PROTECTION DES FORETS AU BENIN : Les principaux acteurs dans un flou indescriptible . L’implication des élus locaux très attendue

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Les forêts sont en agonie au Bénin. L’état des lieux n’est pas reluisant. Chaque année, près de 100.000 ha de forêts sont détruits pour diverses raisons. Les différents acteurs impliqués dans la protection des forêts ont du mal à jouer convenablement leur rôle. Depuis le temps colonial à aujourd’hui, les fruits ont du mal à tenir la promesse des fleurs. Les différentes solutions proposées tiennent difficilement la route. Reçu par nos confrères de la radio Fraternité, le colonel Théophile Sinandounwirou, Chef de l’Inspection Forestière du Borgou a donné les raisons qui justifient cet état de chose tout en proposant des alternatives.

Wahabou ISSIFOU

Selon la loi portant régime des forêts en République du Bénin, la forêt est tout terrain couvert de formations végétales arbustives ou arborées à l’exception des cultures agricoles et qui peuvent fournir du bois ou d’autres produits outre que les produits agricoles ou encore abritées de la faune c’est-à-dire les animaux sauvages et pouvant exercer un effet indirect sur le sol, le climat etc. Les forêts sont des écosystèmes essentiels pour lutter contre le changement climatique et pour maintenir la biodiversité, en particulier les forêts tropicales. Mais malheureusement selon le colonel Théophile Sinandounwirou, les forêts du Bénin comme celles de plusieurs autres pays font objet de beaucoup de menaces. «  Nos forêts ne sont pas en bonne forme à cause de nos actions, des actions des hommes que nous sommes et en particulier, il faut voir les activités agricoles que nous menons actuellement », a-t-il fait savoir en ajoutant comme autres raisons, les feux de brousse incontrôlés, l’exploitation incontrôlée du bois, le pâturage incontrôlé et le facteur lié aux changements climatiques.  Tous ces facteurs mis ensemble avec surtout l’aspect anthropique lié à la croissance démographique, lié au niveau de pauvreté des populations riveraines font que les forêts ne sont pas au beau fixe. Et si la situation est devenue ainsi, c’est parce que les principaux acteurs (l’Etat que représente l’administration forestière, les collectivités locales ou les communes, les populations riveraines, les acteurs de la société civile et les privés) chargés de la gestion des forêts s’accusent de la mauvaise gestion, va préciser le colonel.

Quid de l’implication des élus locaux ?

Selon le chef de l’inspection forestière du Borgou Théophile Sinandounwirou, l’implication des élus locaux est apparue avec la décentralisation. Ainsi, des indépendances à 90, il y a eu des mesures de protection strictes au niveau de ces forêts. « De 1990 à 1998, il y a eu une nouvelle politique de gestion durable des forêts mettant l’accent sur la participation des communautés riveraines. C’est dans cette période que la loi 93-009 du 2 juillet 1993 portant régime des forêts en République du Bénin et son décret d’application, le décret 96-271 du 2 juillet 1996 ; et c’est cette loi qui régit aujourd’hui nos forêts », a-t-il rappelé en précisant que l’innovation de cette loi par rapport à ce qui existait avant 1990 est l’implication des communautés riveraines pour accompagner l’administration forestière qui a un faible moyen humain et matériel pour gérer les forêts. L’idéologie est qu’en impliquant les populations riveraines, les résultats pouvaient être améliorés. Malheureusement, la dégradation ne s’est toujours pas arrêtée. « C’est ainsi en 1999 avec la loi 097-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de l’administration territoriale en République du Bénin qu’est apparue la participation des collectivités riveraines au niveau du Bénin et c’est dans la loi 98-039 du 12 février 1994 qu’est apparu le rôle, la participation des collectivités riveraines dans la gestion de l’environnement et des ressources naturelles. Donc par rapport aux rôles des élus locaux, il faut dire que dans le processus d’évolution de la protection de nos forêts, c’est un troisième acteur qui est apparu », a-t-il expliqué en ajoutant qu’il s’agissait là d’un rôle de portage politique car les élus n’ont pas à se substituer aux structures chargées de la gestion de l’environnement mais ils doivent veiller à sa protection. Mais de 1999 à ce jour, rien de grand n’a changé dans la protection des forêts. «  Les résultats ne sont pas à la hauteur de l’attente du législateur dans l’implication des élus locaux face à la dégradation de nos forêts », se désole t-il.

Quelles alternatives pour la restauration des forêts ?

Il y a encore de l’espoir. Les efforts doivent se poursuivre au niveau de tous les acteurs. « Chacun doit pouvoir changer de comportement, doit pouvoir regarder les choses dans la bonne direction, dans le sens de la protection de nos ressources naturelles », va conseiller le Chef de l’Inspection Forestière du Borgou Théophile Sinandounwirou. Il propose que les maires puissent prendre des mesures règlementaires qui découlent des textes des normes nationales en vigueur, prendre des arrêtés et des dispositions à vulgariser. Selon lui, les populations doivent également dénoncer les mauvaises pratiques qui ont cours au niveau des forêts. « Il faut soutenir les éléments socioculturels qui contribuent à la conservation des forêts et de l’environnement au niveau local…Nous invitons les communes à créer des zones villageoises de chasse ou alors des forêts communales. », a-t-il souhaité pour finir.
Il faut noter qu’il existe au Bénin des forêts classées, des parcs nationaux, des forêts sacrées, des forêts communautaires et des forêts privées et chaque maillon de la chaîne de gestion des forêts doit s’activer et jouer comme il se doit son rôle afin d’éviter l’hécatombe.

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