Le rapport annuel sur la démocratie de l’Institut V-Dem, publié en mars 2024, n’a pas été clément envers la gouvernance du Président Patrice Talon pour l’année écoulée. Intitulé « Rapport sur la démocratie 2024 : la démocratie gagne et perd aux urnes », ce document dresse un tableau sombre d’un Bénin, autrefois salué pour son modèle démocratique, qui a basculé, depuis 2016, dans un « processus d’autocratisation ». De simples phrases mais qui mettent en lumière les actions anti-démocratique du pouvoir de la rupture.
Dès les premières lignes de la section dédiée au Bénin, il est affirmé que « Le Bénin est l’un des deux pays où l’effondrement de la démocratie a été suivi de quelques améliorations qui ne suffisent toutefois pas à rétablir une démocratie électorale ». Selon le rapport consulté par Matin Libre, cette régression a pris forme sous la présidence de Patrice Talon, élu en 2016 lors de scrutins largement considérés comme libres et équitables.
En l’espace de moins de cinq ans, le gouvernement aurait «érodé l’indépendance de la justice, sapé la concurrence politique, harcelé les opposants politiques et les journalistes critiques, et organisé des élections entachées de graves irrégularités ». Le rapport précise qu’en 2019, seuls les partis favorables au Président Talon ont été autorisés à participer aux élections législatives. En 2021, lors de la présidentielle, tous les principaux opposants ont été écartés, soit par des arrestations, soit contraints à l’exil, facilitant ainsi la réélection de Talon pour un second mandat.
En termes d’améliorations, que le rapport qualifie d’insuffisantes pour restaurer une véritable démocratie électorale, il souligne les élections législatives de 2023, qui ont vu la participation du parti d’opposition Les Démocrates. Contrairement à la période 2019-2023 où l’Assemblée nationale était dominée par des partis pro-Talon, l’opposition a remporté 24% des sièges. « Bien qu’il soit toujours dans un processus de revirement, le Bénin reste une autocratie électorale et son score Ldi (Indice de Démocratie Libérale) 2023 est sensiblement inférieur à celui d’avant le début de l’autocratisation », observe le rapport.
Les réactions internes au rapport varient, certains membres du gouvernement qualifiant ces critiques de simples récriminations d’une opposition affaiblie. D’autres estiment même que le développement économique et la démocratie ne vont pas de pair, se félicitant que le gouvernement actuel ait choisi de prioriser le développement. Mais, venant cette fois d’observateurs extérieurs, ces constats pourraient-ils peser davantage dans le débat sur l’état de la démocratie au Bénin ? La question reste posée.
La Rédaction
