PORT DE TURBANS DANS L’AIRE CULTURELLE DU BARU TEM : Quand l’élégance et le prestige donnent un sens à la royauté . Zoom sur ce pan de la culture Baatonu

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Le peuple Baatonu est organisé en des classes sociales strictes. Il s’agit des nobles guerriers (Wassangari), des agriculteurs roturiers (Baatombu autochtones), des griots, des artisans et des esclaves. Les royaumes du Baru Tem sont dirigés par deux lignées notamment celle des Wassangari et des Baatombu autochtones. Chaque lignée est constituée de dynasties et dirigée par un Sinaboko. Ainsi, le Sinaboko et les autres têtes couronnées s’identifient par un accoutrement spécial notamment le port du turban. Le turban est un cocktail d’élégance et de prestige qui transmet un message sur la classe royale de celui qui le porte.

Souleymane MABOUDOU MAMA (Etd Cfoman-Daabaaru)

L’histoire de l’Afrique enseigne des pratiques propres à chaque peuple, à chaque communauté. Le port du turban dans l’aire culturelle du Baru Tem constitue un message fort et chargé d’histoire. En effet, le turban est un couvre chef volumineux constitué d’une longue écharpe enroulée autour de la tête ou d’un chapeau. Cette pratique aussi vieille que le monde s’observe chez les Wassangari et les Baatombu roturiers au niveau des chefferies et royaumes qui composent le Baru Tem.

Origine du turban

Le turban dans un premier temps protège contre la poussière, le vent et bien d’autres intempéries. Cette pratique est répandue dans toute la région du Sahel. Dans un second temps, le turban est la chose qui vient honorer la tenue que l’on porte. Une tradition en vogue avec le développement de l’Islam où il est vu comme un symbole dans la religion islamique. Protection, honneur, prestige, sont les maîtres mots du port du turban chez les peuples du Sahel et du Sahara c’est-à-dire les afro-asiatiques. Dans nos contrées également, le turban est un symbole de chefferie, de royauté. Il s’agit de l’Empire du Kanem Bornou, les royaumes du pays Haoussa ou encore Songhaï et au-delà des frontières africaines. Cette même pratique a pris une tournure culturelle dans les royaumes du Baru Tem.

Quid des différents types de turbans ?

« À tout seigneur, tout honneur » dit-on. Selon Sarki Haoussawa du Bénin, premier Vice-Président (Vp) du Haut Conseil des Rois du Bénin, il y a plusieurs sortes de turbans. «Ici dans le Baru Tem, les rois portent le rond avec une amulette rouge au front. Il y a aussi pour les musulmans. Chez les Imams, c’est le tissu blanc enroulé sur le chapeau rouge. L’on peut avoir à faire avec du turban non seulement enroulé sur la tête mais aussi noué au cou. C’est une pratique étrangère qui vient du Sahel notamment Kanem Bornou, Haoussa, Songhaï, Mali et autres pays où c’est utilisé comme une protection et un symbole de noblesse», a-t-il fait savoir. Le griot est le gardien de la tradition africaine. dit-on. Pour sa part, Worou Tokoura, roi des griots Guesseré dans ses propos a fait remarquer que «seul le Sinaboko et ses frères qui portent le turban dont la forme et la couleur sont particulières, enroulé sur la tête et noué au cou. Il est d’origine Borno ou Haoussa qui symbolise sa suprématie par rapport aux autres rois. Il porte également « Gourmoussou » avec son foulard sur le turban».

Qui peut porter le turban ?

Le port du turban c’est le symbole de royauté, de grandeur et de noblesse. Cependant, il y a le type de turban qui correspond à un roi donné pour marquer sa grandeur par rapport à un autre roi. Selon Sarki Haoussawa, «ce sont les rois qui ont droit au turban, les gobi n’ont pas droit au turban. Avant, chez les Baatombu, c’est le Tako avec le bonnet rond. Mais aujourd’hui, l’influence des Haoussa, Kanem Bornou a fait que tous les rois s’habillent en grand boubou, « Gourmoussou » avec leurs turbans enroulés à la tête».
Le griot est supposé mieux maîtriser l’histoire des dynasties. Il honore chaque roi selon sa classe. «Les rois ont droit au turban. Le ‘’Bagoudou Sobabè’’ n’avait pas droit au turban. Le Sinadounwirou n’avait pas droit au turban mais sous le règne de Séro Kora, il bénéficie de turban, ‘’Gourmoussou’’ et cheval. Baba Damagui n’avait pas droit au turban mais, aujourd’hui il le porte. Seul le Sinaboko a droit au turban enroulé à la tête et au cou modèle Haoussa ou Borno avec ‘’Gourmoussou’’ dont le chapeau est posé sur son turban pour marquer le symbole de suprématie par rapport aux autres rois et têtes couronnées de son territoire», a clarifié Worou Tokoura. Il a, par ailleurs, ajouté que «Seko Sounon a droit au turban avec ‘’Gourmoussou’’ rouge pour marquer le feu. Arari Sounon a droit au turban ainsi que le chef des Foulani. Gbégourou Sounon a droit au turban».

Le port de turbans dans l’aire culturelle du Baru Tem est une pratique très hiérarchisée et suivie de près au niveau de la Cour impériale de Nikki. À commencer par le Sinaboko, ses frères et enfants Wassangari jusqu’aux Bassira, le port du turban est un autre langage de la culture Baatonu.

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