UNIVERS DES FEMMES BATTUES AU FOYER : Les éternelles victimes de la faiblesse des hommes inconscients

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UNIVERS DES FEMMES BATTUES AU FOYER

Les éternelles victimes de la faiblesse des hommes inconscients

Le foyer se repose généralement sur le consentement de deux personnes qui au début se promettent mutuellement respect et considération. Mais une fois ensemble, dans bien des cas, le principe du respect et de la considération réciproque déserte vite le forum, changeant du coup le foyer en un ring ou un tatami devant les enfants qui deviennent des spectateurs impuissants. Malgré les sensibilisations par ci et par là, le phénomène de violence physique faite aux femmes mariées, continue de plus belle dans la société béninoise. Les causes et les conséquences de ce phénomène sont parfois plus profondes que ce que l’on voit et pense.

Edouard ADODE

La femme est faite pour être aimée et chouchoutée, dit-on. Mais très souvent, cet adage n’est vérifié que pendant l’amitié et les fiançailles. Une fois dans le foyer, certaines femmes sont traitées comme des esclaves par celui là même qui leur avait promis amour, respect et fidélité. Ainsi, la femme subie de manière répétée des violences physiques laissant des séquelles indélébiles sur nombre d’entre elles. Elle est désormais livrée à la faim et essuie au quotidien les injures de la part du mari pour un rien du tout. Ces femmes sont souvent des analphabètes, mais parfois celles qui se disent lettrées se retrouvent dans des situations pareilles. Pire, les hommes auteurs de ces actes ignobles, sont souvent des soi-disant intellectuels voire des hommes de droit. Comme le témoigne Bernadette G. «  mon ex mari était un cadre de l’administration, mais presque toutes les nuits, il y avait de la bagarre entre nous deux pour des choses très banales ».

Les causes de ce fléau

Plusieurs raisons sous tendent ce phénomène lié à la société béninoise. Généralement, beaucoup d’hommes considèrent la femme comme l’être inférieur et pensent que seule la violence peut la ramener à la raison. Ainsi, pour démontrer sa force d’homme, ces hommes déversent toutes leurs énergies physiques sur la femme. Cependant, certains pensent que cette anomalie peut être liée à l’éducation reçue par l’homme. Pour le sociologue Tchansi Yantébossi, « nous avons hérité cette situation d’une culture qui permettait à ce que chaque personne soit catégorisée, la femme au foyer, la fille à côté de sa mère et la garçon au champ ». Donc le phénomène trouve également sa source dans la culture et l’éducation. La plupart de ces hommes ont été habitués à voir leur mère être battue par leur père. Du coup, pour ceux-ci c’est normal de porter la main sur la femme, l’habitude étant une seconde nature. Ainsi, même lettrés, ceux-ci se comportent comme des bêtes féroces face à leur épouse pour démontrer leur masculinité. La violence physique faite aux femmes au foyer est également la conséquence d’une vie sous contrôle de l’alcool et du tabac. «  Ça fait plus de huit ans que je vis cette situation, quand il trouve un peu d’argent, c’est pour aller boire avec les amis oubliant nos problèmes. Du retour à la maison, c’est les cris, les insultes et les gifles », confie tristement Madeleine H. vendeuse au marché Arzèkè.

La mauvaise interprétation de certains textes religieux par certains hommes, est également une source de cette déviance notée dans la société.

Les conséquences de ce fléau

La violence faite aux femmes au foyer est le premier poison qui détruit les mariages. « Finalement, on était obligé de se séparer. Ce que je n’ai jamais souhaité dans ma vie. Mais si je continuais à vivre avec lui, peut-être que je ne serais plus devant vous aujourd’hui », a expliqué dame Bernadette. Par conséquent, l’éducation des enfants reçoit directement le coup, faisant d’eux à l’avenir des divorcés sociaux.

Au cas où, la femme tient à ses enfants, et refuse toute idée de divorce, elle est donc condamnée à vivre l’enfer dans le mariage. Dans bon nombre de ces cas, les femmes malgré cette maltraitance, continuent de témoigner leur amour à leur mari, en le préservant de tout ennui judiciaire ou pénal. C’est le cas de Madeleine qui à plusieurs reprises s’est opposée à ses frères qui voulaient convoquer son mari devant les tribunaux pour les multiples sévices corporels qu’elle ne cesse de subir de la part de ce dernier. « Il y a déjà l’amour dedans. Comment je vais faire ? Si on l’emprisonnait, qui va s’occuper des enfants avec moi ? Je sais qu’un jour Dieu va le changer », préconise-t-elle.

Néanmoins, plusieurs de ces femmes s’en sortent avec des séquelles physiques qu’elles trainent toute leur vie.

Que faire pour éviter la violence physique sur la femme ?

Plusieurs astuces existent pouvant aider l’homme à se maîtriser. Pour l’islamologue Mohamed Awali, imam de la mosquée centrale de Yarakinnin à Parakou, « l’Islam est contre la violence faite aux femmes, sauf dans les cas délicats. Plusieurs manières sont indiquées dans le coran pour faire entendre raison à sa femme pour éviter la violence ». Il indique que « lorsque la femme désobéit à son époux, ce dernier doit en premier lieu, l’exhorter à se soumettre pour qu’il y ait entente entre eux. Au cas où, elle n’obtempérait pas, l’homme doit s’écarter d’elle au lit pour un certain temps qu’il juge convenable et cesse de lui parler durant trois jours pas plus ». Prudence Aimé Djido, conseiller des foyers, quant à lui préconise la communication dans le couple, « la communication doit être la base de recherche de solution. Le couple dans lequel on ne communique pas, on peut croire que l’autre est la source de ses problèmes. La communication est donc le fait de se mettre à la place de l’autre… ».

Cependant les hommes qui se livrent à de pareils actes s’exposent à la loi. Comme l’explique ici Blanche Sonon, présidente de Social Watch, défenseuse des droits de la femme, « la première action que nous menons, c’est la prévention, parce que sous d’autres cieux dans les pays où le droit est respecté et l’Etat assure correctement ses droits, en étant citoyen et citoyenne, nul n’est censé ignorer la loi ». Au vue da la situation au Bénin, elle s’en désole, « mais dans notre pays, ce n’est pas le cas. Il revient en principe à l’Etat d’assurer la publication des textes de loi qu’il prend et même en langue nationale ».

Cette situation interpelle la conscience des uns et des autres pour que la femme puisse vivre heureuse dans le mariage. C’est pour cette raison que Blanche Sonon conseille, « ce que je dirai à ces hommes qu’ils soient lettrés ou pas, analphabètes ou pas, qu’ils sachent que la femme est un complément, donc une partenaire de son mari. Donc un être humain ayant des droits et des devoirs ».

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