PARENTE A PLAISENTERIE EN AFRIQUE : Une marque identitaire en voie de disparition

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PARENTE A PLAISENTERIE EN AFRIQUE

Une marque identitaire en voie de disparition

Autrefois l’Afrique était un continent formé en une seule entité où régnaient plusieurs sociétés et groupes ethniques. Chaque société avec ses réalités culturelles et mode de vie qui la différencient d’une autre. Et l’une des réalités que ce continent a laissées à ses fils et qui est transmis de génération en génération, est la parentée à plaisanterie. C’est une coutume qui est observée surtout en Afrique de l’Ouest et qui s’applique entre les cousins d’une même famille ou d’un même Castle. Mais cette richesse culturelle de l’Afrique se voit de jour en jour menacée de disparition.

Samiratou ZAKARI

Dans plusieurs cultures, il serait impoli de se moquer ouvertement d’un inconnu, et complètement criminel d’entrer dans son domicile prendre un objet très important mais ces actes peuvent être dans certains cas acceptables entre certaines communautés en Afrique de l’ouest et du centre et donnent même souvent lieu à des scènes de rire aux éclats grâce à la parenté à plaisanterie qui existe entre ces peuples. C’est en effet une relation entre des individus, des familles, communautés ou groupes ethniques dans lesquels l’une est autorisée par la coutume ou parfois même obligée de taquiner l’autre ou de s’en moquer sans conséquence. En Afrique en général cette coutume est retracée à travers les récits oraux. Selon les historiens, la parenté à plaisanterie est héritée de l’histoire précoloniale et varie en fonction des ethnies. La relation s’est instaurée lors des conflits aux travers d’alliances guerrières entre les peuples. Par la suite, elle s’est développée entre les peuples aux modes de vies différents. Elle se pratique partout dans les rues, les cérémonies heureuses comme malheureuses, lors de réunions de familles et se manifeste par le langage. C’est à travers le dialogue et les gestes qui ont tendance à une bagarre entre deux ou plusieurs individus où l’un traite parfois l’autre d’esclave … On peut savoir qu’ils sont parent à plaisanter. Au Bénin par exemple cette plaisanterie existe entre les peuples Baatoonu et Nago, où les Baatoonu se réclament être les rois, les chefs des Nago eux considérés comme esclaves pour plusieurs évènements qui ont existé entre ces peuples. Cette tradition entre ces deux communautés se remarque plus pendant la fête de la Gaani au cours de laquelle les Nago ont le pouvoir d’envahir les régions ou vivent les Baatoonu et d’immoler tout ce qu’ils trouveront comme animal sur leur passage sans avoir de demande d’explication. De plus il n’est pas rare de voir un cadavre saisi par une autre famille pour exiger de la famille du défunt une contrepartie ou une mariée enlevée par ses alliés à plaisanter et demander une contrepartie au marié. Cette marque culturelle qui parait banale est d’une importance primordiale et joue un grand rôle dans les sociétés africaines.

Quelques rôles de cette pratique

La parenté à plaisanterie peut être considérée non seulement comme un facteur de cohésion mais aussi comme un socle qui amortit les tensions sociales entre communautés. Grâce à cette pratique des situations de querelles en phase de dégénérer ont pu reprendre d’autres tournures de bonne humeur. Aussi le respect humain, les positions sociales, la pudeur des peuples africains font qu’ils n’arrivent pas à aborder certains sujets délicats et se dire directement certaines vérités. La parenté à plaisanterie est donc une bonne manière pour le faire. Elle permet une consolidation des peuples et la solidarité.
Malheureusement l’évolution de la modernité en Afrique fait que cette valeur culturelle d’antan est en train de disparaitre. L’Afrique est en perte de ces valeurs culturelles. Les jeunes aujourd’hui ne connaissent plus l’importance de la famille et donc de la parenté à plaisanterie. Peu sont les jeunes qui connaissent l’histoire de leur localité à cause des valeurs à eux transmises par les colons. Les quelques uns qui se retrouvent avec des cousins ayant des connaissances de cette pratique n’arrivent pas à supporter l’ambiance de la plaisanterie qui leur est faite et se révoltent contre leurs alliés à plaisanter sans raison valable.
Il va falloir un réveil des africains, qu’ils se rendent compte des innombrables richesses que regorgent ce continent et qui ne se retrouvent nulle part ailleurs et qui peut favoriser son développement. Car la culture est ce qu’il y a de plus chère qu’un peuple peut vendre.

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