trou pour qu’aucun animal comme un cochon ou un chien ne le déterre. Si possible, renchérit le sage, poser une brique. « L’enterrement du placenta peut se faire à n’importe quel moment du jour », a-t-il ajouté.
Proscription de l’enterrement du placenta à la femme
En milieu Nagot, la femme n’est pas destinée à enterrer le placenta de son enfant. Dans la société comme dans la vie matrimoniale, l’homme est le père de la famille et bien évidemment le garant du foyer. Au premier plan, toutes les décisions reviennent au mari, bien qu’il puisse consulter sa femme dans la prise de certaines.
Le vieux sage Nago Eleuthère Okpara est bien informé et même très bien, sur la tradition de l’enterrement du placenta. Selon lui, presque dans toutes les ethnies l’enterrement du placenta se fait par le père de l’enfant où en cas d’absence par la famille du mari de préférence un homme. « Pourquoi si on veut donner le nom à l’enfant au cours de son baptême, on ne donne par le nom de la mère et c’est le nom de famille du père que l’enfant porte?», s’est-il demandé. Pour le sage, l’enfant appartient plus à l’homme qu’à la femme. Boukari Abdou Moumouni un jeune célibataire a aussi sa petite compréhension de ce fait social. C’est pourquoi il ne pense pas qu’une femme pourrait jouer le rôle. Pour lui, ce geste est significatif et plein de sens.
Cependant, Albertine Biaou la quatre-vingtaine n’est pas du même avis que le sage Eleuthère Okpara. Selon elle, même si la tradition veut que l’homme ou l’un des membres de sa famille enterre le placenta de l’enfant, il n’est pas aussi totalement exclu qu’une femme procède à l’enterrement du placenta. « Il peut arriver, ajoute-t-elle, qu’on se trouve dans une situation embarrassante où le choix s’impose de confier ce travail à une femme. Néanmoins, celle-ci doit se renseigner sur le processus d’enterrement et doit être une femme qui inspire une certaine confiance ».
Conséquences en cas de négligence
Les personnes les plus âgées ont fait savoir que le placenta est bien lié et très bien même ficelé par le cordon ombilical de la vie de l’enfant. Pour les sages Eleuthère Okpara et Albertine Biaou la négligence dans l’enterrement du placenta d’un enfant peut être source de malédiction, de malchance et bien d’autres répercussions sur la vie de ce dernier. Cela pourrait imposer ou avoir une contrainte permanente sur l’avenir de l’enfant. C’est pourquoi, ils invitent les concernés à prendre toutes les dispositions avant l’enterrement du placenta. Selon eux, il sera difficile de changer les malédictions issues de la négligence dans l’enterrement du placenta.
Avis aux jeunes
À l’endroit des jeunes, le vieux sage Nagot Eleuthère Okpara recommande de se conformer aux exigences de la coutume pour éviter une éventuelle malédiction. Il prône l’écoute aux conseils des parents afin que les nouveau-nés aient un bon avenir. « Un parent ne peut jamais donner un mauvais conseil à son enfant. Un enfant ne peut pas demander une ceinture à son parent pour que ce dernier lui remette un serpent », conseille-t-il.
L’enterrement du placenta est lié au destin des enfants, il serait préférable que les parents fassent preuve de responsabilité dans cet acte majeur.