CHÔMAGE DES JEUNES DANS LE BORGOU ET LA DONGA : Une passerelle pour l’extrémisme violent

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Les actes d’extrémisme violent deviennent récurrents depuis quelques années au Bénin notamment dans la partie septentrionale. Les jeunes sans emploi pourraient constituer une cible. Une prévention efficace du phénomène, dans les départements du Borgou et de la Donga, dépend de la dynamisation des programmes d’insertion professionnelle des jeunes.

Par Wilfried AGNINNIN & Albérique HOUNDJO

Boukari est un jeune diplômé sans emploi titulaire d’une licence professionnelle en géographie depuis 2 ans. Assis dans sa cabine de transfert d’argent le lundi 12 juin 2023 au bord d’une voie au quartier Albarika, le jeune homme âgé de 27 ans indique avoir postulé à plusieurs reprises à des offres d’emploi sans aucune suite favorable. «Après l’obtention de ma licence, j’ai postulé à plusieurs offres d’emplois et on me demande deux ans d’expériences, cinq ans d’expériences et en essayant d’obtenir des expériences, j’ai toujours essayé mais, ça ne marchait pas. Alors que les parents trouvent que nous sommes assez grands et qu’on peut rester dans nos propres maisons. Donc, j’ai eu l’occasion de m’occuper de ma cabine mobile Money en attendant.», a-t-il confié. Tout comme lui, Raymond Azon, un jeune résidant au quartier Thian à Parakou, est aussi diplômé sans emploi. « Vraiment ce sont les moyens pour aller à l’école qui m’ont poussé à vendre des unités de communication et faire la monnaie électronique pour pouvoir trouver un peu de sous. Pour aller en cours, c’est compliqué. On est beaucoup plus à la maison et j’ai des petits frères qui vont aussi à l’école.», fait-il savoir.

Hamissou est marié et père d’un enfant. Résidant à Djougou dans le département de la Donga, il confie : «Je suis issu d’une famille pauvre. Depuis que j’ai obtenu ma licence professionnelle, il y a de cela 6 ans en géographie, je suis laissé pour compte. Les recrutements effectués n’ont pas pris en compte ma formation. Je veux entreprendre, mais les moyens financiers font défaut.»

Pour Abdel Sidi, ingénieur en développement local, finalement converti en entrepreneur par la force des choses, « Après les études, nous avions tapé à plusieurs portes sans succès. Mais, maintenant nous sommes dans l’auto-emploi. Nous nous débrouillons pour joindre les deux bouts.», se résigne-t-il.

Comme ces jeunes, nombreux autres sont toujours en quête du premier emploi. Cela se constate lors des recrutements lancés par l’Etat béninois. A Parakou par exemple, pour le concours de recrutement militaire spécial, 43 jeunes garçons ont été sélectionnés dans un effectif de plus de 2000 inscrits, le dimanche 11 juin 2023 à l’issue des épreuves sportives.

«C’est par crainte de Dieu, que nous ne nous sommes pas encore laissés aller au banditisme. L’emploi est rarissime après les études.», a martelé Boukari. « L’éducation que j’ai reçue de mes parents ne me permet pas de rentrer dans le rang des malfaiteurs. C’est vrai, on a parfois envie d’essayer mais, on préfère souffrir pour gagner sa vie avec dignité.», laisse entendre de son côté, Raymond Azon.

Attentes des jeunes

Pour résorber cette situation, Hamissou suggère une sensibilisation des jeunes sur l’extrémisme violent. « Les dirigeants doivent donner la chance aux jeunes, et les moyens pour devenir des acteurs du changement dans leur milieu.», poursuit-il. Pour Abdel Sidi, le gouvernement doit adapter les offres de formation aux réalités du terrain et encourager l’entrepreneuriat.

Agent de police à la retraite vivant à Parakou, Jean Konitchoia, continue de prendre en charge ses enfants, après avoir assuré leur scolarisation pendant plusieurs années. «Je continue de prendre en charge mes enfants et petits-enfants avec ma pension de retraite. Malgré la conjoncture, on arrive à subvenir aux besoins de la famille. Mais ce n’est pas facile. Tout cela favorise le vol, la délinquance et la cybercriminalité dans le pays.», se désole-t-il.

Les efforts du gouvernement

Le gouvernement béninois et ses partenaires font des efforts pour l’insertion professionnelle et l’entrepreneuriat des jeunes. C’est à travers la mise en place du Programme Spécial d’Insertion dans l’Emploi (Psie).
Dans le département du Borgou, plusieurs autres programmes et projets sont initiés. Au détour d’une interview le mardi 13 juin 2023, le Chef Antenne de l’Agence Nationale Pour l’Emploi (Anpe), de Parakou Edgard Sambiéni, a précisé également le programme de Formation professionnelle et le Renforcement des Capacités pour l’Emploi (Force), l’approche communale sur le marché agricole dans le Borgou, la Donga et les Collines, le projet d’inclusion des jeunes et bien d’autres. Environ 115 jeunes sont en stage dans 11 entreprises dans le Borgou et 75 déjà recrutés. Outre ces initiatives, l’Université de Parakou (Up) et l’Anpe sont en partenariat pour la formation des jeunes.

A en croire le responsable de l’Anpe dans le Borgou, certaines localités des communes de Tchaourou, Pèrèrè, Nikki, Kalalé et Bembéréké, sont réputées zones à risques en matière d’extrémisme violent. C’est pourquoi, souligne-t-il, plus de 250 jeunes ont été formés à l’entrepreneuriat, le montage de projet, le plan de démarrage d’une activité et la recherche de financement dans ces communes. Ces derniers recevront une subvention de 200 000 francs pour le démarrage de leurs projets. « Aujourd’hui, lorsque les jeunes sont désœuvrés, ils deviennent vulnérables à toutes sortes de vices.», a fait observer Edgard Sambiéni. Il invite les jeunes à s’inscrire sur la plateforme www.sica.anpe.bj et dans les unités locales de promotion de l’emploi afin d’être informés sur les différentes offres ou opportunités.

Selon le porte-parole du gouvernement béninois Willfried Léandre Houngbédji, au cours de la conférence de presse, lundi 8 août 2022 à Parakou, le taux de chômage au Bénin est en dessous de 3%. «Nous avons un taux de sous-emploi très élevé au-delà de 70% et cela se comprend », précise-t-il.

Malgré ces efforts, les gouvernants ont encore du pain sur la planche pour créer un environnement favorable aux jeunes dans ces deux départements. En attendant, les jeunes continuent de se battre pour leur bien-être.

NB: Cet article de journal a été produit dans le cadre du projet SyMPa BD

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