TRANSHUMANCE POLITIQUE AU BÉNIN : Face à des hommes politiques sans idéologie, nécessité de corser la loi

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Le Chef de l’État Patrice Talon après sa prise de fonctions en 2016 a clairement exprimé sa volonté de réformer le domaine de la politique au Bénin, d’où la réforme du système partisan. Parmi les arguments avancés pour justifier cette réforme, l’homme d’État a soulevé le problème de la transhumance politique où certains partisans manquent de conviction et d’idéologie politiques. Ces derniers sont prêts, pour un rien du tout, à tourner dos à leur parti d’origine pour un autre ou à aller créer un autre parti. Ainsi, après l’adoption du nouveau code électoral, le nombre de partis politiques a drastiquement diminué donnant naissance à de gros partis plus représentatifs. Malheureusement, le fait que cette réforme n’entrave pas le multipartisme intégral adopté au lendemain de la conférence des forces vives de la nation de février 1990, laisse entrevoir un désordre à travers des démissions et ralliements fantaisistes. Face à cette situation, il est nécessaire de corser la loi pour rendre impossible la transhumance politique ou la réglementer.

Aucune mesure d’interdiction de création de parti politique n’est instituée nulle part, que ça soit dans la constitution ou dans le code électoral. De plus, l’article 11 du nouveau code électoral en son alinéa 1er stipule que, « tout citoyen, jouissant de ses droits civils et politiques, est libre d’être membre fondateur ou adhérer au parti politique de son choix. Il est tout aussi libre d’en démissionner». L’objectif pour le Chef de l’État Patrice Talon qui avait à cœur la promotion de l’unité nationale, face à cette réforme, était surtout de faire de sorte que les partis politiques soient plus représentatifs au plan national. Au nom du financement public, des partis politiques poussent comme des champignons. Il fallait arrêter la saignée. Ce qui fut fait avec la formation de grands blocs politiques plus représentatifs.

Mais tout ceci, au regard des démissions et création fantaisistes d’autres partis supposés représentatifs, laisse des inquiétudes par rapport à la conviction et l’idéologie des partis politiques d’une part et des partisans d’autre part. Un parti politique dont la conviction et l’idéologie ne sont pas clairement exprimées ne peut être stable. Pour un petit malentendu, soit le parti prend des décisions hâtives, soit c’est le partisan qui décide de claquer la porte. Cette attitude est devenue monnaie courante et l’on se demande si le système politique béninois ne retourne pas à la case de départ?

S’il faut toujours se figer sur ce qui se fait à l’hexagone par rapport au multipartisme intégral, le problème de transhumance politique demeurera. Il faut que les partis et partisans soient fidèles à leur conviction et idéologie politiques en cessant d’être des caméléons. Mieux, le code électoral doit être revu à ce niveau pour éviter ces comportements qui n’honorent guère la vie politique béninoise, autrement, la réforme n’aura visé que la représentativité nationale et le financement.

Wahabou ISSIFOU

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