A/S DE LA CONSOMMATION DE L’ALCOOL FRELATÉ A OUASSA-PEHUNCO : «C’est la boisson tous les jours, on ne fait qu’enterrer des jeunes», déplore le maire Orou Maré les larmes aux yeux

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Consommation de l’alcool frelatée. Voici un phénomène qui sévit gravement dans la commune de Ouassa-Péhunco, département de l’Atacora. Les conséquences de ce fléau ne sont plus à démontrer surtout dans le rang des jeunes. Dans une interview accordée à Barnabas Orou Kouman et son équipe dans le cadre de la quatrième édition de Bénin Daabaaru Tour, le maire Koto Orou Maré a abordé le sujet dans tous ses aspects avec désolation. «C’est la boisson tous les jours, on ne fait qu’enterrer des jeunes», déplore-t-il les larmes aux yeux en soulignant les actions menées a cet effet par les autorités communales. Lisez dans cette interview exclusive ses révélations sur ce phénomène.
Ulrich DADO TOSSOU

Daabaaru : Ça fait bien que vous parliez des stupéfiants que les jeunes prennent et qui provoquent les petits banditismes, les bagarres et autres. Tout récemment dans votre commune, il y a eu une saisie de plusieurs litres d’alcool frelaté. Dites-nous quelle est son ampleur aujourd’hui dans la commune de Péhunco ?

Le maire Koto Orou Maré: Merci monsieur le journaliste. Il n’y a pas ce hameau de la commune de Péhunco où vous allez mettre pied que vous ne verrez pas des débits de boisson, rien que de la boisson frelatée. Quand vous voyez les emballages, quand vous voyez comment les gens vendent cela vous vous dites que ça, c’est de qualité douteuse même. Si nous n’avons pas la certitude, je crois qu’il n’y a pas de doute par rapport à ça.

Qu’en-est-il des effets sur les consommateurs ?

Aujourd’hui, dans toute la commune de Péhunco, ça crée énormément de dégâts. Aujourd’hui, les bras valides, vous voyez des jeunes qui se livrent à la consommation de ces produits-là, mais qui ne tiennent plus. Quand il y a accident, vous allez, avant même de prendre les victimes, c’est que vous sentez que c’est sous l’effet de l’alcool. Des cas de maladie, vous allez voir des jeunes dépéris. Vous les voyez physiquement, mais ils ne tiennent plus. C’est la boisson tous les jours, on ne fait qu’enterrer des jeunes rien que par la consommation. Mais monsieur le journaliste, vous allez trouver vraiment une liqueur où on vend le verre à 25 francs, 50 franc, non, quand même disons la vérité. Le « Sodabi » dont on parle c’est censé être extrait de certains produits comme le maïs, le sorgho, le palmier à huile et bien d’autre. Il y a une méthode pour pouvoir quand même préparer ces boissons. Aujourd’hui, nos parents sont devenus dépendants de ce phénomène. Leur mode opératoire quand ils vont dans une localité, ils essaient de voir quelle est la personne influente dans cette localité là. Et ils se font amis avec l’intéressé. Ils font tout pour avoir la main mise sur cette dernière. Si c’est le délégué, si c’est un jeune en tout cas, ils font tout pour avoir ces gens là avec eux.
Et c’est eux maintenant qui attirent les clients vers eux. Les gens ont peur de dénoncer de même l’affronter, parce que les communiqués, les arrêtés on en a pris au niveau du conseil communal, mais quand vous demandez à nos parents, il faut interdire. Des fois quand vous allez en studio, on dit que c’est telle personne qui est là. Je ne peux pas, si je parle après on va dire que c’est moi. Donc, c’est ça même qui nous rend la tâche difficile pour pouvoir lutter contre ce phénomène. Sinon aujourd’hui, ça décime la population de Péhunco.
Tout récemment le commissariat de Gnémasson a fait une prouesse qui a arraisonné vraiment une grande quantité et c’est tout un réseau. Il a arrêté ici un véhicule bien chargé, le gars était allé livrer à Kérou, il revenait donc. C’est une partie que la police a pu intercepter. Dans les investigations du commissariat, ils ont suivi cette trace à Firou. Ils sont allés tomber sur une partie de la quantité qu’il avait élevée. 16 bidons de 25 litres et 5 tonneaux de 100 litres, vous imaginez pour Kérou seul. Vous imaginez si on mettait tout ça sur le marché ce que ça va donner. C’est à Bougou dans un village de Djougou qu’il a été pris. Cela veut dire qu’il est dans tout le département. Il y a une partie du matériel qui est saisie. Mais à notre grande surprise, quand il a été présenté au procureur, il est allé avec un papier soit disant que c’est dans une usine il s’approvisionne et il a présenté une facture. A défaut d’avoir des éléments de ce côté, le procureur a été obligé de le relâcher d’abord en attendant des enquêtes. Donc, les enquêtes sont en cours.
Nous au niveau de la mairie avec le commissariat, en tout cas toutes les structures compétentes ont été mises à contribution pour que nous puissions voir quand même la qualité de cette boisson-là. Mais ça, je vous jure monsieur le journaliste on va dire que nous n’avons pas des preuves, mais je dis même si cette boisson-là était de bonne qualité à l’achat, les emballages utilisés pour le transport, les moyens utilisés, les conditions dans lesquelles c’est transporté je dis à l’étape là ce produit n’est plus de bonne qualité. Je peux donner ma tête à couper, l’emballage seul suffit pour disqualifier ce produit là aujourd’hui. (…).

