POPOTE DANS LE FOYER
Un devoir conjugal de plus en plus bâclé
Le but de toute relation amoureuse entre l’homme et la femme est la vie en famille, une union qui est régie par des règles mais aussi des devoirs auxquelles chacun des conjoints est tenu de se conformer pour l’épanouissement du couple. Ainsi, comme devoir, la popote, un acte aussi vieux que le monde dans les sociétés se révèle comme un devoir qui est plus réservé à l’homme au sein du foyer. Elle joue un rôle primordial dans la survie des foyers. Malheureusement, nombreuses femmes ne bénéficient pas de ce geste symbolique plein de sens ce qui est souvent source de tension entre conjoints.
Samiratou ZAKARI
En Afrique, un homme est considéré comme vrai et riche lorsqu’il est capable de remplir chaque année le grenier pour que sa famille ne meurt de faim ou plus encore, mais aussi de remplir chaque jour, ou mensuellement son devoir de père de famille qui est de donner à son épouse de quoi assurer les petits besoins alimentaires du foyer. La popote est un élément clé dans le fonctionnement des couples. Selon le sociologue Tchamtipo Saï Sotima, la popote représente le budget alimentaire d’une famille. Il précise que la popote est une charge familiale qui doit être assurée par les deux conjoints dans le foyer. « L’homme lui, a des charges reconnues comme une souveraineté auxquelles il ne peut pas se dérober comme le loyer, l’électricité etc. » Mais, les réalités de vie en Afrique font que la popote est aussi considérée et perçue comme un devoir que doit accomplir l’homme vu qu’il est le premier responsable du couple. La popote est un geste qui a de nombreux avantages dans la vie du couple.
Pourquoi donner la popote ?
Cet acte qu’elle soit bien organisé, bien tenu ou négligé est un gage de quiétude et permet selon les femmes de montrer à quel point il y a une hiérarchie et un ordre au sein du foyer. « La popote permet à l’homme de remplir son rôle d’époux et de chef de famille. Il prouve en assurant la popote qu’il est le maître du foyer, le décideur et ainsi il y a le respect qui règne au sein du foyer », a fait savoir Adam Yacoubou père de famille à Parakou. Bernice aide-soignant dans une clinique abonde dans le même sens que son prédécesseur, « l’homme est l’autorité de la maison et pour jouir vraiment de ce titre dans le foyer, il a le devoir de donner l’argent de cuisine à sa femme, car c’est lui qui épouse la femme, et assurer la popote est son rôle ». A en croire le sociologue Tchamtipo Saï Sotima, la popote permet aussi d’assurer les besoins alimentaires de la famille. Vu l’importance de la popote dans la vie de couple, la somme décaissée par l’homme pour assurer cette charge est élaborée sur des critères bien définis en fonction des familles.
La réalité d’aujourd’hui
Même si assurer la popote est une obligation pour l’homme, la réalité sur le terrain est que certains hommes n’en font pas vraiment un souci, ou cet acte ne fait pas partie des règles de vie en couple dans certains milieux. Avec l’émancipation de la femme aujourd’hui, elle a la chance d’être autonome et n’attend pas forcément son époux pour les besoins du foyer. Ce qui fait que bon nombre d’hommes se camouflent derrière ce thème d’émancipation pour fuir leurs responsabilités d’époux garant du bien-être de la famille. « Je vis depuis 15 ans avec mon époux et nous avons 3 enfants, vu que j’ai une situation financière plus ou moins confortable que lui, il me laisse toutes les charges alimentaires du foyer. Il suffit pour lui de déposer un sac de maïs et de riz dans la chambre et c’est fini, le reste il ne s’en préoccupe plus malgré mes plaintes. Son souci est de venir et trouver à manger chaque jour. Mais cela n’est pas digne d’un homme responsable », a laissé entendre Mariam enseignante à Parakou.
Aussi dans la plupart des zones rurales du Bénin, la popote est une charge qui revient à la femme. L’homme a juste pour obligation, de produire aux champs et de remplir le grenier familial après chaque récolte. Il remplit donc à travers cet acte sa part de responsabilité dans la famille. C’est ce qui est d’ailleurs confirmé par Douwé ménagère à Komiguéa dans la commune de N’Dali. « Chez nous c’est à la femme de s’arranger pour assurer les deux repas de la journée. Mon époux est cultivateur et après la récolte il est tenu de pouvoir la cuisine en céréales et tubercules ».
L’aliment étant une substance nécessaire pour satisfaire les besoins de l’organisme, il revient dont à chaque homme de remplir ce rôle qui est d’assurer la popote qu’elle soit mensuelle ou journalière tout en comptant sur l’épouse pour l’aider dans cette tâche qu’il ne peut d’ailleurs pas accomplir seul face aux autres charges de la famille.