La compétition de l’utilisation de l’espace marin entre les navires étrangers de pêche industrielle et les navires locaux de pêche artisanale au Bénin génère des difficultés. L’on assiste ainsi au phénomène de la pêche illicite, Non déclarée et Non réglementée (Inn), qui se manifeste de plusieurs manières. Les causes et conséquences de cette pratique ne sont plus à démontrer avec à la clé les pêcheurs locaux, qui sont victimes de la pêche illicite. Dans cet environnement peu reluisant, les acteurs de la pêche maritime notamment les Organisations de la Société Civile (Osc) ont un grand rôle à jouer.
Wilfried AGNINNIN
Le secteur halieutique occupe une place non négligeable dans la vie socio-économique du Bénin et est dominé par la pêche artisanale aussi bien continentale que maritime. Ce sous-secteur est cependant confronté au phénomène de la pêche Illicite, Non déclarée et Non réglementée (Inn), qui se manifeste de plusieurs manières. Elle a d’ailleurs causé environ deux milliards de Fcfa de pertes au gouvernement béninois entre 2017 et 2022, selon les informations du média Africa24tv.
Ainsi, l’on note l’intrusion de navires de pêche industrielle étrangers dans la mer territoriale béninoise que dénoncent les pêcheurs locaux. Selon eux, les navires «Inn», font incursions dans la bande côtière réservée à la pêche artisanale. Tout ceci, amplifie le phénomène de la pêche illégale. Une autre forme de pêche Inn qui a cours dans les eaux béninoises est l’utilisation de matériels et de techniques de pêche prohibés. Ce sont notamment des filets de petites mailles non réglementaires qu’utilisent certains pêcheurs nigérians et béninois.
Rôle des Organisations de la Société Civile
Selon Mikhaïl Padonou, chargé de projet et responsable à la mobilisation des ressources financières à Eco-Benin, leur rôle en ce qui concerne la lutte contre la compétition illégale entre la pêche maritime industrielle et celle artisanale est de faire des plaidoyers, des renforcements de capacités à l’endroit des différentes parties prenantes pour le respect des lois et réglementations nationales et internationales en ce qui concerne la transparence dans la pêche. Pour limiter ce fléau, Eco-Benin développe des initiatives pour promouvoir la pêche durable. «Nos interventions peuvent être structurées autour de 4 axes : plaidoyer, renforcement de capacités, surveillance et suivi écologique. En termes de surveillance, depuis 2019, Eco-Benin, grâce à un mémorandum d’accord dont elle a facilité la signature entre le gouvernement du Bénin et l’organisation internationale Sea Shepherd, organise des patrouilles en mer. Le but de ces patrouilles de surveillance est de traquer la pêche Inn dans la zone économique exclusive du Bénin. Ces patrouilles nous ont permis de déceler les failles dans notre appareil législatif en ce qui concerne la pêche», a fait savoir Mikhaïl Padonou. Il a, par ailleurs, notifié que des plaidoyers ont progressivement abouti à un projet de révision des textes de loi relatifs à la pêche au Bénin. «Nous menons également des plaidoyers et des sensibilisations auprès des pêcheurs artisans pour les amener à adopter des pratiques de pêche durable. L’ensemble de nos actions de plaidoyers nous a amenées à collaborer avec d’autres partenaires de la sous-région telles que Cemlwas ou Swaims pour réaliser une étude sur la transparence du secteur de la pêche au Bénin», ajoute-il.
En ce qui concerne les difficultés, Mikhaïl Padonou, chargé de projet et responsable à la mobilisation des ressources financières à Eco-Benin, a souligné le manque de soutien des autorités gouvernementales en charge de la pêche. «Ce soutien n’est pas forcément financier. Mais un portage des initiatives, un dynamisme dans l’adoption et l’application des propositions que fait la société civile pour plus de transparence dans le secteur de la pêche, seraient déjà un grand pas dans la réduction des difficultés que nous avons», a-t-il appelé.
La pêche contribue à hauteur de 3% au Produit intérieur brut (Pib) au Bénin. Il revient donc aux différents acteurs notamment le gouvernent de renforcer la sécurisation des eaux maritimes.
NB: Attribution :
Bien que le contenu de cet article soit rendu possible grâce au projet «Promouvoir la transparence, la responsabilité et les capacités locales pour faire face aux impacts déstabilisants des navires de pêche hauturière étrangers (NPH) dans le golfe de Guinée et les eaux mauritaniennes», les opinions et connotations exprimées sont entièrement celles de l’auteur et ne reflètent pas la position ou l’alignement de l’agence de financement – le Département d’État américain – ni des partenaires de mise en œuvre du projet, le Centre pour le droit et la sécurité maritimes (CEMLAWS) Afrique et le Centre pour la gestion côtière (CCM) de l’Université de Cape Coast.