Au Bénin, la consommation des fruits et légumes reste encore un défi majeur pour les populations. Pourtant, cette habitude à première vue banal, est très important pour échapper au piège des maladies chroniques ou encore Maladies Non Transmissibles (Mnt) qui font assez de ravages ces dernières années. Les légumes, une arme puissante contre les Mnt souvent ignorée.
Samiratou ZAKARI
Les légumes sont des aliments d’origine végétale qui proviennent de la terre et généralement utilisés dans l’alimentation humaine. Selon le nutritionniste Eric Dossou-Gbété, les légumes peuvent être classés en plusieurs catégories. «Nous avons les légumes feuilles ou on retrouve par exemple l’amarante, le vernonia, la grande morelle. Il y a des légumes racines comme l’oignon, la carotte, la betterave. Dans la catégorie des légumes fruits, on peut citer les aubergines, la tomate. Et comme légumes fleur, on peut citer les feuilles d’hibiscus», a-t-il exposé. Plus loin, le spécialiste indique que les légumes contiennent une panoplie de valeurs nutritives indispensables à l’organisme pour son bon fonctionnement. A l’en croire, «les légumes sont caractérisés par une teneur élevée en sels minéraux, en vitamines et en antioxydant». Par ailleurs, avec leur faible teneur en graisse et en calories, ils fournissent des acides aminés essentiels que l’organisme ne peut pas synthétiser. Face à la prolifération des Maladies Non Transmissibles (Mnt ), la consommation des légumes frais se présente comme un excellent moyen pour se protéger contre ces maladies du siècle.
En effet au Bénin, les Maladies Non Transmissibles (Mnt) telles que le diabète, les cancers, les maladies cardiovasculaires se présentent comme une préoccupation majeure au regard de leur fréquence et des décès qu’elles entrainent. Une enquête nationale de dépistage des facteurs de risque des Mnt menée en 2015, révèle que la prévalence de l’hypertension artérielle est de 25,90%, 12,4% pour le diabète et 25,90% pour les maladies cardiovasculaires. De même, dans son intervention lors du Forum national sur la réglementation des produits alimentaires malsains en octobre 2023, le ministre de la santé Benjamin Hounkpatin a fait savoir que les Mnt constituent l’une des principales causes de décès au Bénin. Et parmi les facteurs favorisant la prévalence de ces maladies figure la mauvaise alimentation qui prend en compte la faible consommation des légumes par les populations.
Les légumes comme arme de protection contre les Mnt
A en croire le nutritionniste Eric Dossou-Gbété, «la consommation des légumes permet de contrôler la prise de poids et de prévenir un certain nombre de maladies non transmissibles comme le diabète. Les légumes ont une teneur faible en énergie donc protègent contre les risques de surpoids. Aussi, les légumes facilitent un bon transit intestinal, une bonne digestion et donc protège contre ces maladies».
Cependant, la consommation des légumes est une pratique faiblement ancrée dans les habitudes des populations béninoises. Pour la cheffe du sous-bureau Nord de l’Agence Nationale de l’Alimentation et de la Nutrition (Anan) Florence Honvo Bello, «la consommation moyenne de légumes au Bénin reste en dessous des 400 grammes recommandés quotidiennement par l’Oms» ». Un état des lieux qu’elle a présenté lors d’un atelier de formation des professionnels des médias du nord Bénin initié en mai 2025 sur la consommation des légumes sains. C’était dans le cadre du projet régional Safeveg, soutenu par l’Université de Wageningen des Pays-Bas en collaboration avec le projet Cascade.
De son côté, l’Organisation Mondiale de la Santé (Oms) recommande la consommation des fruits et légumes pour réduire le risque des Mnt ou maladies chroniques comme l’Avc, certains cancers et le diabète de type 2. «Les fibres, les antioxydants et d’autres composés des légumes contribuent à la santé cardiovasculaire en régulant la tension artérielle et les lipides sanguins. La consommation de légumes notamment ceux qui sont riches en fibres, aide à réguler la glycémie, réduisant ainsi le risque de diabète», renseigne la source.
Le manque d’information
Il aurait suffi à Chérif-Dine Bawa d’avoir la bonne information sur l’importance de la consommation des légumes pour maximiser ses chances d’éviter cette vilaine maladie qui l’empêche aujourd’hui de profiter pleinement de sa retraite. En effet, à 68 ans, ce soudeur à la retraite a été diagnostiqué d’un diabète. Un mal épuisant tant sur le plan financier que psychologique. Et comme Chérif-Dine, nombreuses sont ces personnes qui souffrent en silence d’une Mnt alors qu’elles auraient pu y échapper en adoptant une alimentation saine et équilibrée constituée en grande partie de légumes frais. Et même les quelques personnes informées de l’importance de la consommation des légumes face aux Mnt, ont du mal à comprendre que la simple consommation de légumes peut avoir de grands impacts sur la prévention des Mnt. Pourtant, un geste simple à portée de tous, au regard de la disponibilité des légumes sur les marchés.
Les légumes de plus en plus à portée de main
Les efforts des maraîchers béninois dans la production des légumes sont de plus en plus remarquables. Ceci grâce par exemple au projet Safeveg mis en œuvre à l'échelle régionale dans le but d'augmenter la consommation et la production des légumes sains. Ainsi, grâce au soutien apporté aux producteurs locaux béninois dans le cadre de ce projet, la production des légumes frais connaît une hausse ces dernières années et leur présence sur le marché se fait davantage sentir. Dans son rapport sur les résultats de la campagne agricole 2023-2024 publiée sur son site, l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (Instad) a fait savoir que la production de légumes a pris de l’ampleur ces dernières années. «La production totale maraîchère au cours de la campagne 2023-2024 est estimée à 717 365 tonnes contre 675 188 tonnes la campagne dernière». Ainsi, avec seulement 100fcfa, le béninois moyen a la possibilité de s’offrir des légumes feuilles frais comme l’amarante. «Toutes les légumes feuilles sont à 50f l’unité et nous faisons 3 à 125fcfa. Il arrive même qu’on vende les 3 à 100f pendant la saison pluvieuse», a confié Solange G. une vendeuse de sauce au marché Dantokpa à Cotonou.
Faut-il le rappeler, les Mnt sont des maladies dont les charges financières sont énormes et épuisantes pour les victimes. Pourtant, l’adoption de saines habitudes alimentaires faites en partie de légumes, permettrait de se protéger contre ces maladies qui arrachent au Bénin nombre de ses bras valides. Le renforcement des séances de sensibilisation à l’endroit des populations par les acteurs à divers niveaux s’avère donc indispensable pour corriger le tir.
