L'arrondissement de Sokotindji dans la commune de Ségbana a vibré au rythme de la culture Boo du 29 au 31 août 2025. C'était à l'occasion de la fête de la nouvelle igname appelée "Apáa" en langue Boo. Cette 3e édition soutenue par le Groupe de Recherche en Action Citoyenne, Culturelle et Écologique (Grâce) Ong, a été une occasion par excellence de communion et de fraternité entre frères, parents, tout en rendant grâce pour la sortie de la nouvelle igname. L'événement a mobilisé les populations et des personnalités venues de plusieurs localités pour assister aux différentes activités.
Freud ADJAKOU (Stg)
Une autre page de l'histoire se tourne dans l'arrondissement de Sokotindji. La 3ème édition de la fête de la nouvelle igname qui a été une réussite renforce ainsi les liens communautaires célébrant la diversité de la richesse culturelle de la région. Au cours des manifestations, les populations ont eu droit à la célébration de Màsadaa, au tir à l'arc, à la compétition de lutte traditionnelle, à un match amical et à des animations culturelles.
Les hostilités ont démarré avec le Màsadaa, une pratique ancestrale des femmes Boo, qui consiste à collecter des noix de karité. Ainsi, des femmes ont construit des structures traditionnelles sous la forme conique avec des tiges d’une plante appelé "Koo" en Boo, puis l'ont porté à travers le village, accompagnées de chants. Les noix de karité ont été ensuite offertes au roi et sa femme. Le Màsadaa révèle est une pratique qui définit l'identité de la femme Boo.
Le "Gbↄ gbãa" en Boo ou compétition de tir à l’arc a mis en compétition plusieurs anciens tireurs d'arc. La lutte traditionnelle n'est pas restée des moindres, car elle a laissé voir plusieurs compétiteurs venus d'un peu partout de la sous-région, se défier. Le "Apáa" (fête de la nouvelle igname) en milieu Boo a été célébré dignement. Pour cette édition, elle a été une occasion de gratitude, de réjouissance, de partage et a reflété la richesse culturelle de cette communauté.
Après les différentes manifestations, le Pca de Grâce Ong, Dr Oumarou Banni Guéné s'est prononcé sur le cérémoniel "Apáa" en tant qu'initiateur de l'événement. Pour lui, «le Apáa décrit la façon dont l'igname est coupée de façon longitudinale, et ensuite de façon transversale. La cérémonie de la fente de l'igname se fait avec un culte et ayant un sens. C'est une certaine croyance, la façon dont le couteau est appuyé sur l'igname, et fendu. C'est pourquoi, on l'appelle Apáa», a-t-il expliqué. À l'en croire, cette pratique lie les populations à la terre, à l'igname. C'est une pratique ancestrale, mais dont les dimensions sont incommensurables. Cela touche à tous les domaines de la vie, de la communauté. Selon le Pca de Grâce Ong, le Dr Oumarou Banni Guéné, cette édition a une particularité. «La particularité, c'est que celui qui est là au trône a eu 25 ans. Nous voulions profiter de ces 25 ans pour recueillir votre bénédiction, Majesté, et que l'ensemble de la population, vous, en tant qu'à la fois autorité politique, autorité tellurique à cause de l'aide liée avec la terre, pour que nous, on puisse avoir la bénédiction», a-t-il fait savoir. Plus loin, il a, réaffirmé l'engagement de Grâce Ong pour pérenniser cette pratique. «Ce que nous envisageons, c'est des ambitions futures. Mais pour le moment, c'est de faire en sorte que la série de pratiques, par exemple le Màsadaa, soit perpétuelle, que ça continue. Que ça devienne une activité même qui va être considérée comme une source de tourisme culturel», a-t-il martelé.
Dans son intervention, le De de l'Apida Zoulkaneiri Bâ-parapé Adamou, s'est dit être heureux d'avoir participé à cet événement d'envergure. Tout en remerciant les initiateurs de cet événement, il a rappelé le rôle que joue l'Apida dans la promotion des valeurs culturelles, artistiques et sportives. «L’Apida dans ses interventions, travaille aussi pour promouvoir ces genres de valeurs. Je veux parler des valeurs culturelles, des valeurs artistiques, les valeurs sportives», a-t-il rassuré. À l'en croire, «l’Apida mène déjà des activités à travers les foires que nous organisons au niveau de nos associations, lors des congrès, donc nous essaierons de mettre davantage de lumière sur ces valeurs-là, lors de nos foires». Zoulkaneiri Bâ-parapé Adamou a, par ailleurs, profité de l'occasion pour informer que la commune de Ségbana est appelée à abriter très prochainement le congrès et la foire de l'Apida.
Wahabou Mossi, un participant de l'événement s'est dit satisfait de l'organisation de la fête. «J'ai apprécié cette fête du point de vue d'abord de l'organisation, non seulement ça, les différents jeux qui s'organisent autour de cette fête, à savoir la lutte et ainsi de suite», a-t-il reconnu. Il a, par la suite, invité les jeunes à s'attacher davantage à leur culture. «Nous exhortons cette génération à mieux s'imprégner par de ses cultures, parce que nous constatons avec amertume que ces valeurs disparaissent aujourd'hui, à savoir le lancer, le tir à l'arc, la lutte traditionnelle. Ces pratiques sont en train de disparaître au profit de la modernisation et de la globalisation», a convié Wahabou Mossi.
Il faut rappeler que cette fête a été, une occasion pour les habitants de renouer avec les liens de la tradition dans un cadre festif et convivial. Le rendez-vous est déjà pris pour l'édition prochaine.