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Vagues de démissions chez les démocrates: la flamme s'éteint dans les mains de Yayi

Vagues de démissions chez les démocrates: la flamme s'éteint dans les mains de Yayi

Le parti d'opposition Les Démocrates (Ld) traverse une véritable crise sans précédent. Elle a commencé depuis la désignation de son duo de candidats Agbodjo-Lodjou à l’élection présidentielle de 2026. Après l'étude des dossiers, leur candidature a été rejetée pour défaut du nombre de parrainages. Quelques heures après, des déclarations non coordonnées s'enchaînent dans le rang des responsables du parti Ld. Il s'agit du candidat recalé Renaud Agbodjo, de l'honorable Guy Mitokpè, d'un groupe de députés Ld, du colistier Jules Lodjou et du président du parti Boni Yayi. Cette série de déclarations indépendantes prouve à suffisance la profondeur de la crise que le président Yayi n'a pas pu gérer ni maîtriser. Et ce n'est pas tout.

La crise s'est déportée à l’Assemblée Nationale (An) où six députés du parti Ld ont quitté leur groupe parlementaire. L'annonce a été faite à l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’An le 31 octobre 2025. Il s'agit des élus Michel François Sodjinou, qui s’est abstenu de parrainer le duo de candidats Agbodjo-Lodjou à l’élection présidentielle, avec pour conséquence l’invalidation de leur candidature. Les cinq autres députés démissionnaires sont Constant Nahum, Denise Hounmènou, Chantale Adjovi, Leansou Do Rego et Joel Godonou. Les démissionnaires ont justifié leur acte par une crise de confiance et une mauvaise gestion du parti Ld.


Un boulevard ouvert pour une révision constitutionnelle


À l'ouverture de la session budgétaire à l'Assemblée Nationale (An), une proposition de loi a été déposée pour la révision de la Constitution du 11 décembre 1990 afin d'instituer un Sénat, nouvelle chambre censée consolider la stabilité politique et renforcer la gouvernance démocratique au Bénin. En effet, en mars 2024, le député Assan Séibou du parti Bloc Républicain (Br) avait déposé une proposition portant révision de la constitution. Cette proposition avait échoué à la première étape, notamment sa prise en considération par le parlement. 71 députés avaient voté pour, 35 contre et 2 abstentions. En conclusion, le oui des 4/5 des députés n'a pas été obtenu. Et pour cause, il fallait que 82 députés votent oui pour que la proposition soit prise en compte. Or, les deux partis Up le Renouveau (53 députés) et le Br (28 députés) n'ont que 81 élus parlementaires. Mais en son temps, le député Assan Séibou ne s'est pas découragé. Il vient cette fois-ci avec un nouveau projet de révision de la constitution. Après la démission de six députés du parti Ld, le boulevard est désormais ouvert pour une révision constitutionnelle.


Vers la création du Sénat


Selon le texte de loi déposé à l'Assemblée Nationale, malgré les acquis observés, des « dysfonctionnements institutionnels et systémiques » persistent, notamment dans la dynamique politique marquée par les clivages partisans. Pour y remédier, il est prévu la mise en place d’un organe consultatif et modérateur capable de rapprocher les courants politiques opposés et d’encourager un débat constructif au service du développement national. D'où la création du Sénat. Le futur Sénat, selon la proposition de loi, aura pour rôle de « garantir la stabilité politique, la continuité de l’État et la paix de la Nation ». Il sera chargé de promouvoir les « mœurs politiques conformes à la sauvegarde des intérêts supérieurs de la Nation, de l’unité et de la cohésion nationale ». Sur le plan législatif, il interviendra en amont dans l’examen des projets ou propositions de loi à caractère politique et pourra demander une seconde lecture de textes votés par l’Assemblée nationale. Le Sénat siègera à Cotonou et disposera de sa propre administration et d’un règlement intérieur. Ainsi, la chambre haute sera composée principalement des anciens présidents de la République, de l’Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, ainsi que des anciens chefs d’État-major des forces en charge de la défense et de la sécurité. À ces membres de droit, s’ajouteront des personnalités désignées par le président de la République et le président de l’Assemblée nationale, dans la limite du cinquième du nombre total des membres de droit. L’âge maximal pour siéger est fixé à 90 ans, avec une dérogation possible jusqu’à 95 ans pour la première installation.

Cette série d'événements montre que la flamme s'éteint progressivement dans les mains de Yayi. Il est nécessaire de revoir la stratégie de gestion de son parti.

Wilfried AGNINNIN

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