INDEPENDANCE DU BENIN
De 1960 à nos jours ce qui a réellement changé
.Les avis des populations sur l’indépendance du Bénin
La date du 1er Août de chaque année au Bénin ne passe pas inaperçue. Elle retient l’attention de bon nombre de béninois notamment les autorités politiques à divers niveaux. On célèbre tout simplement l’accession du Bénin à la souveraineté nationale internationale autrement dit, l’indépendance du pays. Cependant, de 1960 à aujourd’hui, la question de l’indépendance du Bénin suscite assez de polémiques dans le rang de la population. Si pour les témoins oculaires de cet événement, c’était un moment de grandes jubilations, aujourd’hui certains semblent remettre en cause cette indépendance. Pour ces derniers, elle reste une utopie. Pour d’autres le Bénin fait des efforts pour tendre vers une réelle indépendance. Même si les avis sont partagés sur la question, beaucoup de changement sont observés dans le pays.
Barnabas OROU KOUMAN
Bénin d’aujourd’hui, Dahomey d’hier, ce petit pays de l’Afrique de l’ouest est l’une des anciennes colonies de la France en Afrique. Proclamé république en 1958 suite à la loi Déferre, le Bénin a obtenu son indépendance en 1960. Il fait partie des pays à qui la France a octroyé l’autonomie en cette année suite à de longues années de négociations. Le Bénin est donc proclamé indépendant le 1er Août 1960 à la place de l’indépendance à Porto-Novo par le discours de son premier président Hubert Koutoucou Maga.
1960-2018, qu’est-ce qui a changé ?
Depuis cette année, que ce soit sur le plan social, politique et économique plusieurs changements ont été enregistrés dans l’histoire du Dahomey devenu Bénin. Après son accession à l’indépendance, le peuple dahoméen devrait désormais prendre son destin en mains et continuer le chemin tout seul. Ainsi, il a perduré dans ses habitudes certaines œuvres des colons.
Sur le plan de l’éducation, on a assisté depuis l’indépendance à l’éclosion des établissements scolaires. « Autrefois il y avait un seul établissement régional que ce soit du coté de la santé comme de l’éducation », affirme Bio Abdoulaye Idrissou, sexagénaire instituteur à la retraite et politicien de l’époque révolutionnaire. En dehors du secteur social, plusieurs infrastructures ont été réalisées après l’indépendance pour contribuer au développement du pays. « Dans les années 60, il n’y avait pas des routes bitumées ou pavées, c’était du sable rouge. Mais aujourd’hui c’est le contraire, cela démontre qu’il y a du changement », a confirmé Maurice Thomas, ancien chef cabinet du feu président Hubert K. Maga. Des usines ont également été implantées au Bénin sans parler de la nationalisation du budget fiscal.
Certes, il y a des défauts qui se sont installés mais un net changement a été enregistré quitte à s’exprimer sur l’effectivité de l’indépendance du peuple béninois.
Au plan politique, l’animation de la vie publique se passe tant bien que mal. On peut se targuer au moins d’avoir des institutions nationales animées par des béninois contrairement aux temps coloniaux.
A l’international, le Bénin est plus ou moins représenté dans les instances internationales. On peut déjà énumérer l’Organisation des Nations Unies(Onu), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de L’Ouest (Cedeao), l’Union Africaine(Ua), pour ne citer que celles-là. Cependant, la question de l’indépendance reste encore en état.
Le Bénin est-il réellement indépendant?
Les réponses à cette question sont multiples et diverses. Les avis diffèrent d’une personne à une autre. Ainsi, pour certains, le peuple béninois est indépendant. Du fait de sa tranquillité, de sa paix…, les béninois s’estiment indépendants. C’est fort de cela que Idrissou Bio Abdoulaye affirme « Côté liberté on est indépendant parce nous parlons nos langues comme nous voulons sans problème, ce qui n’était pas possible autre fois ». « Les béninois sont indépendants. Juste qu’ils sont paresseux. On ne développe pas son pays en restant coucher. Il faut travailler », renchérit Maurice Thomas.
Pour d’autres, l’indépendance du Bénin est mitigée car, les béninois l’ont obtenue mais continuent d’être sous la domination du colon. Quand on parle d’indépendance, c’est de ne plus avoir besoin de l’aide de qui que ce soit. Or, la main béninoise est toujours tendue vers l’extérieur afin d’avoir de quoi développer le pays. Comme le témoigne Boukary Idrissou enseignant résident à Parakou, « le Bénin reste économiquement et financièrement dépendant parce que le prix du coton béninois est fixé par l’occident et nous continuons d’utiliser la monnaie des colons, le franc Cfa ». C’est le même son de cloche du côté de Houeharou Salé ex chef service des affaires financières de la préfecture de Parakou à la retraite, « le commandement d’hier n’est plus le même qu’aujourd’hui. Certes, les blancs nous ont laissé la main mais avec une corde au cou. On ne saurait dans ce cas parler d’indépendance sans une agriculture libre, une économie libre, et une indépendance de nos institutions. Les cadres doivent rechercher cette conscience morale pour qu’enfin, nous aspirons à la liberté ». Le même sentiment est partagé par Atchadé Chambi Julien enseignant de linguistique à l’université de Parakou, « C’est une indépendance nominale, notre pays fonctionne encore en étant sous la bannière du colonisateur qu’est la France qui a la main mise sur notre pays dans beaucoup de domaine ». Il fait remarquer par la suite qu’ « un pays indépendant ne continue pas de tendre la main aux autres pour assurer certaines questions de souveraineté. Notre réelle indépendance reste à venir ». De même pour les plus jeunes, le constat demeure intact. «Le blanc a cru que nous pouvons diriger mais Hélas C’est pire que le temps des colons. On a une jeunesse sans espoir, les femmes sont marginalisées. Les politiques ont trahis l’espoir de l’Afrique. Les blancs nous ont appris à marcher mais après leurs départ ont rampent encore ». Raïssa Orou Seko étudiante en géographie
Ces différents avis reflètent bien le sentiment qu’éprouvent bon nombre des citoyens béninois. Chacun doit travailler de son côté de manière à ce que la nation atteigne une véritable autonomie. Car, rien n’est jamais définitivement acquis.
