BÉNIN/ACCUSANT LES POULETS D’ÊTRE À LA BASE DE LA CHERTÉ DU PRIX DU MAÏS : Richard Boni Ouorou donne des cours d’économie à Djogbénou

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Les poulets du Bénin entier peuvent avoir le cœur tranquille à présent. Lors de la tournée gouvernementale de reddition de comptes, Joseph Djogbénou a tenu des propos interprétés vaille que vaille dans la presse et sur la toile. S’il est répandu que l’élevage des poulets au Bénin est une cause de la cherté du maïs, le Politologue Richard Boni Ouorou pense encore mieux. C’est pourquoi via sa page Facebook le samedi 8 juin 2024, il a proposé son analyse de la cherté des denrées alimentaires, à Joseph Djogbénou. L’intégralité de son intervention ci-dessous.

La Rédaction

« Cher Djogbenou,
Je comprends tes préoccupations concernant l’inflation et ses causes. Permets-moi de clarifier et d’approfondir cette analyse avec des perspectives économiques et écologiques plus poussées, afin de t’aider à comprendre les dynamiques complexes à l’œuvre.
Tout d’abord, il est crucial de reconnaître que l’augmentation des prix du maïs et d’autres denrées alimentaires ne peut être attribuée à un seul facteur comme l’élevage de poulet. En réalité, cela découle d’un ensemble de facteurs interconnectés, tant au niveau national qu’international. Cette complexité se reflète dans le concept économique de l’effet d’entraînement, où les fluctuations des prix sur le marché global influencent les prix locaux, surtout dans un contexte de forte dépendance aux importations.
Par exemple, la hausse des prix des matières premières sur le marché mondial entraîne une augmentation des coûts de production pour les agriculteurs locaux. Cela se traduit par une augmentation des prix des produits alimentaires, y compris le maïs. Ce phénomène est amplifié par la mondialisation, qui, bien que bénéfique pour certains aspects tels que l’accès à une diversité de produits, expose également les économies locales aux chocs globaux.

En approfondissant l’analyse, on peut se tourner vers les théories écologiques, telles que les travaux sur l’empreinte écologique et les limites planétaires. La production intensive de maïs pour l’alimentation animale, notamment pour l’élevage de poulet, exerce une pression énorme sur les écosystèmes. Cette production repose souvent sur des pratiques agricoles intensives qui dégradent les sols, épuisent les ressources en eau et augmentent les émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, l’utilisation massive de pesticides et d’engrais chimiques dans les monocultures de maïs contribue à la perte de biodiversité et à la dégradation des terres arables.

Les théories de l’économie écologique, comme celle de Herman Daly sur la « steady-state economy » (économie en état stationnaire), suggèrent que nous devons repenser nos modèles de production et de consommation pour respecter les limites écologiques de notre planète. Cela signifie encourager des pratiques agricoles durables, promouvoir la production locale et réduire notre dépendance aux importations.

En outre, la promotion de la production locale est essentielle pour renforcer la résilience économique. Lorsque les politiques favorisent les exportations au détriment de la consommation locale, cela fragilise notre économie face aux fluctuations mondiales. Un exemple concret est le mouvement agroécologique qui promeut des systèmes alimentaires locaux, diversifiés et résilients. Des initiatives comme celles menées par des coopératives agricoles locales peuvent réduire la dépendance aux importations, stabiliser les prix et améliorer la sécurité alimentaire.
Enfin, il est important de souligner que les politiques économiques doivent être cohérentes et bien informées pour éviter des conséquences néfastes. Les décisions prises par les dirigeants, comme les déguerpissements sans plan de relocalisation ou l’augmentation des taxes sans mesures compensatoires, peuvent exacerber les pressions inflationnistes et aggraver la situation des populations vulnérables.

En conclusion, pour faire face à l’inflation et aux défis économiques actuels, il est impératif d’adopter une approche holistique qui intègre des considérations économiques, écologiques et sociales. Cela nécessite une planification stratégique, une promotion de la production locale durable et une réduction de la dépendance aux fluctuations des marchés internationaux. En agissant ainsi, nous pouvons construire une économie plus résiliente et équitable pour tous.
Cher Joseph, les populations t’en veulent déjà pour avoir trafiquée leurs lois et maintenant tu montres une relative impréparation en matière de développement économique et de lutte contre l’inflation.

Mais il n’est jamais trop tard pour apprendre.

Prends soin de toi,
Richard Boni Ouorou
Politologue»

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