Qu’est-ce qu’il faut faire ?

Au niveau de nos communes ; je dirais que vraiment les mairies sont impuissantes pour pouvoir vraiment faire face à ce phénomène-là, sauf s’il y a certaines dispositions qu’on ne maîtrise pas et forcément peut-être, je vais profiter pour demander qu’on mette quand même tous les moyens légaux pouvant nous permettre de lutter contre ce phénomène. A défaut, demander au législateur de légiférer sur ces produits là avec vraiment des conditions, certaines rigueurs qui permettent quand même de décourager ou de pouvoir saisir ces produits. Les autorités au plus haut niveau doivent nous aider à combattre ce phénomène-là. Comme cela a été fait pour les médicaments de rues.
C’est tout le département de l’Atacora, parce que lors des Cdcc on en parle. Même notre dernier Cdcc on en a fait cas mais, ça n’a jamais été résolu c’est compliqué. On est déçu, ça décime la population. Les autorités sont là aujourd’hui sans bras valides avec ça là on va où ? C’est le développement ça ? Cela compromet le développement de nos localités honnêtement je vous jure.

Votre mot de la fin

Je crois que une fois encore, je vais saluer l’organe de presse Daabaaru pour cette initiative. Je crois vous êtes à votre 4e édition, je dirais que c’est le seul organe de presse au Bénin qui nous donne l’occasion de nous exprimer au moins une fois par an et de permettre à tout le monde entier de pouvoir comprendre ce que nous vivons à la base. Donc, je voudrais vraiment vous dire merci et lancer un appel à l’endroit de nos populations par rapport à ces fléaux qui sont en train de nous décimer. La sensibilisation c’est vrai, mais nous leur demandons aussi, comme on le dit là que chacun veille à sa propre sécurité parce que tout le temps nous on va pour la sensibilisation. Ça prend sa dandine mais nous demandons à la population d’être vigilante, de nous aider à pouvoir lutter contre ce fléau-là parce que c’est ça qui fait aujourd’hui notre préoccupation dans la commune de Péhunco, et dans le département de l’Atacora et de la Donga en général. Je voudrais lancer un appel à toutes nos populations pour qu’ensemble nous puissions nous unir pour lutter contre ce fléau et appeler tous nos parents à un bon comportement pour que vraiment la cohésion puisse être observée, une bonne cohésion, pour qu’au niveau de nos sociétés qu’on sente qu’il y a de l’ambiance, il y a une bonne cohabitation afin de pouvoir implémenter le développement à la base qui pourra se faire ressentir sur le plan national. Une fois encore merci à vous et bon chemin. Je vous souhaite plein succès et qu’on se retrouve à la 5e édition.

Transcription Ulrich DADO TOSSOU

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